Olivier Véran, un porte-parole qui cherche sa voix

"Il fait des bourdes. Porte-parole, ça flingue", soupire un ministre. Les approximations de l'ambitieux porte-parole du gouvernement Olivier Véran, pas toujours appréciées à l’Élysée comme dans la majorité, illustrent aussi les errances de communication...

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, le 20 septembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, le 20 septembre 2023 à Paris © Ludovic MARIN

"Il fait des bourdes. Porte-parole, ça flingue", soupire un ministre. Les approximations de l'ambitieux porte-parole du gouvernement Olivier Véran, pas toujours appréciées à l’Élysée comme dans la majorité, illustrent aussi les errances de communication d'un quinquennat qui peine toujours à démarrer.

Infatigable porte-parole ? Des dizaines de compte-rendus du Conseil des ministres, d'innombrables interviews, d'incessants déplacements: rien ne semble pouvoir réfréner Olivier Véran. Il lui arrive même de tendre le micro. Ainsi cette vidéo où il promeut son application "citoyenne", Agora. Et cette question posée aux passants: "est-ce que vous pensez que les hommes politiques écoutent assez les Français ?"

Soldat hyper-loyal de la Macronie depuis 2017, le neurologue de 43 ans y est décrit comme "hyperactif", capable de "parler de tout et de rien". Une exigence du poste. Mais aussi "fatigué".

Il est un des rares ministres connu du grand public depuis la crise du Covid-19, un fin débatteur jamais à court d'arguments. Fussent-ils parfois imprécis ou fallacieux.

A la Santé, déjà, quand il avait nié l'utilité des masques au début de la crise du Covid-19. Au porte-parolat, forcément, où il prend la suite d'Olivia Grégoire, éphémère titulaire du poste, mais surtout de Gabriel Attal, qui y avait effectué un passage remarqué.

"Le porte-parole, ce n'est pas celui qui fait, c'est celui qui dit" et "quand ça se passe un peu moins bien, c'est souvent celui qui porte la parole que l'on peut accuser des difficultés", résume M. Véran pour l'AFP.

Ainsi lorsqu'il a assuré que tous les retraités toucheraient 1.200 euros mensuels minimum ou que la mobilisation contre la réforme faisait "prendre le risque d'une catastrophe écologique, agricole, sanitaire, voire humaine dans quelques mois". Dernier ratage en date, la vente à perte de carburant: c'est sur 47 centimes de moins par litre que les Français pourraient compter. Las, quelques centimes tout au plus et la mesure a été enterrée par Emmanuel Macron.

Ministre de la parole, "on ne retiendra que celle qui a été malheureuse", excuse un ministre. "Une erreur d'ensemble" mais "tout le monde a été réglo", explique l'intéressé.

"Le porte-parole fait ce qu'il peut avec ce qu'il a entre les mains", relativise-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron.

-"Ministre de la démocratie"-

L'Isérois ne dissimulait guère vouloir changer de portefeuille avant le remaniement. Pendant sa première année de porte-parolat, son entourage se plaignait volontiers de ne pas être toujours au courant des arbitrages d'Emmanuel Macron, l'obligeant parfois à l'improvisation.

"Beaucoup de gens ont voulu sa tête", glisse une conseillère. Mais "l'Élysée a eu peur de sa puissance médiatique" s'il quittait le gouvernement, selon une source chez Renaissance. Emmanuel Macron a besoin de relais. De là à accaparer la lumière...

Plusieurs sources ont raconté comment le président avait rhabillé son idée de "préférendum" devant les chefs de partis. "Il nous a dit qu'il ne savait pas ce que c'était", a relaté le patron des LR, Éric Ciotti.

"Il est chargé du Renouveau démocratique, il est dans son rôle. C'est à lui de proposer des choses", évacue-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron.

Olivier Véran, "il est tout en muscles", observe Émilie Zapalski, spécialiste de communication politique. Mais pour elle, c'est davantage la stratégie macronienne qui est à interroger.

Elle suppute "une confusion entre marketing et communication": "à chaque fois qu'il parle, il faudrait qu'il annonce quelque chose de bien".

Classé à gauche dans la Macronie, Olivier Véran a le soutien d'Élisabeth Borne. Celui qui "croi[t] bien" avoir voté François Bayrou au premier tour en 2007 et Nicolas Sarkozy au deuxième est devenu député sous l'étiquette socialiste, suppléant de Geneviève Fioraso en 2012. 

L'avenir ? "Il veut faire de la politique", souligne une ancienne collègue. "Aussi loin que je remonte, j'ai toujours été séduit par l'idée de représenter les autres", confie-t-il dans un livre ("Par-delà les vagues", Robert Laffont). "Je veux seulement avoir mon mot à dire partout où je le peux, dès que cela me concerne".

Également ministre du Renouveau démocratique -"ministre de la démocratie", simplifie-t-il parfois-, il s'est lancé dans un "tour de France" anti-RN, pour "montrer que la République est partout". Contrairement à Gérald Darmanin, lui ne croit pas à une victoire de Marine Le Pen en 2027.

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