Perlyne, une nouvelle sur le marché des eaux minérales

L’entreprise exploite une source située sous l’ancienne chaudronnerie familiale reconvertie. La commercialisation a commencé. La SEG vise en premier lieu la grande distribution et la région…

La façade de l’entreprise, implantée dans la commune de Bousies, proche de Landrecies. L’ancienne chaudronnerie a laissé la place à la Société d’embouteillage Guillaume, mais c’est toujours la même famille qui dirige l’activité.
La façade de l’entreprise, implantée dans la commune de Bousies, proche de Landrecies. L’ancienne chaudronnerie a laissé la place à la Société d’embouteillage Guillaume, mais c’est toujours la même famille qui dirige l’activité.

 

Baudry Guillaume, le président de la SAS. Derrière lui, le dispositif de filtrage de l’eau pompée dans le sous-sol.

Baudry Guillaume, le président de la SAS. Derrière lui, le dispositif de filtrage de l’eau pompée dans le sous-sol.

L’histoire de la Société d’embouteillage Guillaume (SEG), créée en 2011, sous la forme d’une SAS (société par actions simplifiée) sort de l’ordinaire. Elle a été écrite par Baudry Guillaume et ses fils qui ont tiré parti de l’existence d’une rivière souterraine, passant dessous les bâtiments et venue de la forêt de Mormal, toute proche. L’entreprise représente, en plus, la suite d’une aventure industrielle familiale commencée à Bousies au lendemain de la guerre 14-18. L’activité était alors bien différente puisqu’il s’agissait d’une chaudronnerie, d’abord agricole, qui a cessé ses activités au milieu des années 90. A partir de 2012, le projet industriel étant prêt, la reconversion du site et des bâtiments a pu être lancée. La SEG, présidée par Baudry Guillaume, a démarré son activité commerciale ces dernières semaines. Pour l’Avesnois et la région, il s’agit d’un événement, des usines d’eau minérale ne se créant pas tous les jours.

L’ultime autorisation est arrivée en juillet. Le montage et l’aboutissement du dossier administratif ont demandé environ quatre ans.

L’ultime autorisation est arrivée en juillet. Le montage et l’aboutissement du dossier administratif ont demandé environ quatre ans.

De la source à la bouteille. Comme le président de la SAS, l’entreprise dispose, à 30 mètres de profondeur environ, d’une source, devenue la «source Guillaume». Elle est reliée par deux forages à l’usine qui pompent et filtrent l’eau, fabriquent ses bouteilles en plastique, embouteillent l’eau minérale et l’expédient par palettes. La forme de la bouteille, le nom de l’eau et le dessin des étiquettes ont été conçus en famille. Tâches sous-traitées : l’impression des étiquettes, la fabrication des bouchons et des housses pour les palettes, ainsi que le transport. La famille a voulu être maîtresse de son projet de A à Z. L’outil de travail, à l’inox rutilant, porte le nom de l’Allemand Krones. Un leader mondial.

Commercialisation engagée. La mise en production de l’entreprise, après les derniers réglages réalisés en avril, mai et juin, date du 10 juillet, jour de l’autorisation administrative de commercialisation. L’autorisation préfectorale d’utiliser l’appellation «eau minérale» datait, elle, de février.

Les premières sorties publiques de la Perlyne se sont faites à l’occasion du passage du Tour de France à Arras (avec le concours de Saveurs en’or, marque qui orne maintenant les bouteilles) et des Nuits secrètes d’Aulnoye-Aymeries. «Depuis fin juillet, nous avons constitué un stock tampon représentant l’équivalent de 30 semi-remorques, explique Baudry Guillaume. La commercialisation a démarré du côté de Lens et au Quesnoy. En fait, nous visons d’abord les grandes surfaces de la région, via leurs centrales d’achat le plus souvent, mais aussi le bassin parisien, notamment via des brasseurs indépendants. Et nous avons également des contacts à l’export…»

Fin août, deux formats étaient diffusés (1,5 litre et 0,5 litre). Le format 1 litre, plutôt destiné à la restauration et au petit commerce, devrait démarrer en septembre. La capacité visée, indique le président de la SAS, est de 12 000 bouteilles par jour (atteinte pour les formats d’1,5 litre) et de l’ordre de 25 millions par an.

La façade de l’entreprise, implantée dans la commune de Bousies, proche de Landrecies. L’ancienne chaudronnerie a laissé la place à la Société d’embouteillage Guillaume, mais c’est toujours la même famille qui dirige l’activité.

La façade de l’entreprise, implantée dans la commune de Bousies, proche de Landrecies. L’ancienne chaudronnerie a laissé la place à la Société d’embouteillage Guillaume, mais c’est toujours la même famille qui dirige l’activité.

L’investissement et l’effectif. Coût de l’opération : 3 250 000 euros pour les machines et 1,5 million pour le foncier et l’immobilier, avec le recours à deux banques, une Allemande et une Française. Le Conseil régional a accordé une aide à l’investissement de 300 000 euros (dossier monté par la CCI) et le FEDER devrait aussi cofinancer.

Fin août, la PME employait sept personnes, dont les quatre fils du président de la SAS. L’embauche d’une commerciale était prévue en octobre. D’autres embauches sont envisagées, une fois l’usine bien rodée.

Haut de gamme. M. Guillaume précise que l’appellation «eau minérale» obéit à une réglementation plus sévère que l’appellation «eau de source». «La composition chimique de l’eau, contrôlée à la source pendant trois ans, ne doit pas varier et la seule opération autorisée pendant la fabrication, c’est le filtrage.»  Il ajoute que ce sont les caractéristiques de l’eau, mesurées par l’Institut Pasteur, qui lui ont permis d’afficher la mention «zéro nitrates» (à distinguer de celle «sans nitrates», plus tolérante) et de figurer dans la catégorie des «eaux moyennement minéralisées», consommables par les bébés et les femmes enceintes. La rivière souterraine, constate-t-il, bénéficie d’une triple protection vis-à-vis des nitrates d’origine agricole : la forêt, le bocage (situé dans un parc naturel régional) et deux couches d’argile. «On vise donc le haut de gamme», conclut-il.

Plus d’infos sur www.perlyne.com

 

ENCADRE

Un long parcours administratif

 

Le dossier de ce projet, peu fréquent pour les administrations, a été long à constituer. Il devait satisfaire à de nombreuses obligations réglementaires tant françaises qu’européennes. «Entre l’ouverture du dossier et le décret préfectoral final, il s’est écoulé environ quatre ans. En résumé, nous sommes soumis à trois réglementations qu’il faut respecter à la lettre : celle des Installations classées pour l’environnement, celle de l’Agence régionale de santé et de l’Institut Pasteur pour l’appellation ‘eau minérale’, et celle de la police de l’eau puisqu’il faut, bien sûr, obtenir des autorisations de prélèvement et s’assurer, par des essais de pompage durant six mois, de la régularité de la source.»

S’y ajoutent l’autorisation préfectorale de forage, l’étude de faisabilité et de rentabilité préalable à la décision d’investir, la transformation du bâtiment industriel afin de le rendre apte à sa nouvelle activité et le mettre aux normes de l’agroalimentaire. «Afin de réduire les coûts, complète le président, la famille a réalisé une bonne partie des transformations, sols, murs, toitures. Courant septembre, la partie administrative sera terminée.»