Édition
Parution des Écrits de Leclerc
Fruits de 15 ans de travail, Sorbonne Université Presse vient de publier Les Écrits de Leclerc. L’ouvrage rassemble à la fois : ordres de missions du Maréchal Philippe Leclerc, allocutions, billets d’humeur, lettres à ses proches, à ses supérieurs comme le Général de Gaulle et ce de 1926 jusqu’au 27 novembre 1947, veille de son mortel accident d’avion dans le désert saharien. « Ne vous laissez pas abattre par les difficultés, la misère du moment, ni par le découragement », demandait encore peu de temps avant à ses troupes cet inépuisable patriote.
Le livre de près de 1 000 pages, qui pourrait d’abord intimider, se révèle monumental, immersif, passionnant. Natif du petit village de Belloy-Saint-Léonard, Philippe de Hauteclocque devenu François Leclerc nous emporte dans son épopée héroïque à travers la France, l’Angleterre, l’Afrique du Nord, sur les plages de Normandie, sur les pavés de Paris libéré, jusqu’au nid d’Hitler en Allemagne…
La plume du Maréchal Philippe Leclerc de Hauteclocque se révèle sans filtre, accessible, émouvante, vive, acerbe, humoristique, positive… « Me voilà sur un plumard d’hôpital (…) Ce n’est pas grave et ne demande qu’une seule chose : de la patience», écrit-il ainsi en mars 1936 à sa sœur Yvonne (qu’il surnomme Vonette), suite à son accident de cheval qui le laissera pourtant boîteux… De bout en bout, le libérateur de Paris et de Strasbourg croit en sa bonne étoile : « Il ne m’arrivera rien », prédit-il à son épouse-pilier, Thérèse (sa « bien aimée »), en juillet 40 et croit en la victoire : « Je ne renierai pas les principes d’honneur et de patriotisme qui m’ont soutenus pendant vingt ans. »
Tout au long de ces pages, Leclerc « le rebelle » n’hésite pas à émettre des critiques, à dévoiler son analyse du monde et de la société. Il témoigne son amour aux membres de sa famille en particulier pour son épouse : « Quelle femme splendide. Elle soulève, paraît-il tout le monde », indique t-il dans une note de août 1943 à Alger. Il évoque avec tendresse le château de Belloy où il a passé son enfance et son refuge Tailly, devenu le nom étendard de son char et de l’avion dans lequel il a trouvé la mort.
« Il faut lire ces écrits car ils sont de Leclerc lui-même, argumente Bénédicte Leclerc de Hauteclocque-Coste, sa petite-fille, qui a confié certains documents. Ces écrits rendent donc très bien compte de sa personnalité puisqu'ils transcrivent, sans personne interposée les décisions, les volontés, les réflexions, les élans de Leclerc. On a du "Leclerc" en direct. Ces écrits chronologiques permettent de comprendre le déroulement de la guerre, les contextes militaires et politiques, d'une manière différente des récits ou mémoires. On la voit se dérouler sous ses différents angles, comme si on y était. Ce livre donne un nouveau relief. On est en 3 D. »
Une fois la lecture des Écrits de Leclerc, achevée, reste une phrase prononcée à ses troupes avant le débarquement comme un chemin de vie : « Mais voyez-vous dans l’existence, on ne réussit que si on est obsédé par une idée. »