Pendant le confinement, les brasseurs se sont adaptés
Avec la fermeture obligatoire des bars, des hôtels et des restaurants lors de la crise liée à la Covid-19, ce sont des hectolitres de bière qui sont restés en fûts sans pouvoir être consommés. Pour les brasseurs, la réactivité était de mise lors de cette période inédite.
Secteur en pleine explosion, la filière brassicole a traversé la crise liée au confinement avec des destinées variées. «Nous n’avons pas à nous plaindre puisque notre volume est en augmentation de 20%, se réjouit André Pecqueur, PDG de la Brasserie de Saint-Omer (2,5 millions d’hectolitres par an). Si nous avons autant produit pendant le confinement, c’est grâce à notre travail avec les enseignes de la grande distribution.»
Du côté des brasseurs de village, comme en témoigne la Brasserie Bellenaert située à Outtersteene (750 hectolitres par an), c’est le tissu économique local qui a joué en sa faveur. «Dans notre malheur, nous avons eu de la chance : l’État a très vite accepté que les cavistes et les ventes directes soient autorisés uniquement pour la vente d’alcool en bouteille, témoigne Julien Macrelle, brasseur et cofondateur de la brasserie. Nous nous sommes donc réorientés en nous penchant sur la vente directe et la mise en bouteille pour les particuliers. Nos ventes aux particuliers ont augmenté de 30% à cette période.»
«Nous avons réussi à nous réinventer»
En ce qui concerne la micro-brasserie du Singe Savant située à Lille et qui brasse 480 hectolitres par an, c’est l’organisation de la brasserie elle-même et sa vision de multiplier les valeurs qui a permis de rester à flot. «Pour nous, le confinement s’est révélé moins difficile que prévu, nous avons réussi à nous réinventer, confirme Valentin, cofondateur de la brasserie. Durant la crise, nous avons mis en place un site Internet afin de pouvoir livrer les gens directement à leur domicile. Nous avons même eu de nouveaux clients. Par ailleurs, nous avons acheté une machine qui nous a permis de transvider la bière des fûts dans des bouteilles afin de conserver notre bière. Nous avons d’ailleurs fait tourner notre machine qui lave les bouteilles afin de ne pas manquer de marchandise et éviter la rupture de stock.»
La Brasserie de Saint-Omer, de son côté, ne s’est jamais arrêtée. Son dirigeant est fier d’avoir pu compter sur ses salariés, toujours au rendez-vous. «Une équipe dans une entreprise, c’est comme au football : si vous avez un bon entraîneur mais que les joueurs ne sont pas bons ça ne fonctionne pas. Je suis très fier de le dire : l’ensemble de mes salariés a continué à travailler pendant le confinement. Ils ont joué le jeu.»
«Nous avons sauvé les meubles»
Pour la Brasserie Bellenaert comme celle du Singe Savant, un moment de pause a été nécessaire afin de réorienter la production. «À l’annonce du confinement, nous étions dans le flou, nous ne savions pas à quoi nous attendre. Les salariés qui n’étaient pas indispensables ont été mis au chômage partiel et les autres ont continué de maintenir la production. Nous n’allions pas entasser des fûts de bière et risquer de perdre la production», explique Valentin, de la brasserie du Singe Savant.
Julien Macrelle, de la Brasserie Bellenaert, confirme les dires de son homologue lillois : «Nous avons sauvé les meubles, mais ce n’était pas non plus magique. Nous avons fermé pendant deux semaines environ parce que le stock était plein et que nous ne vendions plus. La réouverture des restaurants et des bars nous soulagé.» En outre, les deux brasseries ont pu compter sur les différentes aides de l’État comme le PGE ou le chômage partiel pour sortir la tête de l’eau. Des aides, selon leurs dires, «non négligeables».
*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.