Paroles d’entrepreneurs
Elles sont plus de 300 à fourmiller dans l’immensité d’EuraTechnologies. Impossible de parler de chacune d’entre elles tant il se crée des entreprises chaque jour ou presque ! Nous avons choisi de mettre l’accent sur trois d’entre elles, que ce soit pour leur innovation, leur approche inédite ou leur rayonnement.
IVS : le pouvoir incontesté de l’image
Intelligent Video Software a été fondée en mai 2015, et son dirigeant, Franck Selve est loin d’avoir assez de 24 heures pour occuper ses journées. «Créer une entreprise, c’était une évidence. Quand je m’ennuie, je démissionne ! Mon entreprise est adaptée à mon caractère et je ne m’y ennuie jamais !», avoue cet ancien directeur innovation dans le Web. IVS propose des solutions d’analyse d’image et d’extractions d’informations intelligentes. Mais attention, Franck Selve insiste : «Nous n’enregistrons que les mouvements. L’image est immédiatement détruite dès qu’elle est traitée, nous sommes ‘RGPD1 friendly’.» Une différence de taille pour la PME qui avait déjà anticipé le règlement européen bien avant son application. Le capteur IVS Store s’adresse notamment au domaine retail, pour analyser les comportements des clients. En pleine mutation, le commerce doit se réinventer pour faire face aux géants du Web et cela passe bien entendu par un agencement du magasin savamment orchestré : quels sont les points d’engorgement ? Combien de temps restent les clients en magasin ? Vers quel corner se dirigent-ils ? Une cinquantaine d’enseignes se sont d’ores et déjà équipées des capteurs d’IVS (Vinci, Promod, Decathlon, Norauto…). «Ils souhaitent tous améliorer l’expérience client et redonner du sens au shopping. L’IA peut répondre à ces problématiques merchandising, marketing ou commerciales», poursuit Franck Selve. La PME – 10 salariés – a aussi imaginé un système de comptage précis pour les vitrines larges (à l’image des boutiques en centres commerciaux). Le capteur est fabriqué à Tourcoing et assemblé à Lille. Actionnaire d’IVS à 39%, le groupe BVA permet d’apporter ses compétences en merchandising, laissant ainsi à IVS l’expertise de la technologie. Quant à la localisation à EuraTechnologies, c’est avant tout une évidence : «Nous sommes directement passés en accélération. EuraTechnologies nous apporte des relations avec les autres start-up, mais aussi des complémentarités technologiques ou business.» C’est notamment le cas pour la nouvelle activité d’IVS – qui ferait l’objet d’une levée de fonds en 2020 – : le smart building. La PME a déjà remporté un contrat avec Vinci et SAP pour installer un capteur adapté à la gestion des salles de réunion. IVS va également accompagner le centre de congrès de Saint-Malo sur les problématiques de bâtiment intelligent.
Lituus, au service de l’agriculteur
Après deux ans de R&D, Roman Igual et Viktor Toldov ont imaginé un collier connecté pour l’élevage, et plus spécialement les vaches. D’abord passés par l’incubateur Cré’Innov, ils intègrent ensuite AgTech à Willems puis le programme “Scale” d’Euratechnologies. Avec une équipe de chercheurs de l’ISA Lille, les deux créateurs ont imaginé un collier connecté, d’une durée de vie de sept ans, pour mesurer les paramètres de vie de la vache : santé, bien-être et cycles de reproduction. «On parle beaucoup de stress thermique : il faut savoir que la température optimale d’une vache est de 13°C. Quand il fait 40°C, c’est terrible pour l’animal, cela peut causer des maladies et faire baisser la production de lait de 30%», explique Viktor Toldov. Grâce au collier connecté qui enregistre les moindres mouvements de l’animal, l’éleveur peut suivre, via un tableau de bord, l’état de santé de ses bêtes, mais surtout peut être alerté en cas de souci. «Si une vache est malade, les tanks sont jetés et cela représente une perte de chiffre d’affaires de trois jours. Et c’est très dangereux pour la santé publique», ajoute Roman Igual. Véritable outil d’aide à la décision, fonctionnant 24 heures sur 24, le collier Lituus est déjà testé par deux élevages de la coopérative Prospérité fermière à Arras. Une phase de test aussi en cours sur 400 hectares. Une première série d’une centaine de colliers – fabriqués et assemblés dans la région – va bientôt être lancée. Prochaine étape : l’industrialisation. «Nous nous concentrons pour l’instant sur le marché régional, mais nous sommes aussi intéressés par les régions comme la Normandie, la Bretagne, le Cantal ou encore l’Aveyron», précise Roman Igual. Ils espèrent lever des fonds l’an prochain, aidés par les contacts noués à EuraTechnologies.
UTOCAT : la blockchain accessible aux entreprises
Avant l’arrivée de l’incubateur FALC – l’incubateur mutualité FinTech, AssurTech, LegalTech et Cybersécurité d’EuraTechnologies, né en mai dernier –, les start-up de la fintech étaient plutôt peu présentes au sein de l’incubateur. «Nous avons été les premiers à faire entrer la finance à EuraTechnologies», se rappelle Clément Francomme, CEO d’UTOCAT. Surtout, l’entrée de l’entreprise s’est faite au prix d’un certain acharnement : «Ils m’ont refusé trois fois ! Mais la force de conviction a fini par les convaincre !» Aujourd’hui, la PME de 16 salariés équipe des grands noms du monde bancaire et assurantiels en logiciels blockchain, spécialisés dans la numérisation des processus. C’est par exemple le cas de la Caisse d’épargne Hauts-de-France qui utilise “Catalizr” – un des deux produits phares d’UTOCAT – pour clarifier le parcours d’investissement et faciliter la numérisation des titres non cotés. Autrement dit, il s’agit de supprimer certaines étapes «papier» pour accélérer le processus tout en certifiant les informations. «Dans un circuit classique, cela peut parfois prendre jusqu’à six mois dans le pire des cas, ce qui est très long dans le monde de l’investissement. Avec ‘Catalizr’, on peut passer à trois jours. Tout est dématérialisé, les bons documents sont transmis aux bonnes personnes dans des délais ultra rapides», précise le CEO. L’autre solution développée par UTOCAT – “Blockchainiz” – est une plateforme d’accès à la blockchain qui permet aux clients de développer leurs propres applications blockchain. D’ici deux ans, UTOCAT espère pénétrer le marché européen (notamment le Luxembourg et l’Italie), avec une équipe de 25 salariés et de 50 collaborateurs à horizon 2025.
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