Economie sociale et solidaire

PC Solidaire ne renonce pas...

Dans une phase ascendante dans l’espace mosellan, dans sa vocation à trouver une solution locale et pérenne dans le financement gratuit de l’inclusion numérique par la réduction des déchets numériques, l’association PC Solidaire s’est vue brutalement couper les ailes. Elle repense son modèle et fait appel aux entreprises et aux partenaires publics.


Depuis 2021, PC Solidaire a sauvé plus de 4 000 ordinateurs de la casse.  © PC Solidaire.
Depuis 2021, PC Solidaire a sauvé plus de 4 000 ordinateurs de la casse. © PC Solidaire.

"Quand on parle de dématérialisation, de la généralisation d’Internet, reprenons les choses à la source. Face à ces progrès techniques, combien de personnes, avant de savoir s’en servir, ne possèdent même pas d’ordinateur ?», interroge Éric Mutschler, directeur de PC Solidaire. Lui qui a animé l’émission Durablement vôtre diffusée sur seize radios associatives du Grand Est a décidé d’en faire son combat. Actuellement, plus de onze millions de foyers français n’ont pas d’ordinateur chez eux, tandis que un million d’ordinateurs usagés sont envoyés à la casse dans le milieu professionnel alors qu’ils peuvent encore servir. Une étude de BNP Paribas 3 Steep IT estime que 39 % des entreprises françaises stockent un matériel informatique vu comme obsolète alors qu’il pourrait être réemployé. Selon un rapport du Conseil général du développement et de l’environnement durable, notre pays est quatre à dix fois moins efficace que ses voisins européens pour collecter les déchets électroniques. Or, selon l’Ademe, 47 % des gaz à effet de serre sont générés par du matériel informatique. Autres données : 880 kg de CO2 sont émis lors de la fabrication d’un seul ordinateur quand ce même ordinateur émet 247 kg de CO2 par an. L’extraction des matières premières nécessaires pour produire un ordinateur neuf est un facteur de multi-pollution. Une problématique s’ajoute. «Elle est de deux ordres liés, la fracture numérique et l’illectronisme», explique Éric Mutschler. Le phénomène, s’il tend à reculer, est bien visible dans les strates sociétales, dont chez 10 % d’anciens cadres. Lors des confinements, lors de la mise en place des cours en distanciel, des élèves ont disparu des radars, parce que beaucoup n’avaient pas de matériel informatique.

Démarche partenariale

Ce faisceau de paramètres poussa Éric Mutschler et quelques bonnes volontés à lancer en 2021 l’association PC Solidaire, rapidement montée en puissance. Levier essentiel : l’apport décisif de l’État via un apport de 200 000 € au titre du plan pauvreté. «Il nous fallait un modèle professionnel, ne pas reposer sur le seul bénévolat, ne pas être non plus une entreprise d’insertion», poursuit Éric Mutschler. Les planètes se sont alignées : dons d’entreprises, de collectivités, embauches de salariés, ouverture d’un magasin à Montigny-lès-Metz, d’une boutique en ligne, partenariats noués avec la CAF, Malakoff, Enedis, la Poste, la ville de Metz, le département de la Moselle, le Centre Pompidou-Metz, ArcelorMittal… PC Solidaire a permis de sauver plus de 4 000 ordinateurs de la destruction et d’équiper gratuitement plus d’un millier de bénéficiaires. Dans son atelier de Metz-Nord, chaque ordinateur est démonté, dépoussiéré, nettoyé avec minutie, les pièces défectueuses étant systématiquement remplacées et un nouveau système d’exploitation installé. Avant remise dans le circuit et vente au prix du marché du reconditionné (coût de 160 € l’unité pour l’association). Les clients financent ainsi gratuitement le programme d’action, avec la garantie un matériel de qualité. C’est la possibilité pour les collectivités locales et les entreprises mécènes d’engager des programmes d’équipement de bénéficiaires. L’action labellisée d’utilité sociale essaimait avec des perspectives. Jusqu’à l’an passé. L’État renouvela une aide conditionnelle dans le cadre du Pacte des solidarités, à 50 %, les autres 50 % devant être pris en charge par le département. Un imbroglio inextricable aboutit pour PC Solidaire à l’extinction pure et simple d’un apport de 200 000 €. «Un coup sur la tête, brutal. Nous avons été obligés de nous séparer de cinq salariés, de fermer notre magasin. Depuis septembre, nous sommes en plan de continuation, de redressement judiciaire jusqu’en mai. La situation nous demande de revoir notre modèle PC Solidaire s’orientant vers un fonctionnement plus réduit, plus partenarial avec les pouvoirs publics. Sur les 160€ de coût d’un ordinateur, l’association financera 80 €, resteront à charge pour ceux nous suivant les autres 80 €. Nous réaménageons notre atelier où nous allons intégrer notre boutique. Le projet est d’ouvrir une boutique dans chacun des trois autres départements lorrains.» PC Solidaire aborde les choses de façon différente mais déterminée à continuer son engagement.