Peu à peu, le rail fait peau neuve
Le fret ferroviaire regagne lentement mais sûrement du terrain, notamment au niveau de ses infrastructures. A travers l
Petit à petit, RFF modernise les lignes ferroviaires du département. C’est le cas notamment entre Arques et Lumbres et entre Desvres et Hesdigneul, où des travaux impressionnants sont en cours de réalisation durant l’été. A Arques, la ligne vers Lumbres transporte plus de 300 000 tonnes de fret avec dix trains et une fréquence hebdomadaire. “Les travaux visent principalement à renouveler tout ou partie du rail, du ballast et des traverses ainsi qu’à remettre en état neuf passages à niveau”, déclare la direction de RFF. Pendant le mois des travaux, les entreprises utilisatrices de cette ligne (dont le cimentier Holcim) et leur prestataire (Fret SNCF) ont mis en place une plate-forme ferroviaire de chargement en gare de Saint- Omer. Sur les 17 km, RFF et l’Etat investissent 4,7 millions d’euros à parts égales. L’objectif est de gagner en performance pour donner au fret ferroviaire plus d’efficacité. “Au terme de deux autres phases de chantier (décembre 2012 et été 2013), une infrastructure pérennisée pour une quinzaine d’années sera proposée aux entreprises, synonyme d’un service performant”, indique encore l’opérateur ferroviaire.
Rénovations de lignes.Plus à l’ouest, RFF procède à d’autres travaux. Dernièrement, ont débuté des travaux (pour une durée d’un mois) de modernisation de la ligne Hesdigneul et Desvres. Empruntée par le groupe sidérurgique Arcelor-Mittal pour les besoins de ses deux sites régionaux (Dunkerque et Desvres), la ligne voit passer 12 trains par semaine, représentant un volume de marchandises d’environ 600 000 tonnes. Les 14 km de la voie vont connaître des changements de tout ou partie du rail, du ballast et des traverses. En sus, deux passages à niveaux seront refaits à neuf. Là encore, une seconde phase viendra parfaire les travaux l’an prochain. L’opération coûtera 2,5 millions à l’Etat et à RFF qui financent à parts égales ce chantier. Grâce à ces réalisations, la pérennité de cette voie est allongée d’une quinzaine d’années. Plus important encore, RFF travaille avec Voies navigables de France au relèvement d’un pont à Arques, sur la ligne Saint- Omer/Hesdigneul. Le pont-rail d’Arques-Fontinettes a pris de la hauteur. Le 26 juillet dernier, une visite de chantier a permis de constater l’étendue et la technicité de l’intervention qui s’inscrit dans le projet de mise à grand gabarit du canal Dunkerque-Escaut-Lille. Ainsi, dans le cadre de l’ancien contrat de plan Etat-Région (2000-2006) et du Contrat de projets (2007-2013), VNF souhaite rendre accessible aux bateaux de classe
V ce canal. “Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de procéder au relevage des différents ouvrages d’art (ponts et passerelles) ne dégageant pas une hauteur libre de 5,25 m par rapport aux plus hautes eaux navigables (PHEN)”, indique VNF. Dans l’ensemble, 40 ouvrages sont concernés tandis que sur le seul domaine ferroviaire, sept ouvrages d’art (appelés ponts-rails) ne présentaient pas cette hauteur libre, dont celui d’Arques-Fontinettes qu’il a fallu relever à 5,25 m de hauteur libre gagnant ainsi 65 cm. Première difficulté, le site est classé : ancien ascenseur à bateaux du canal de Neufossé inutilisé depuis près d’un demi-siècle, le pont-rail des Fontinettes a été conservé à titre historique. Construit entre 1881 et 1887, il permettait à l’époque d’éviter cinq écluses tout en franchissant un dénivelé de plus de 13 m entre le bassin de l’Aa et celui de la Lys. Or, la voie ferrée passait à travers cette installation, sous les bacs…. “Du fait du relevage du pont-rail sur le canal de 65 cm, les installations de l’ascenseur à bateaux se trouvent impactées. En effet, il convient de préserver le gabarit ferroviaire de la ligne au droit des deux bacs. L’ascenseur à bateaux se trouvant en site classé, les travaux ont été réalisés en tenant compte des recommandations formulées par la commission des sites (Architecte des Bâtiments de France)” explique RFF.
Du grand art ! Aussi, la voie ferrée sera relevée d’environ 20 cm au droit du passage à niveau. Le profil de la route subira aussi une reprise de 29 m linéaires répartis de part et d’autre du même passage. Un platelage sera également refait avec la pose d’un revêtement en caoutchouc qui limitera les vibrations. Concernant l’ascenseur à bateaux – périmètre VNF –, il faudra relever la voie ferrée consécutivement au relevage du pont-rail qui ne permet plus de dégager le gabarit ferroviaire nécessaire à la circulation des trains. Ainsi, la superstructure sera modifiée au niveau de la partie fixe de l’ascenseur à bateaux “en relevant les sous-poutres de 60 cm côté aval et de 65 cm côté amont. Les principaux travaux réalisés ont été les suivants : désamiantage des cuves, vérinage des cuves et dépose des appareils d’appui existants, mise en place des nouveaux appareils d’appui, sablage et remise en état des parements extérieurs des culées (côté voie ferrée), réduction de la hauteur des cuves d’environ 60 cm, à partir du haut des caissons mais avec préservation et repose des garde-corps existants suivant les méthodes traditionnelles (rivetage à chaud notamment), reprise de la planéité et de l’étanchéité des fonds des cuves, sablage et remise en peinture des cuves, remplacement des raccords des ex-conduites d’eau forcée et des équipements divers”… Sur le pont-rail, le déroulé est sensiblement le même : sablage et remise en peinture du pontrail, vérinage du pont-rail et dépose des appareils d’appui existants, mise en place des nouveaux appareils d’appui, relevage de la voie ferrée (pose et repose des panneaux de voie, rechargement en ballast), construction d’un mur de soutènement pour tenir la voie, reconstruction partielle du quai du point d’arrêt utilisé par le chemin de fer touristique, et pose d’une clôture limitative et séparative sur le pont-rail. Pour lever l’ouvrage de 650 tonnes, une dizaine de vérins ont été nécessaires.
Des investissements de près de 60 millions d’euros. L’aboutissement de ce chantier vient de loin : à l’été 2009, les premières interventions ont commencé par le remplacement de certains “constituants” ; en novembre de la même année, le vérinage des cuves de l’ascenseur a suivi. Depuis mars 2010, les travaux de restauration des structures se sont enchaînés (remplacement des éléments de métallerie sur l’ouvrage, remise en peinture des structures métalliques et reprise des maçonneries entre autres). La suite durera encore plusieurs semaines en 2012 : le relevage proprement dit de 65 cm du pont-rail au-dessus du canal, la reprise de la géométrie de la voie de part et d’autre du pont, la reprise du passage à niveau n°62, et quelques menus travaux de finitions sur le site. Le budget de tels chantiers est conséquent : l’Etat et la Région sont intervenus à hauteur de 54,22 millions d’euros (dont 28,8 pour la Région sur le relèvement des ponts). La coordination des travaux met en scène plusieurs intervenants : VNF, en tant que propriétaire et gestionnaire du réseau fluvial qui programme, pilote et finance l’opération ; RFF, en tant que propriétaire et gestionnaire du réseau ferré national qui fait de même sur son périmètre. La ville d’Arques a signé un protocole de maîtrise d’ouvrage unique avec les deux opérateurs précédents. Enfin, “SNCF infra” (pour “infrastructure”), à la demande de RFF, assure la maîtrise d’ouvrage mandatée, la maîtrise d’oeuvre de l’opération ainsi que la logistique de l’opération et la sécurité du chantier. Conclusion de RFF : “Ces chantiers s’inscrivent ainsi pleinement dans la perspective tracée par l’Engagement national pour le fret ferroviaire, dans le même cadre que les opérations récemment menées en Picardie, sur la période 2010-2012 sur les lignes Mézy/Artonges (02), Rochy-Condé/Bresles et Clermont/ Avrigny (60).” Le rail : un avenir régional !