Ordre et autorité : Attal affiche sa bonne entente avec Darmanin

Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a fait de la "sécurité" et de "l'ordre" une de ses priorités absolues mercredi, affichant au passage sa bonne entente avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin comme pour mieux faire taire les rumeurs de...

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire (gauche) et Gabriel Attal, alors ministre chargé des Comptes publics, photographiés au ministère de l'Economie et des Finances à Paris le 19 juin 2023 © JULIEN DE ROSA
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire (gauche) et Gabriel Attal, alors ministre chargé des Comptes publics, photographiés au ministère de l'Economie et des Finances à Paris le 19 juin 2023 © JULIEN DE ROSA

Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a fait de la "sécurité" et de "l'ordre" une de ses priorités absolues mercredi, affichant au passage sa bonne entente avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin comme pour mieux faire taire les rumeurs de rivalités au moment où s'accélère la formation du gouvernement.

Le Premier ministre était de retour à l'Elysée mercredi soir pour un dîner de travail avec Emmanuel Macron, comme la veille et comme au déjeuner. Au plus tôt, un nouveau gouvernement pourrait être annoncé jeudi après-midi, selon l'entourage présidentiel.

Lors d'une visite dans un commissariat de police à Ermont (Val d'Oise), près de Paris, Gabriel Attal a affirmé qu'il ne conçoit pas "de société sans ordre et sans règles", bien décidé à faire de l'autorité une de ses marques de fabrique comme à l'Education précédemment.

"Les Français aspirent à vivre tranquillement et paisiblement dans notre pays", a-t-il ajouté en référence aux émeutes urbaines de l'été 2023 qui ont aussi touché Ermont. "Ils sont dans l'attente que nous poursuivions cet effort absolu pour leur sécurité", a-t-il insisté.

Gabriel Attal a aussi pris soin de mettre en scène sa propre autorité alors que beaucoup s'interrogent sur sa marge de manoeuvre future face à des ministres plus expérimentés et qui visent déjà la succession du président de la République Emmanuel Macron.

Le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur sortant, dont la présence a semblé confirmer sa reconduction, sont apparus tout sourire. Même si Gérald Darmanin était parfois en retrait, l'air pincé.

Reset

Au lendemain de sa nomination, le nouveau locataire de Matignon a intensifié ses discussions avec le chef de l'Etat sur le futur casting gouvernemental. Le président "a envie de faire un peu reset", confie une source au sein de l'exécutif.

La composition du futur gouvernement pourrait être dévoilée dès jeudi, au moins au niveau des ministres de plein exercice, selon des sources au sein de l'exécutif. Celle des secrétaires d'Etat interviendrait dans un second temps.

"La logique voudrait un Conseil des ministres avant la fin de la semaine, mais je ne sais pas s'ils vont assez vite pour cela", a relevé une source gouvernementale.

Les ministres de plein exercice pourraient être entre 12 et 16, leur nombre actuel, avec une parité totale entre hommes et femmes, ce qui complique la donne au vu de la surreprésentation masculine parmi les ministres pressentis. 

Devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République, l'éphémère ministre de l’Éducation nationale va composer son équipe sous le signe du "réarmement" et de la "régénération" souhaités par Emmanuel Macron.

Dans l'attente de la fumée blanche, des noms ont commencé à circuler.

Cause de l'école

Bruno Le Maire, autre poids-lourd qui pourrait avoir mal vécu la nomination du jeune Attal à Matignon, est donné restant à Bercy, de même qu'Éric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu aux Armées.

Dans une précédente configuration envisagée il y a quelques jours, Sébastien Lecornu aurait changé de poste, et la Défense avait été proposée à Elisabeth Borne qui, selon BFMTV, l'a refusée.

La ministre des Solidarités Aurore Bergé pourrait être promue à l'Éducation nationale, à moins que le poste ne revienne à l'ex-ministre Amélie de Montchalin ou encore à Amélie Oudéa-Castéra qui garderait aussi les Sports.

Ce portefeuille de l'Education sera examiné de près puisque Gabriel Attal, son éphémère détenteur, a promis d'emmener "la cause de l'école" avec lui à Matignon. 

Les spéculations fusent aussi sur ceux qui pourraient quitter le navire, comme plusieurs ministres de l'aile gauche de la Macronie qui avaient exprimé leur désaccord avec la loi sur l'immigration. 

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui attend son jugement le 17 janvier dans une affaire de favoritisme, serait aussi sortant.

Equation difficile

L'exécutif doit également trouver un difficile équilibre pour la composition d'une équipe gouvernementale que certains voudraient plus resserrée.

Les exigences sont multiples: essayer de respecter la parité, ne pas négliger les alliés du MoDem et Horizons, sans oublier de traiter des secteurs soucieux d'avoir un ministre pour les représenter.

Le nouveau Premier ministre, également chef de la majorité, s'est entretenu dès mardi soir avec Edouard Philippe et mercredi avec François Bayrou, deux ténors de la majorité qui ne voyaient pas forcément d'un très bon oeil son arrivée à Matignon.

François Bayrou a confié au Parisien ses "interrogations" sur "l'expérience" de Gabriel Attal pour occuper le poste de Premier ministre. Manière de faire "monter les enchères pour peser sur la composition du gouvernement", analyse un cadre macroniste parlementaire.

bur-vl-are/hr/dch   

34BZ88L