Jérôme Dumont, président du GIP Objectif Meuse
«On a besoin d’industries fortes sur notre territoire»
À la tête du GIP Objectif Meuse depuis trois ans, Jérôme Dumont par ailleurs président de l’exécutif meusien fait le point sur les missions et les enjeux de cet organisme public né en 2000 dans le cadre de la création du laboratoire souterrain de recherche de déchets radioactifs de Bure. La réindustrialisation de ce territoire rural fait partie des priorités.
Les Tablettes Lorraines : Les récentes décisions du Tribunal de commerce de Bar-le-Duc concernant des entreprises emblématiques comme la Papeterie de Stenay, Bergère de France ou encore la Meusienne ont fait la une de l’actualité. Quel est votre sentiment face aux disparitions possibles de ces grands noms industriels ?
Jérôme Dumont : Évidemment, il y a une inquiétude par rapport à ces fleurons de notre industrie. Je pense notamment à la papeterie de Stenay au regard de ce qu’elle représente en termes d’emplois dans l’arrondissement. On travaille très bien avec l’ensemble des acteurs économiques que ce soient la Région, l’État et la ville de Stenay pour accompagner un futur repreneur et les salariés. Ce serait un drame si ce savoir-faire devait s’arrêter. Pour Bergère de France et La Meusienne, on espère des solutions comme c’est le cas pour la Scop de La Meusienne. Nous sommes tous mobilisés pour maintenir et développer le tissu industriel meusien ce qui fait partie de l’ADN du GIP. Les mauvaises nouvelles font la une, mais nous pourrions évoquer aussi toutes les entreprises qui vont bien. Et elles sont nombreuses. Je pense qu’un département rural comme la Meuse ne se développera que par la réindustrialisation. On a vraiment besoin d’industries fortes sur notre territoire.
Vous présidez le GIP depuis trois ans, est-ce un atout économique pour ce territoire rural ?
C’est avant tout une chance. Nous sommes par exemple les seuls à intervenir sur l’immobilier d’entreprise. Le GIP est un accélérateur de projets. C’est ce qui nous remonte du terrain lors de nos visites auprès des entreprises accompagnées. On est désormais reconnu comme étant un partenaire fondamental des investisseurs publics et privés que nous accompagnons sur la durée. Depuis 2008, 4 500 projets ont été accompagnés. 51 millions d’euros engagés pour 2022 et 2023 dont 17 millions d’euros d’aides directes aux entreprises mais aussi une quarantaine de projets liés à la maîtrise de la transition énergétique. Quand on subventionne des projets, les entreprises locales en bénéficient pour les travaux, c’est donc de la richesse et des retombées économiques indirectes. On ne peut pas intervenir partout, mais nous accompagnons, au-delà du secteur industriel et économique, les acteurs de la formation.
Vous voulez dire que le GIP, ce n’est pas seulement un chéquier qui apporte des aides financières ?
Tout à fait, on est un acteur de la vie économique qui œuvre au développement du tissu industriel et territorial. On a des projets sur les grandes thématiques autour de la transition énergétique et des nouvelles technologies de l’énergie. On a d’ailleurs été un des financeurs de la centrale du réseau de chaleur de Lacto Serum France et de son partenaire Newheat, du côté de Verdun. Si on veut réindustrialiser, il faudra accompagner et trouver des solutions en lien avec la transition énergétique des sites industriels. Parmi nos missions, un volet d’aménagement du territoire est identifié en lien avec les collectivités en vue de l’accueil du projet Cigéo.
Est-ce que le GIP est un argument d’attractivité pour attirer des entreprises industrielles ?
C’est un facteur discriminant positif pour faire venir de nouvelles entreprises. Mais le GIP par son soutien participe en même temps au développement des entreprises meusiennes déjà implantées sur son territoire et qui grandissent progressivement. Sans cette participation économique, certains projets se feraient mais plus lentement quand d’autres ne se feraient pas du tout.
Quels sont les autres axes de travail et de soutien du GIP ?
On a un volet d’innovation qui me tient à cœur. Récemment, nous avons visité avec le préfet le centre de recherche d’innovation et de transfert de technologie en techniques Jet fluide et usinage de Bar-le-Duc qui est à la pointe de la technologie. Je pourrai également citer le Pôle de compétences en environnement souterrain (PoCES) et ses formations accueillies sur le site d’Écurey. On souhaite par ailleurs accompagner les lycées dans leur demande d’investissement industriel. Si on veut développer l’industrie, on devra mieux former les Meusiens et impulser une montée aux compétences. On veut répondre aux défis de demain en soutenant l’attractivité des métiers industriels. La Meuse doit être au rendez-vous.
Propos recueillis par A.M.