nouvelle frontière pour les régions ?
Aux premières Assises de l'économie circulaire, l'Association des régions de France présente les grandes lignes du guide d'accompagnement destiné aux régions, qui sera publié en octobre.
«L’économie circulaire n’est pas la nouvelle mode, mais une extrême nécessité», explique Janneke Van Veen, représentante de l’OVAM, agence publique dédiée au développement durable pour la Flandre (Belgique). C’était le 17 juin, à Paris, au cours d’un débat sur «créer une dynamique territoriale par un développement économe en ressources», lors des premières Assises de l’économie circulaire, organisées par l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie et l’Institut de l’économie circulaire, à Paris. En Flandre, depuis 2012, un vaste plan d’action qui réunit des participants du secteur privé, public et civil a été engagé en ce sens. L’OVAM y joue un rôle de «coordinateur et de catalyseur», précise Janneke Van Veen. En France, des collectivités ont commencé à développer des actions qui vont dans la direction de l’économie circulaire, notamment en Aquitaine, Bretagne, Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes. L’objectif, à présent, consiste à «donner de l’ampleur» au phénomène, estime Jean-Michel Lobry, journaliste, animateur du débat. L’an dernier, la Conférence environnementale a acté l’importance stratégique de l’économie circulaire pour le développement économique des régions et la pertinence de stratégies à cet échelon. une étude a été lancée pour préparer un guide d’accompagnement, destiné à aider les institutions dans l’élaboration de cette stratégie. L’outil sera disponible en octobre, promet Auxilia, cabinet de conseil en développement durable, auteur de l’étude, dont les principales conclusions ont été présentées lors du débat. Premier constat, explique Caroline Valluis, directrice adjointe d’Auxilia, sur les territoires, «les régions sont très actives mais elles ne sont pas les seules (…) il faut travailler sur une coordination de ce foisonnement», estime-telle. Pour plus d’effcacité, les territoires doivent se fxer des priorités et donner de l’impulsion là où il existe déjà de «bonnes pratiques». Il est également important de veiller à la gouvernance, avec la participation à l’élaboration d’une stratégie et le soutien à la recherche et au développement. Autre direction de travail, «la Région doit aussi participer à ces démarches dans sa propre activité», poursuit Caroline Valluis. Exemples : conditionner l’attribution de ses éventuelles aides au respect de critères de l’économie circulaire, ou encore se montrer exemplaire, notamment dans sa politique d’achats.
Assumer un nouveau cap
En Rhône-Alpes, déjà, un club réunit les acheteurs de collectivités locales, autour de l’achat responsable. Et la Région mène des appels à projet pour encourager les initiatives qui intègrent les principes de l’économie circulaire. «Nous sommes très attentifs aux moyens d’accompagnement», précise Alain Chabrolle, vice-président délégué à la santé et à l’environnement au Conseil régional Rhône-Alpes (EELV). Autre territoire engagé dans cette démarche : le Nord – Pas-de- Calais. «Nous sommes les enfants de la première et de la deuxième révolution industrielle. Nous sommes bien placés pour savoir que ce modèle est mort. Mais le nouveau n’a pas encore pris forme. La transition de l’un à l’autre est notre sujet», explique Jean-François Caron, conseiller régional Nord – Pas-de-Calais (EELV). une transition qui implique «un nouveau modèle d’action pour les collectivités» en mode projet, précise l’élu. Concrètement, la Région est engagée dans un «master plan», conçu avec la contribution de l’économiste Jeremy Rifkin, et qui se concentre sur des projets autour de biens communs. «Dans beaucoup de régions, on reste dans une logique de persuasion. Notre chance est que l’ensemble des acteurs a globalement accrédité l’idée que le modèle doit changer pour devenir plus sobre, plus collaboratif», commente Jean-François Caron. Pour l’ARF, l’Association des régions de France, l’économie circulaire représente un enjeu fort pour les territoires, en matière de santé, d’emploi, de développement économique. Alain Chabrolle affrme la volonté de l’association de «mettre en mouvement les territoires». Avec un espoir, celui que l’économie circulaire «redonne un souffe» à une société que Jean-François Caron décrit comme marquée par des comportements de «fuite en avant», mais aussi parcourue de «signaux faibles» qui autorisent à l’optimisme.