Pendant l'université d'été de LFI, des gardes instructives pour les jeunes "Insouminots"

"Qui va garder les enfants?" aurait demandé Laurent Fabius à l'annonce de la candidature de Ségolène Royal à la primaire socialiste en 2007. A leurs universités d'été, les Insoumis ont trouvé la réponse en instaurant un système pour s'occuper des plus jeunes, en adéquation avec leurs idées politiques.

Chaque année, des professionnels de la petite enfance accueillent aux "Amfis" les enfants des militants dans un espace au nom sans équivoque, les "Insouminots".

Jeux, dessins et espace de repos sont proposés aux bambins, de même qu'une particularité: des ateliers thématiques, parfois animés par des élus. 

Ce vendredi matin, c'est le député du Finistère Pierre-Yves Cadalen qui vient animer une discussion autour de la 6e République, dont l'instauration est l'un des grands objectifs de La France insoumise.

"On ne va pas brûler les étapes, on va commencer par parler de la République", explique-t-il assis à une table basse, entouré d'une dizaine de militants en herbe.

Derrière lui, des plus petits jouent avec de la pâte à modeler. 

S'ensuivra un échange d'une heure où l'élu de Bretagne, volontiers pédagogue, passera en revue l'histoire de France, de la Révolution à la 5e République, en passant par Napoléon et la Commune de Paris.

"Est-ce qu'il y a un président d'un pays du monde qui est de gauche ?", lui demande une tête blonde, curieuse, pendant le cours improvisé.

Et son professeur du jour de lui citer le Colombien Gustavo Petro et le Brésilien Lula.

Déjà très politisés

En préambule, le député demande à son auditoire, dont l'âge varie entre huit et dix ans, si le concept de "république" leur est familier.

"La République c'est moi!" répond dans la foulée un gamin, en citant la célèbre phrase prononcée par Jean-Luc Mélenchon face à un policier lors d'une perquisition houleuse en 2018.

Eclats de rire général autour de la table.

"C'est des enfants de militants, ils sont déjà très politisés", reconnaît auprès de l'AFP Pierre-Yves Cadalen.

Sandrine, animatrice de l'organisme Biboo Family, met en place ces gardes depuis cinq ans aux Amfis et peut en attester: "Quand il y a Mélenchon qui passe, les enfants sont à fond!"

Créé par des militantes

A la pause de midi, Pauline, une mère de famille de 36 ans venue du Maine-et-Loire, passe chercher ses deux enfants.

"Nos enfants adorent et moi j'ai le temps de participer aux ateliers, c'est un moment important en tant que militante", explique-t-elle.

Car les universités d'été ont pour but premier de dispenser aux sympathisants insoumis une formation théorique et politique.

"Il y a un vrai enjeu militant dans ces +Insouminots+ pour que les femmes, qui sont souvent pénalisées par les gardes d'enfants, puissent participer à des conférences aux Amfis", ajoute M. Cadalen.

Pour Janis Santos, une des responsables du chapitre sur l'enfance du programme de LFI, il s'agit "de politique mise en pratique".

"Tout cela a été créé par des militantes. C'est une application de ce qu'il y a dans le programme, à savoir laisser la place aux femmes et aux enfants", détaille-t-elle.

Et face aux détracteurs qui seraient tentés de dénoncer un embrigadement des enfants, Pierre-Yves Cadalen rassure: "On essaye de développer leur pensée critique".

Samedi matin, ce sera le député du Val-d'Oise Cartos Martens Bilongo qui viendra pour animer une initiation à la boxe.

L'année dernière, il avait déjà donné un cours de sport, particulièrement apprécié. Près d'une trentaine d'enfants étaient venus, un succès plus franc que la découverte de la 6e République.