Peter Bogdanovich, un cinéaste méconnu à redécouvrir
Personnalité éminente du Nouvel Hollywood dans les années 1970, Peter Bogdanovich n'obtint que rarement la reconnaissance que son œuvre cinématographique méritait. Disparu en début d'année, Carlotta Films lui rend hommage à travers deux fictions indispensables et un documentaire non moins passionnant.
Texasville
Excellent critique de cinéma avant de se lancer dans la réalisation, Peter Bogdanovich signait en 1971 The Last Picture Show, son film le plus célèbre qui obtint deux Oscars. Vingt ans après, le cinéaste renouait avec l’univers de l’écrivain Larry McMurtry en adaptant la suite des aventures de Duane et Jacy. Le récit s'ouvre à la veille du centenaire d’Anarene, petite ville du Texas où se retrouvent les anciens élèves de la promotion 1951. Duane Jackson est devenu chef d’entreprise d’une compagnie pétrolière proche de la faillite tandis que son meilleur ami Sonny Crawford souffre de troubles du comportement et se replie dans le passé. Quant à Jacy Farrow, une récente tragédie l’a amenée à quitter sa vie en Europe pour revenir s’installer à Anarene... Après avoir évoqué les amours de jeunesse d’une bande d’adolescents, Texasville retrouve les mêmes personnages à l’âge adulte - toujours campés par les excellents Jeff Bridges et Cybill Shepherd - et brosse un portrait désenchanté de l’Amérique des années 1980 oscillant entre humour et noirceur.
Daisy Miller
Trois ans après The Last Picture Show, Peter Bogdanovich adapte à l'écran la nouvelle Daisy Miller de l’Américain Henry James. L'histoire débute alors que l'Américaine Daisy Miller voyage à travers l’Europe en compagnie de sa mère et de son jeune frère. En Suisse, elle fait la connaissance de Frederick Winterbourne, un compatriote depuis longtemps exilé sur le Vieux Continent. Son charme et sa candeur intriguent et séduisent le jeune aristocrate. Leurs chemins se croisent bientôt à Rome où l’excentricité de Daisy va rapidement choquer le cercle fermé des expatriés américains... En s’inspirant autant de l’œuvre de James que des univers de John Ford et Howard Hawks, Peter Bogdanovich fait de cette histoire d’amour et de malentendus une métaphore de la relation entre l’Europe et l’Amérique, et signe un film moderne sur la mélancolie et la solitude. Un film rare magnifié par Cybill Shepherd qui incarne ici avec finesse et élégance une héroïne émancipée, extravertie et espiègle.
The Great Buster : Une célébration
Dans ce documentaire réalisé en 2018, Peter Bogdanovich retrace la vie et la carrière de Buster Keaton, l’un des artistes du 7e art les plus influents des États-Unis. Un comédien et réalisateur dont le style singulier et la production féconde à l’époque du muet ont fait de lui un véritable génie du cinéma. Cette plongée très personnelle dans les archives de la famille Keaton révèle un artiste visionnaire qui a tout risqué, même sa vie, pour faire rire les spectateurs du monde entier avec des œuvres géniales comme Sherlock Junior (1924), Le Mécano de la Générale (1926) ou Cadet d’eau douce (1928). En mêlant extraits de films, éclairage critique de Peter Bogdanovich et témoignages d’une vingtaine de collaborateurs, réalisateurs, artistes, amis, comme Mel Brooks, Werner Herzog ou Quentin Tarantino, The Great Buster : Une célébration rend le plus beau des hommages à «L’homme qui ne rit jamais» et à son empreinte indélébile sur la comédie moderne.
Carlotta Films.