Panama: les quatre visages de la présidentielle de dimanche
Un vétéran de la politique au tempérament affirmé, un ancien président fils de général, un ex-consul qui a fait de la corruption son cheval de bataille et un ancien ministre adepte de TikTok sont les quatre favoris...
Un vétéran de la politique au tempérament affirmé, un ancien président fils de général, un ex-consul qui a fait de la corruption son cheval de bataille et un ancien ministre adepte de TikTok sont les quatre favoris de l'élection présidentielle de dimanche au Panama.
Le premier, José Raul Mulino, dauphin de l'ex-président de droite Ricardo Martinelli, est largement en tête des intentions de vote, à plus de 35%. Les trois autres bénéficient d'un soutien compris entre 13 et 16%. Tous sont dans l'opposition.
Les quatre autres prétendants de ce scrutin à un tour à la majorité simple, dont José Gabriel Carrizo, du parti social-démocrate au pouvoir, sont crédités de moins de 8%.
Mulino, le dauphin de Martinelli
José Raul Mulino, un avocat de 64 ans au tempérament affirmé, avait quitté sa ferme et ses chevaux pour se porter candidat à la vice-présidence de l'ancien chef d'Etat Ricardo Martinelli (2009-2014) qui souhaitait biguer un nouveau mandat.
Mais l'ancien président de droite, réfugié à l'ambassade du Nicaragua après avoir été condamné pour blanchiment d'argent, a été disqualifié, et son dauphin l'a remplacé.
La candidature de Mulino a été contestée au motif qu'il n'avait pas participé aux primaires et qu'il n'avait pas de colistier. Mais la Cour suprême a validé vendredi in extremis sa candidature.
L'ancien ministre à la Sécurité sous le mandat de Martinelli, qui a promis de "fermer" l'accès à la dangereuse jungle du Darién aux migrants souhaitant se rendre aux Etats-Unis, a été placé entre 2015 et 2016 en détention provisoire pour corruption avant d'être libéré en raison d'erreurs de procédure.
- Torrijos, le fils du général
Martin Torrijos, président de 2004 à 2009, remonte sur le ring après un combat contre le Parti révolutionnaire démocratique (PRD) au pouvoir, fondé par son père il y a 45 ans et qu'il accuse de corruption et d'avoir abandonné ses idéaux sociaux-démocrates.
Chercher à se faire réélire "a été une décision de conscience", a dit à l'AFP le fils du défunt général Omar Torrijos, le dirigeant nationaliste arrivé au pouvoir en 1968 et signataire en 1977 avec les Etats-Unis des traités sur la rétrocession de la souveraineté du canal interocéanique au pays.
Âgé de 60 ans, ce diplômé en économie se présente désormais sous la bannière du petit Parti populaire (chrétien-démocrate). Pendant sa présidence, il a promu l'expansion du canal, qu'il souhaite encore développer.
Lombana, la hache contre la corruption
Ricardo Lombana (centre-droit) a passé des années à peaufiner son discours contre la corruption dans un pays marqué par le clientélisme.
A 50 ans, il se présente pour la deuxième fois à l'élection présidentielle, promettant des réformes pour limiter l'utilisation des fonds publics et supprimer les privilèges et passe-droits des hauts fonctionnaires.
"Les corrompus doivent se préparer car leur fête va prendre fin", a-t-il assuré à l'AFP.
Pendant la campagne, il a même brandi une hache comme symbole de sa promesse, dans une possible imitation de la tronçonneuse utilisée par le président ultralibéral argentin Javier Milei pendant sa campagne.
Avocat et ancien consul à Washington, il a en outre promis de réduire le coût de l'électricité avec l'installation massive de panneaux solaires.
- Roux, el enemistado excanciller de Martinelli
Romulo Roux, perdant des élections de 2019, a été ministre du Canal et des Affaires étrangères sous Martinelli. Mais face aux scandales qui ont impliqué l'ancien président et, au terme d'une lutte interne, il a réussi à arracher le contrôle du parti Cambio Democratico (centre-droit) fondé par Martinelli en 1998.
Cet avocat de 59 ans, formé à Miami, est cependant poursuivi pour ses liens avec un cabinet d'avocats spécialisé dans les mines de cuivre, à l'origine de manifestations massives fin 2023.
S'il remporte le scrutin, a-t-il dit à l'AFP, il ne fournira pas à Martinelli un sauf-conduit pour quitter l'ambassade du Nicaragua : "Je ne vais pas m'impliquer là-dedans", a-t-il assuré.
Avec les dates de naissance de ses sept enfants tatouées sur le bras, il a promis s'il est élu de créer 500.000 emplois et de lutter contre la corruption.
Adepte de TikTok, il est le candidat le plus ouvert à la possibilité d'autoriser les unions civiles entre homosexuels.
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