Perpétuité requise contre Monique Olivier pour complicité dans trois crimes de "l'ogre des Ardennes"
"Elle a facilité l'exécution des crimes de Michel Fourniret": le ministère public a requis lundi la réclusion criminelle à perpétuité contre Monique Olivier, l'ex-épouse du violeur et tueur en série, jugée à Nanterre pour complicité dans les enlèvements et les meurtres...
"Elle a facilité l'exécution des crimes de Michel Fourniret": le ministère public a requis lundi la réclusion criminelle à perpétuité contre Monique Olivier, l'ex-épouse du violeur et tueur en série, jugée à Nanterre pour complicité dans les enlèvements et les meurtres de Marie-Angèle Domèce, Joanna Parrish et Estelle Mouzin.
"Au vu de la gravité exceptionnelle des faits commis, de la nécessaire protection de la société", les deux avocats généraux ont en outre demandé que la peine soit assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
Devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, les magistrats ont requis pendant plus de deux heures. Ils ont rappelé les "vicissitudes" des trois informations judiciaires ouvertes pour chacun des crimes jugés: les enlèvements et meurtres de deux jeunes femmes, Marie-Angèle Domèce en 1988 et Joanna Parrish en 1990, et d'une enfant de neuf ans, Estelle Mouzin, en 2003.
A rebours de l'image de victime présentée par Monique Olivier, 75 ans, tout au long de son procès, l'accusation a rappelé les choix faits par l'ex-épouse de Fourniret: mettre en confiance Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish en sachant qu'elles allaient droit à la mort, se taire pendant 16 ans au sujet d'Estelle Mouzin.
"Mme Olivier, vous n'êtes pas complice à ce moment-là, vous êtes auteur du choix de vous taire", a relevé l'avocate générale Stéphanie Pottier.
"Sans elle, (Michel Fourniret) ne commet pas ces crimes. Avec elle, il les réussit", a asséné l'autre avocat général, Hugues Julié. "Le complice, c'est l'allié, celui qui est uni étroitement à l'auteur, en l'espèce aujourd’hui devant vous, c’est l'épouse du tueur en série", a-t-il poursuivi.
"Vous allez partir en délibéré et quand vous reviendrez, vous allez la condamner", a lancé pour sa part le conseil historique de l'accusée Richard Delgenes aux jurés, lundi après-midi. Mais, plaide-t-il, sa cliente "s'est engagée vers un autre chemin" que celui tracé par le parcours criminel du couple.
La "conviction" de celui qui a déjà défendu deux fois auparavant l'ex-épouse de "l'Ogre des Ardennes" devant les assises, c'est que Michel Fourniret, sans Monique Olivier, "serait devenu un tueur en série, parce qu'il l'est, c'est le tueur absolu".
Sa conviction, c'est aussi que si sa cliente, "complice parfaite", "avait rencontré quelqu'un qui faisait du bien, elle aurait fait le bien avec le même zèle pour exister" aux yeux de cette personne.
Et l'avocat de rappeler que "sans les aveux, personne n'est là aujourd'hui pour ces trois affaires" et qu'"il n'y a pas d'aveux de Michel Fourniret qui tiennent la route" sans ceux de Monique Olivier.
Verdict mardi
"C'est la peine maximale qui a été demandée parce que les crimes commis le justifient, pour moi les réquisitions du parquet vont dans le sens de ce que demandaient les familles de victimes que je représente", a commenté Didier Seban, avocat des familles Parrish et Mouzin.
Lors de leurs plaidoiries vendredi, tous les avocats des parties civiles ont demandé qu'elle soit déclarée coupable et qu'une peine lourde soit prononcée.
"Je veux que ces crimes vous hantent dans vos nuits en maison d'arrêt", avait lancé Me Seban à Monique Olivier.
Le verdict sera rendu mardi après le dernier mot de l'accusée, si elle souhaite s'exprimer.
En 2008, la cour d'assises des Ardennes avait condamné Monique Olivier à la perpétuité pour complicité dans quatre enlèvements et meurtres de son mari. Puis elle avait écopé de 20 ans de réclusion à Versailles, 10 ans plus tard, toujours pour complicité, dans un meurtre crapuleux cette fois.
"Il m'a utilisée", avait assuré l'accusée de 75 ans au premier jour de son procès pour définir sa relation avec Michel Fourniret.
Pendant trois semaines, l'audience a été émaillée de moments de tension, notamment quand le président Didier Safar a malmené certains témoins ou refusé de faire réagir l'accusée à chaud, à des moments qui paraissaient pourtant cruciaux, ce qui lui a été vivement reproché par les avocats des parties civiles.
Répétant inlassablement "je ne sais pas" ou "je ne me souviens plus" quand elle était interrogée sur les faits, Monique Olivier n'a apporté aucun nouvel élément tangible concernant les sévices infligés à Estelle Mouzin ni sur l'emplacement des corps de l'enfant et de Marie-Angèle Domèce, jamais retrouvés.
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