Aménagement
Petites villes de demain : Doullens multiplie les projets
Nichée en fond de vallée, la commune est riche d’un important tissu commercial et d’un beau patrimoine. Christelle Hiver, son maire, aussi présidente de la communauté de communes du Territoire Nord Picardie, détaille pour Picardie La Gazette ses projets et objectifs.
Picardie La Gazette : Pouvez-vous présentez votre commune ?
Christelle Hiver : Doullens est une commune de 6 000 habitants, un nombre qui a baissé de 500 personnes depuis dix ans et qui stagne. J’explique cette baisse notamment par la fermeture d’un certain nombre de services publics, comme la base aérienne.
Nous nous trouvons en fond de vallée, à cause de la réglementation sur les zones humides, des terrains sont devenus non constructibles or certaines familles ne veulent pas rénover leurs maisons mais faire bâtir des pavillons.
La révision du PLU intercommunal est en cours. Notre carte communale sortira début 2023, cela nous permettra de pouvoir proposer quelques terrains. Dans le cadre de Petites villes de demain, nous voulons mettre en place une opération programmée d'amélioration de l’habitat : 11% des logements sont vacants, ce qui est un chiffre important; nous espérons qu’une partie sera remise sur le marché de la vente ou de la location.
Doullens demeure une commune attractive, quels en sont les principaux atouts ?
Doullens a la particularité de compter un gros pôle scolaire public et un autre gros pôle scolaire privé, porté par le collège et le lycée Montalembert, cela représente environ 2 500 élèves.
On se rend compte que Doullens joue bien son rôle de centralité, les parents s’élèves consomment sur place, c’est sans doute une des clés du dynamisme de notre tissu commercial, artisanal et d’entreprises riche de 205 établissements.
Nous comptons trois belles entreprises qui sont Acia, Saica Pack et Nutribio. Côté artisanat, c’est tendu dans les secteurs de l’électricité et de la plomberie. Les habitants sont très attachés à leurs commerces de proximité. Quelques cellules sont libres mais les propriétaires ne veulent pas louer ou vendre. Nous nous tournons vers la Chambre de commerce et d’industrie Amiens-Picardie et vers la Chambre de métiers pour les accompagner.
La ville abrite également cinq supermarchés, dont l’un est revenu dans le centre-ville il y a quelques années, à la place de la gare, ce qui a évité l’évasion des consommateurs. Avec son prochain agrandissement, un magasin Darty ouvrira ses portes.
Nous bénéficions aussi du label "Ville fleurie 3 étoiles", une belle reconnaissance pour le travail de nos équipes municipales. Cela contribue aussi à l’attractivité, de même que notre marché du jeudi matin. Cette année, notre foire Saint-Martin, qui se déroule le week-end suivant le 11 novembre, sera organisée sur trois jours : dimanche, lundi et mardi, les animaux y feront leur grand retour.
Et en ce qui concerne l'offre médicale ?
L’offre est aussi importante et va se densifier : nous comptons un hôpital qui emploie 510 personnes avec les médecins vacataires. Il est équipé d’un scanner et nous espérons bientôt bénéficier d’un IRM, nous sommes dans l’attente de la réponse de l’Agence régionale de santé. Huit lits de dialyse vont prochainement être installés, ce sont des équipements indispensables pour éviter à la population de se rendre à Arras ou à Amiens.
L’Ehpad lui est en reconstruction à neuf. Nous avons une maison médicale mais il nous manque dentiste et ophtalmologue. La situation est tendue au niveau des médecins généralistes, en s'installant à Doullens, ils bénéficient notamment d’une prime à l’installation de 50 000 euros, émanant de l’ARS.
Quels sont vos autres équipements ?
Nous avons un cinéma de 100 places, un conservatoire à rayonnement intercommunal, une bibliothèque, une salle de spectacle de 450 places, un Office de tourisme, un espace de co-working, avec trois salles de réunion dans l’ancienne sous préfecture, qui est bien fréquenté,
Dans le domaine sportif, un centre de natation communautaire ouvrira en octobre, un terrain de football en synthétique sera livré en novembre - un investissement d’un million d’euros. Nous avons un gros mur d’escalade, des pistes de tir, deux gymnases, un dojo, notre gros point noir, c'est l’absence de gare et de liaisons par trains pour une ville comme la nôtre. Malheureusement, elle a fermé il y a une quarantaine d’années…
Doullens abrite un beau patrimoine…
En effet, nous avons quelques joyaux. Des projets majeurs entourent la citadelle qui appartient au Conseil départemental. Autrefois, une voie pédestre menait du centre-ville à la citadelle mais il n’y a plus de pont royal, il va être reconstruit ce qui permettra de reconnecter la citadelle et d’organiser des actions culturelles, musicales…
Par la route, l’accès est dangereux, un carrefour giratoire va bientôt être aménagé. Nous sommes satisfaits car la citadelle est de plus en plus fréquentée, cela amène une nouvelle clientèle aux restaurants et à l’hôtel.
Notre mairie abrite la salle du commandement unique au premier étage, c’est ici que les représentants français et britanniques réunis le 26 mars 1918 ont confié le commandement des forces Alliées au général Foch. Nous voulons en faire une étape incontournable sur le circuit du souvenir.
Notre centre-ville a une architecture typique avec des façades en brique et pierre dont certaines remontent au XVIIIe siècle. Notre beffroi de 1613 est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il y a aussi les vestiges de l’église Saint-Pierre du XIIIe siècle, l’église Notre-Dame de la même époque et la mise au tombeau de 1583 classés Monuments historiques. Le musée Lombart est lui labellisé Musée de France. Jusque la fin décembre, nous proposons une exposition de street art dans l’ancienne piscine Marc-Revaux située en centre-ville, baptisée Transition : la piscine, nous espérons attirer un nouveau public. Ensuite, la piscine sera démolie, une résidence service pour personnes vieillissantes devrait la remplacer.
La commune est très avancée dans le programme Petites villes demain, pouvez-vous détailler ?
Nous avons un chef de projet depuis le début de l’année, recruté à 50% par la commune et à 50% par la communauté de communes. Petites villes de demain est un bon dispositif qui permet de bénéficier d’un diagnostic, d’aides financières, d’être aidés au niveau de l’ingénierie.
Même si le centre-ville est dynamique, nous avons perdu des commerces, nous avons besoin de Petites villes de demain. Le premier projet, c'est la Micro-folie, un musée numérique qui sera inauguré au musée Lombart en novembre prochain, pour la population et les écoles c’est une belle opportunité d’avoir accès aux œuvres des musées nationaux. Une Maison France services sera provisoirement aménagée en octobre dans les locaux de la communauté de communes provisoirement. Une Maison sport santé, qui accompagnera quasi gratuitement les personnes de plus de 50 ans ayant des pathologies, verra le jour en septembre dans le conservatoire, provisoirement également : pour la fin 2023, une structure neuve ouvrira derrière la mairie pour abriter ces deux services ainsi que le futur guichet unique de l’habitat. La mairie reste un repère pour la population.
Nous avons aussi un programme d’aménagement urbain, il y a trop de voitures dans le centre-ville, il faut végétaliser. La place Eugène-Andrieu va être en partie piétonnisée pour permettre aux restaurants d’aménager de vraies terrasses, le sens de circulation y sera revu. Place Thélu, le stationnement sera réparti différemment, le boulevard Maréchal-Haïg, menant à la citadelle, trop grand, sera repensé. Entre le quartier Lavarenne et la Zone industrielle du Rouval, un îlot de fraîcheur sera aménagé sur l’ancienne peupleraie des Carabins.
Doullens abrite plusieurs friches, que vont-elles devenir ?
Nous avons effectivement quatre friches : deux industrielles, une du collège-lycée Montalembert et celle du Monoprix en centre-ville. La commune est intéressée pour acquérir la friche Montalembert, qui s’étend sur 12 500 m², et l’aménager en partenariat avec l’Établissement public foncier.
Le projet entre dans le cadre de l’ouverture globale de la citadelle. Nous voudrions en faire un site d’hébergement de groupes, y créer des hébergements insolites. Des bâtiments pourraient avoir une vocation artistiques, culturelle, touristique.
Concernant le Monoprix, l’Epsoms Georges-Couthon envisagerait d’ouvrir notamment au rez-de-chaussée une conciergerie et un espace de vente de produits locaux, et au premier étage de proposer de l’habitat inclusif.