Pétrole: l'Opep+ prolonge ses coupes mais se prépare à rouvrir les vannes

Les pays de l'Opep+ se sont accordés dimanche sur l'extension de leurs coupes actuelles de production pour soutenir les cours de pétrole, à un moment de grandes incertitudes économiques et géopolitiques, tout en se...

Siège de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne, le 7 décembre 2018 © JOE KLAMAR
Siège de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne, le 7 décembre 2018 © JOE KLAMAR

Les pays de l'Opep+ se sont accordés dimanche sur l'extension de leurs coupes actuelles de production pour soutenir les cours de pétrole, à un moment de grandes incertitudes économiques et géopolitiques, tout en se préparant à rouvrir le robinet d'or noir.

D'un côté, le groupe des 22 membres va "prolonger le niveau total de la production de pétrole brut (...) du 1er janvier 2025 au 31 décembre 2025", a fait savoir l'alliance dans un communiqué.

De l'autre, huit de ces pays vont poursuivre leurs réductions supplémentaires de manière volontaire, certaines d'entre elles jusqu'en septembre 2024 "avant d'être progressivement supprimées" et d'autres jusqu'en décembre 2025.

Les 22 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menée par l'Arabie saoudite et leurs alliés conduits par Moscou, qui ont noué en 2016 un accord appelé Opep+ pour mieux peser sur le marché, se sont réunis dans un format inédit, certains ayant fait le déplacement à Ryad et d'autres participant par vidéoconférence.

Les coupes à l'échelle de l'alliance s'élèvent à quelque deux millions de barils par jour (bpj). En y ajoutant plusieurs vagues de réductions volontaires, l'Opep+ garde actuellement sous terre près de six millions de barils.

Outre l'Arabie saoudite, qui fait le plus gros des efforts, il s'agit de la Russie, de l'Irak, des Émirats arabes unis, du Koweït, du Kazakhstan, de l'Algérie et d'Oman.

Cette stratégie, entamée fin 2022 face à la chute des cours, vise à jouer sur la raréfaction de l'offre pour doper les prix.

Bonne surprise

L'Opep+ a par ailleurs accepté d'augmenter l'objectif de production des Emirats arabes unis, à hauteur de 300.000 bpj, de façon progressive de janvier à septembre 2025.

Ce relèvement permet à Abou Dhabi de garder des coupes de façade, tout en augmentant ses volumes.

Après cette réunion éclair, Giovanni Staunovo, analyste chez UBS interrogé par l'AFP, a salué "une bonne surprise" alors que les observateurs s'attendaient à une extension moins longue et à une bataille de chiffres.

Finalement l'examen des quotas de l'ensemble de groupe est repoussé à fin 2025, "ce qui élimine de possibles tensions". 

Cette question provoque en effet régulièrement de vives discordes: certains pays détenant d'importantes réserves de production ou d'autres désirant simplement pomper plus rechignent à se passer de lucratives recettes pétrolières.

L'Angola avait ainsi quitté le navire Opep fin 2023, mécontente de l'objectif de production qui lui avait été attribué.

Environnement "difficile

Se pose aussi le souci de l'exactitude des niveaux de production. Selon Mukesh Sahdev, analyste de Rystad Energy, l'Opep+ fait face à "un défi de taille" : "les barils réellement mis sur le marché sont probablement plus élevés que ce qui est comptabilisé", note-t-il. De quoi faire dérailler la stratégie du cartel.

A horizon 2025, l'Opep+ a désormais pour défi de rouvrir les vannes sans inonder le marché et faire flancher les cours.

Un véritable casse-tête, en particulier à l'heure où des interrogations demeurent quant à la résilience de la demande mondiale.

Depuis la dernière réunion de novembre, le groupe a su garder des prix du brut plutôt stables, autour des 80 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord comme le WTI américain, sans parvenir à les faire décoller.

Si l'Opep persiste et signe en maintenant, rapport après rapport, ses prévisions de la demande pour 2024, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) se montre quant à elle moins optimiste et a revu à la baisse ses estimations.

"Contexte inflationniste, perspectives économiques moroses et incertitudes des banques centrales", l'environnement est "difficile", commente Ipek Ozkardeskaya, analyste marchés chez Swissquote Bank, évoquant aussi la forte concurrence du pétrole américain et les tensions au Moyen-Orient.

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