Perle du Nord, joyau des Hauts-de-France

Laurent Bouchart a pris la tête du groupe basé à Wancourt, près d'Arras, en mai dernier. Nous sommes allés à sa rencontre au marché de Phalempin, l'une des cinq coopératives que fédère Perle du Nord, qui représente à elle seule la moitié de la production française. 

Laurent Bouchart, directeur général de Perle du Nord. © Lena Heleta
Laurent Bouchart, directeur général de Perle du Nord. © Lena Heleta

Laurent Bouchart met un point d'honneur à le souligner : Perle du Nord, c'est une entreprise, une marque… mais surtout l'union de cinq sociétés coopératives agricoles de la région. Fondée en 1983 par des membres de la profession endivière, elle a ensuite été reprise en 2005 par des producteurs. «Notre métier est avant tout de mettre en œuvre leurs décisions, et de défendre leurs revenus parce qu'ils travaillent dur», insiste l'ingénieur de formation. «Nous connaissons nos adhérents. Il y a un esprit familial fort». C'est donc tout naturellement au sein de l'une des cinq coopératives de la fédération - le marché de Phalempin -, que le directeur général de la marque d'endives préférée des Français* nous reçoit. Un lieu qu'il connaît bien pour l'avoir dirigé pendant 11 ans avant de prendre la tête, en mai dernier, de Perle du Nord, remplaçant Patrick Petitpas.

Inventeurs de l'endive à la pièce

Le siège du groupe a quant à lui quitté Saint-Laurent-Blangy pour Wancourt en décembre, à quelques encablures d'Arras également. Une cinquantaine de salariés y sont basés - essentiellement sur des fonctions supports -, s'ajoutant aux centaines de producteurs. La SAS, qui à 65 000 tonnes par an pèse pour moitié dans la production française d'endives et produit par ailleurs d'autres légumes, enregistre un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros et exporte à hauteur de 10%, en Italie et en Allemagne essentiellement. 

Le marché de Phalempin. © Lena Heleta

Pour mémoire, les Hauts-de-France, avec 1 200 personnes tous métiers confondus, produisent plus de 90% des endives, «le reste de la culture étant assuré par la Belgique et les Pays-Bas, qui exportent bien plus que nous», précise Laurent Bouchart.

«Le moral est reparti chez nos adhérents»

Comment expliquer le succès de Perle du Nord ? Une garantie gustative et «de fraîcheur», bien sûr, mais aussi ce concept initié en 2010 : vendre les chicons «à la pièce» (par packs) au lieu de les proposer au poids. «Cela a plu au consommateur, qui a une vue immédiate sur ce qu'il achète», indique le chef d'entreprise. La marque, désormais présente dans toutes les grandes et moyennes surfaces (GMS) du pays, vend à hauteur de 60% sous son nom propre, le reste étant proposé en marque distributeur.

Mais si aujourd'hui «la tempête est passée», tout n'a pas toujours été aussi simple pour Perle du Nord. Comme beaucoup, elle a entre autres subi de plein fouet la crise de l'énergie en 2022. «On vendait à coût de revient», se remémore Laurent Bouchart. «Désormais, le moral est reparti chez nos adhérents», se réjouit-il, restant toutefois prudent : «Même si tout semble stabilisé, rien n'est jamais gagné». Comme l'ensemble du monde agricole, Perle du Nord reste en effet soumis aux aléas économiques, mais aussi des campagnes saisonnières, «dont chacune est différente».

*Étude réalisée du 24 au 25 juillet 2024 par OpinionWay auprès d’un échantillon représentatif de 1 017 personnes de la population française de 18 ans et plus.

40% des endives Perle du Nord sont vendues en marque distributeur. ©

Aux origines… la chicorée

Pour la petite histoire, au 19ème siècle, voulant échapper à l’impôt, un paysan belge aurait caché dans sa cave ses racines de chicorée. Après trois semaines, la plante avait poursuivi sa croissance, pour donner un bourgeon d’un blanc nacré… l'endive était née ! Celle que l’on nomme Cichorium intybus de son nom latin ou encore chicorée Witloof en flamand (pour «feuilles blanches») est cultivée en deux temps : après le semis des graines de chicorée courant mai, les racines sont récoltées à l’automne puis placées dans l’obscurité pour donner, 21 jours plus tard, le fameux chicon. Ce dernier appelle beaucoup de gestes manuels : trier, repiquer, «casser», effeuiller, conditionner… Des gestes précis, difficiles à mécaniser, qui créent de l’emploi local. Tous métiers confondus, la filière compte 1 200 personnes dans les Hauts-de-France.

© Lena Heleta