Petit-Couronne : Verso Energy veut produire du kérosène de synthèse

Captation de carbone industriel et production de carburant de synthèse. L'énergéticien français a présenté le 8 janvier à Rouen, le projet DEZiR, dont la concertation préalable s'est ouverte le 13 janvier.

Pour lancer la concertation préalable, Verso Energy a présenté son projet DEZiR à la presse le 8 janvier à Rouen, en présence des élus impliqués. © Aletheia Press / B.Delabre
Pour lancer la concertation préalable, Verso Energy a présenté son projet DEZiR à la presse le 8 janvier à Rouen, en présence des élus impliqués. © Aletheia Press / B.Delabre

En 2030, les avions au départ de l'Union européenne devront incorporer au moins 1,2% de carburant de synthèse (le e-SAF). Et ce, quelle que soit leur destination. Une obligation réglementaire qui inquiète les compagnies aériennes qui ne sont pas certaines de trouver la matière pour remplir cette obligation… Mais qui offre des perspectives nouvelles à l'industrie. C'est ce créneau que l'entreprise Verso Energy (dont le siège est situé à Paris) souhaite exploiter avec soin projet "DEZiR" : une unité industrielle de production de kérosène de synthèse, qui doit entrer en production en 2030.

Alimenter les aéroports parisiens

L'investissement est de taille : 1,3 milliard d'euros seront investis pour la construction de l'unité à Petit-Couronne, à laquelle sera adjointe une unité de captation de carbone à Alizay. "Notre objectif, c'est d'utiliser du dioxyde de carbone issu de la biomasse", explique Victor Lévy-Frébault, directeur du développement chez Verso Energy. Produisant plus de 300 000 tonnes de dioxyde de carbone issu de cellulose de bois, la papeterie VPK d'Alizay est pour cela un client idéal. Ce carbone sera capté directement sur la cheminée de la papeterie, puis acheminé en gaz comprimé via une canalisation de 13 kilomètres jusqu'à Petit-Couronne.

C'est là que le plus gros complexe industriel devrait être construit, sur une friche de 15 hectares appartenant à DRPC. Une unité d'électrolyse produira de l'hydrogène à partir d'eau pompée dans la Seine. L'hydrogène et le dioxyde de carbone alimenteront alors une unité de production de méthanol, qui sera ensuite transformé en kérosène de synthèse. Celui-ci sera injecté ensuite dans le réseau LHP géré par Trapil. "Ce qui fait la force du site, ce sont ses infrastructures. C'est le seul site en France avec une canalisation existante directement reliée aux aéroports parisiens", sourit Antoine Huard, directeur général de Verso Energy. Mais ce n'est pas le seul atout du site qui a l'avantage d'être proche de la Seine et du réseau électrique.

81 000 tonnes de e-SAF

L'approvisionnement en électricité est en effet un enjeu important pour ce projet. 400 MW de puissance électrique sont nécessaires, dont 350 pour l'unité d'électrolyse. Déjà des projets de raccordement à un poste de Grand-Couronne sont proposés. Ils seront étudiés, tout comme l'ensemble du projet, dans le cadre de la concertation préalable. Celle-ci durera du 13 janvier au 15 mars, et précédera l'enquête publique. Avec l'espoir d'un permis de construire délivré mi-2026. Le chantier de construction durerait trois ans. "Le chantier accueillera environ 800 personnes par jour", souligne Camille Petit, cheffe de projet chez Verso Energy.

Si le projet aboutit, l'usine de Verso Energy devrait créer 250 emplois directs et indirects, et produire 81 000 tonnes de e-SAF par an. De quoi fournir la moitié des besoins français en carburant de synthèse en vue de l'obligation d'incorporation de 2030 (au taux de 1,2 %). Elle serait la première unité de production de kérosène de synthèse en France ouvrant la voie à d'autres. En effet, la réglementation européenne prévoit une incorporation de 70 % de e-SAF d'ici 2050.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre