Commissaires aux comptes
« On se doit de communiquer davantage », Grégory Mouy, président de la CRCC Hauts-de-France
Si le congrès régional des commissaires aux comptes aura lieu cette année les 20 et 21 octobre prochains à Chantilly, certains d’entre eux seront au Touquet début juillet pour Campus Experts, deux journées professionnelles de formation et d’information réservées aux experts-comptables des Hauts-de-France. Grégory Mouy, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes (CRCC), revient ici sur sa présence et celle de ses pairs dans la station balnéaire, et évoque l’avenir de sa profession.
Picardie La Gazette : Pourquoi est-ce important pour la Compagnie régionale des commissaires aux comptes d’être sur cet événement ?
Grégory Mouy : Cela permet de rappeler à l’environnement qui on est, et de réaffirmer la profession, son avenir, ses orientations, et quels sont les enjeux actuels. Il y en a un certain nombre ! En matière de commissariat aux comptes, on est sur une période post-PACTE, la loi PACTE qui nous a sortis d’un grand nombre d’entités, où nous assurions les missions régaliennes de certification des comptes.
Maintenant, on a aussi toutes les missions qui vont arriver en matière de RSE, donc tout ce qui est responsabilité sociale et environnementale. Plus ça va avancer, plus il va être demandé à des tiers indépendants de certifier les données extra financières. Donc, nous, commissaires aux comptes, on espère vraiment obtenir des missions dans ce sens-là.
Justement, quel regard portez-vous, en tant que président, sur l’évolution de votre profession ?
On a une mission de plus en plus normée, on a de plus en plus de contrôles, et ça c’est bien parce qu’il faut absolument que ça puisse faire croître la qualité de l’audit. Mais on est aussi post-PACTE, à un virage où la profession est en train de se remettre en question.
On doit se tourner vers notre environnement, on se doit de communiquer davantage, on se doit d’être de plus en plus chez nos clients. Auparavant, le commissaire aux comptes faisait son travail mais ne communiquait peut-être pas avec son environnement et ses clients sur ce qu’il avait fait.
Je pense que c’est très important d’expliquer, de faire des comptes rendus, de présenter également à l’assemblée générale des associés ou des actionnaires ce qu’on a réalisé, parce que la mission des commissaires aux comptes est assez abstraite.
On a effectivement une mission d’intérêt général qui est la révélation des faits délictueux et qui est la procédure d’alerte, mais ce n’est pas ce qu’on fait tous les jours. Ce qu’on fait tous les jours, c’est certifier les comptes, c’est certifier des états financiers qui sont arrêtés et établis par des experts-comptables quand il y en a un, sinon par l’entité. Quand le sceau du commissaire aux comptes apparaît, l’établissement bancaire amené à prêter de l’argent est quand même plus tranquille.
Mais les entités sous le seuil, si elles le souhaitent, peuvent continuer à faire appel à vous…
Effectivement, les entités ont la possibilité aujourd’hui, avec les nouvelles dispositions législatives, de nommer un commissaire aux comptes. C’est la mission ALPE, l’Audit légal des petites entreprises, qui permet aux structures en dessous des seuils de nommer un commissaire aux comptes qui va donner son avis sur ses procédures, ses comptes, etc.
Il faut vraiment que les entreprises dont on est sortis, et qui ne sont pas forcément structurées, prennent conscience que le commissaire aux comptes n’est pas une unité de compte, il apporte beaucoup. Dans ce cas-là, c’est super important d’avoir un tiers indépendant qui vient regarder ce qu’il se passe. Mais il faut bien appréhender ce qu’il fait et ce qu’il peut apporter, parce que si on ne le prend que comme un contrôleur, ça ne sert à rien.
Les deux années de crise sanitaire ont également fait bouger les lignes…
On s’attendait en fait, par rapport au Covid, à un grand marasme économique, sauf que les entreprises ont tellement été soutenues… Mais là, on va arriver au mur, où il va falloir rembourser les prêts garantis par l’État et les dettes sociales. On risque d’avoir des problèmes de continuité d’exploitation. Pour le coup, notre mission d’intérêt général de vérifier la continuité d’exploitation des entités va prendre toute sa mesure. Il faut vraiment qu’on soit vigilants et qu’on soit chez nos clients.
Sur Campus Experts, de quelle manière allez-vous intervenir ?
En ce qui nous concerne, on va intervenir sur deux ateliers : d’abord un atelier qui porte sur la nouvelle norme de déontologie, puisqu’on a un code de déontologie qu’on se doit de respecter. Le Haut Conseil du commissariat aux comptes (H3C) et la Chancellerie ont souhaité qu’il y ait une nouvelle norme qui vienne en complément du Code de déontologie. Donc, si d’ici-là cette norme est sortie, il s’agira de la présenter aux confrères et de leur préciser comment on va l’appliquer. Ensuite, un autre atelier qui concerne Smartfec+, un outil digital d’audit développé par la Compagnie nationale, qu’on détaillera sur Campus Experts.