Entreprise
Pérard, investir pour continuer de grandir
Installée depuis 2008 sur la zone de Baleycourt, près de Verdun, l’entreprise familiale Pérard spécialisée dans la construction de matériel agricole vient d’investir un peu plus de quatre millions d’euros dans un nouveau bâtiment et l’acquisition de machines… avec en ligne de mire un renforcement de son chiffre d’affaires.

Ne pas brûler les étapes, être patients et ambitieux. C’est un peu la philosophie de l’entreprise familiale Pérard créée dans les années 80 par le père de famille, Patrick, alors céréalier qui fait le choix visionnaire de diversifier son activité. Les premiers outillages et accessoires agricoles sont désormais loin, tout comme le site de la ferme-usine de Lavoye. Aujourd’hui à la tête de l’entreprise qui emploie une soixantaine de personnes, Johann, Cédric et Guillaume, les trois fils viennent de concrétiser un projet stratégique. «Une société a besoin d’évoluer pour continuer à avancer. Les investissements engagés doivent nous permettre d’atteindre à terme 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Grâce à la nouvelle organisation, on va poursuivre le développement de la gamme et renforcer nos produits», analyse Guillaume Pérard. C’est la première fois qu’un tel investissement est d’ailleurs engagé. L’enjeu était avant tout de répondre à un besoin de superficie supplémentaire. Et pour cause, les locaux actuels qui s’étendent pourtant sur 7 000 m2 étaient devenus trop étroits pour faire face à l’intensité de l’activité. les travaux ont démarré en septembre 2023 pour une livraison en juin 2024. Le nouveau bâtiment de 3 000 m2 dédié à la préparation de pièces est venu se greffer à la construction historique. En février, il ne restait plus qu’à finaliser le montage des panneaux solaires photovoltaïques sur le toit de l’extension. La production électrique devrait être opérationnelle avant le début du printemps.
Plus de quatre millions d’euros investis
Au total, 2,4 millions ont été injectés sur ce site industriel auxquels s’ajoutent
1,6 million pour l’acquisition de nouvelles machines dont, une découpe laser, des ponts roulants, un centre d’usinage, une tour à commande numérique et une tour de stockage. L’entreprise a pu bénéficier du soutien financier du GIP Objectif Meuse (fond d’accompagnement du laboratoire de Bure), de la région Grand Est et du Feder à hauteur d’un peu plus d’un million d’euros. «Nous perdions trop de temps, faute de place. Désormais la chaîne de production a gagné en fluidité que ce soient la préparation des pièces, l’assemblage-soudage ainsi que la finition, ce qui doit renforcer notre compétitivité», explique Guillaume Pérard. L’enjeu est d’atteindre, à terme, 20 millions d’euros de chiffre d’affaires contre 13 millions en 2024. L’outil de production est donc en ordre de marche pour l’entreprise qui a travaillé en amont sur son image, renforcé son équipe de commerciaux, passant de quatre à sept personnes. Leader sur le marché du transbordeur, l’entreprise est également présente sur des marchés de niche comme l’épandeur à fumier haut de gamme (seulement 3 % des ventes sur le marché qui représente 1/3 du chiffre d’affaires). 35 % des ventes sont réalisées à l’export sur le marché européen comme la Pologne, la Slovaquie, la République Tchèque ou encore l’Ukraine, malgré le conflit.
Savoir rebondir
Les bons résultats 2024 et le carnet de commandes bien rempli pour 2025 ne font pas perdre la tête à la direction de cette entreprise familiale qui a connu des crises. En 2008, l’entreprise s’installait dans des bâtiments flambants neufs sur la zone de Baleycourt et s’appuyait sur une centaine de salariés pour répondre à un gros contrat de sous-traitance pour Claas qui s’est arrêté du jour au lendemain, se soldant par un plan social. «Nous avons pu passer le cap de cette période, mais ça a été long et difficile. Depuis, nous avons fait le choix d’être autonome et de consolider notre catalogue avec uniquement des produits propres. Tout est désormais fait de A à Z dans nos locaux. C’est notre force auprès de nos clients», estime Guillaume Pérard. S’il a fallu du temps pour que l’entreprise rebondisse, rien n’est aujourd’hui laissé au hasard. Après avoir souffert d’une hausse de la facture énergétique en 2023 multipliée par cinq par rapport à l’année précédente avec un surcoût de 190 000 euros, la société s’est équipée de panneaux solaires sur son site historique dès 2023 et sur son extension en 2025. À compter du printemps, cet équipement permettra une autoconsommation de l’ordre de 70 %, évitant toute mauvaise surprise en cas de nouvelle crise énergétique. Sécuriser l’avenir, prendre des risques mesurés et poursuivre la dynamique engagée par le père, c’est le défi des trois fils Pérard dont les regards sont tournés vers l’avenir.