Pas-de-Calais: 6.310 migrants secourus en mer en 2024, +30% sur un an
Le nombre de migrants secourus en mer dans le Pas-de-Calais a bondi de près de 30% en 2024, totalisant 6.310 personnes, selon un bilan annuel publié jeudi par la préfecture maritime de la...
![L'épave d'une embarcation semi-rigide et des gilets de sauvetage sur une plage de Sangatte (Pas-de-Calais), après une tentative avortée de traversée de la Manche par des migrants, le 4 décembre 2024 © BERNARD BARRON](/thumbs/1368×1026/articles/2025/02/36XN9UQ.jpg)
Le nombre de migrants secourus en mer dans le Pas-de-Calais a bondi de près de 30% en 2024, totalisant 6.310 personnes, selon un bilan annuel publié jeudi par la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Au total 45.203 migrants ont été impliqués l'an dernier dans une opération d'assistance ou de sauvetage en mer dans le détroit du Pas-de-Calais séparant la France de l'Angleterre (+26%), selon ce bilan.
Parmi ces personnes, la préfecture maritime (Prémar) a dénombré 72 décès et trois disparus dans la zone pour laquelle la France est responsable des opérations et de sauvetage en mer.
La semaine dernière, le patron de l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim) Xavier Delrieu a parlé de 78 morts en 2024, un record depuis l'apparition en 2018 du phénomène des "small boats" ("petits bateaux"), des embarcations de fortune, pour tenter d'atteindre les côtes anglaises.
La Prémar rappelle dans son bilan annuel que le nombre moyen de migrants à bord de ces embarcations "structurellement inadaptées" à la navigation en mer est passée en un an de 45 à 54 par bateau.
Cette surcharge est un facteur de l'augmentation du nombre des naufrages, selon la Prémar, qui relève aussi une hausse de la mortalité à bord de ces esquifs "suite à des asphyxies consécutives d'écrasement, directement liées" à leur nombre excessif de passagers.
Par ailleurs, "l'extension des zones de départ vers le sud" jusqu'à Dieppe, en Seine-Maritime, entraîne "mécaniquement un allongement des durées de traversées exposant plus longtemps les migrants aux éléments extérieurs ainsi qu'aux conséquences liées à la surcharge", relève encore la Prémar.
"Les phases d'embarquement et/ou retours sur la plage sont particulièrement dangereuses et chaotiques, engendrant des risques d'hypothermie voire de noyade et/ou d'asphyxie", souligne-t-elle également.
Passeurs et migrants sont tellement déterminés à atteindre le Royaume-Uni qu'ils n'acceptent souvent l'assistance proposée par les moyens de secours français "qu'en ultime recours" et dans une situation "d'extrême urgence", rappelle aussi la Prémar.
Mais pour les associations et ONG d'aide aux migrants sur le littoral français, la forte hausse du nombre de morts l'an dernier est plutôt à mettre sur le compte de la surveillance policière accrue de la frontière franco-britannique qui, loin de dissuader les migrants et leurs passeurs, les pousseraient à prendre encore davantage de risques.
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