Patrick Martin, patron d'un groupe en très forte croissance pour diriger le Medef
Elu président du Medef jeudi pour les cinq années à venir, l'actuel numéro deux de l'organisation patronale Patrick Martin est à la tête d'une entreprise en très forte croissance...
Elu président du Medef jeudi pour les cinq années à venir, l'actuel numéro deux de l'organisation patronale Patrick Martin est à la tête d'une entreprise en très forte croissance, au carrefour de nombreux secteurs économiques.
Agé de 63 ans, ce diplômé de Sciences Po Paris et de l'Essec, au visage sévère quand il ne s'illumine pas par intermittence d'un large sourire, rejoint en 1987 le groupe familial de distribution à destination de professionnels (B to B) Martin Belaysoud Expansion.
Il en prend le contrôle majoritaire en 2014 à la suite d'un conflit d'actionnaires l'opposant à son frère Jean-Christophe devant le tribunal de commerce de Lyon.
Basé à Bourg-en-Bresse, ce groupe qui fabrique aussi des équipements pour les industries pétrolière, gazière et aéronautique, était une simple quincaillerie lors de sa fondation en 1829.
Sous la direction de son père Jean-Yves Martin puis de Patrick, l'entreprise a racheté 45 sociétés depuis les années 90 et compte aujourd'hui plus de 200 sites en France, ainsi que des implantations en Slovaquie et au Maroc.
Un seul de ces rachats a concerné une entreprise en liquidation à la barre du tribunal de commerce mais d'autres "ont rencontré des difficultés et auraient pu, à ce titre, passer sous mandat ad hoc ou de conciliation" sous le sceau du secret, selon le magazine Challenges.
"Quand j'ai pris les rênes de cette entreprise, elle réalisait quelques dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires, elle en a développé en 2022 plus d'un milliard", se félicite le nouveau numéro un de la première organisation patronale française.
Capitaine d'industrie
En 2022, la famille Bradley - Martin a été classée par Challenges au 389ème rang des plus grandes fortunes françaises, avec une fortune évaluée à 300 millions d'euros. Son beau-frère Andrew Bradley préside le conseil de surveillance du groupe.
"Dans les cinq prochaines années si les choses se passent bien - et c'est parti pour - j'aurai à recruter 1.500 personnes", anticipe Patrick Martin.
La grande diversité des entreprises clientes de son groupe lui a servi pour son parcours au sein de l'organisation patronale, où il a successivement dirigé le département de l'Ain, la région Rhône-Alpes puis la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes.
En 2018, Patrick Martin candidate une première fois pour la présidence du Medef avant de se désister en faveur de Geoffroy Roux de Bézieux, qui le nomme président délégué, ce qui fait de lui le numéro deux de l'organisation et lui donne une importante surface médiatique.
Il revendique pleinement l'héritage de ce quinquennat, tout en disant vouloir au cours des cinq prochaines années mettre l'accent sur la formation et l'employabilité des salariés, ainsi que sur une présence renforcée du Medef auprès des institutions européennes.
"Il a montré qu'il pouvait à la fois être pugnace et arriver à des compromis", dit de lui Paola Fabiani, présidente du groupe de centres d'appels Wisecom qui dirige au sein du Medef le Comex 40, un "incubateur d'idées" composé de patrons quadragénaires.
Pour le président du Medef de l'Est parisien (Seine Saint-Denis et Val-de-Marne) Bastien Brunis, Patrick Martin "est une figure tutélaire" qui aime "la convivialité".
"Son premier abord renvoie à quelqu'un de très classique, avec un air un peu sévère, toujours tiré à quatre épingles. Ce n'est pas quelqu'un qui se livre facilement", estime pour sa part le maire socialiste de Bourg-en-Bresse Jean-François Debat.
Selon l'édile qui le connaît depuis plus de 20 ans, "c'est un capitaine d'industrie, libéral, de droite dans ses convictions sans que je ne l'ai jamais entendu avoir une quelconque faiblesse pour une position extrémiste".
Marié à une Néerlandaise et père de trois filles, Patrick Martin est un adepte des sports de haute montagne qui a aussi pratiqué le rugby dans sa jeunesse.
"La haute montagne, ça demande de la préparation, de la technicité, ça demande de connaître et de surmonter les éléments" et "avant toute chose d'avoir une cordée solidaire et soudée, qui ne tire pas à hue et à dia", explique-t-il.
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