Nouvelle-Calédonie: un homme tué par un tir de gendarme, dixième mort dans les violences

Un homme de 38 ans, membre de la famille d'un dirigeant kanak de Nouvelle-Calédonie, a été tué mercredi à l'est de Nouméa dans un échange de tirs avec les gendarmes, ce qui porte à dix le nombre de morts dans...

Un gendarme du GIGN en opération à Nouméa, lors de la visite du président Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie le 23 mai 2024 © Ludovic MARIN
Un gendarme du GIGN en opération à Nouméa, lors de la visite du président Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie le 23 mai 2024 © Ludovic MARIN

Un homme de 38 ans, membre de la famille d'un dirigeant kanak de Nouvelle-Calédonie, a été tué mercredi à l'est de Nouméa dans un échange de tirs avec les gendarmes, ce qui porte à dix le nombre de morts dans les violences qui secouent l'archipel depuis la mi-mai.

Les faits se sont déroulés dans la matinée dans le secteur de la tribu kanak de Saint-Louis sur la commune du Mont-Dore, a précisé le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas.

Un résident de cette tribu a été mortellement blessé par le tir d'un gendarme du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) à proximité de l'église de la mission de Saint-Louis, selon la même source.

Le militaire a fait "usage de son arme de service" dans une action de riposte à une attaque caractérisant un péril imminent pour ses camarades et lui-même", a ajouté le procureur, soulignant que les gendarmes de l'unité d'élite venaient d'être "directement visés par plusieurs tirs".

Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet, l'une pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, la seconde pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

"A ce stade de l'enquête, et sous réserve des investigations en cours, l'hypothèse d'une action de légitime défense pourrait être privilégiée au vu des circonstances ayant amené le gendarme à faire usage de son arme de service", estime le procureur.

Ce décès porte à dix le nombre de morts en Nouvelle-Calédonie depuis le déclenchement le 13 mai d'un mouvement de révolte contre un projet de réforme du corps électoral aux scrutins provinciaux.

Ce projet de loi constitutionnelle, accusé par les indépendantistes de marginaliser le poids de la population autochtone kanak, a été suspendu par Emmanuel Macron en juin, trois jours après la dissolution de l'Assemblée nationale.

Mais les troubles perdurent depuis dans le territoire océanien, qui a connu ces deux derniers mois les plus graves émeutes survenues localement depuis les années 1980. Outre les dix morts, dont deux gendarmes, ces violences ont causé des dégâts matériels considérables (incendies, destructions, pillages...).

Un regain de tension a été constaté après un vaste coup de filet mené à partir du 19 juin dans les milieux indépendantistes.

Treize personnes auxquelles il est reproché un rôle dans l'orchestration des émeutes sur le "Caillou" ont été mises en examen. Cinq d'entre elles demeurent incarcérées en métropole, des placements en détention provisoire à 17.000 km de l'archipel que des indépendantistes assimilent à une "déportation" de "prisonniers politiques".

Parmi ces détenus dans l'Hexagone figurent Christian Tein, le leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), accusée par les autorités d'avoir organisé les violences.

Multiples antécédents

L'homme tué mercredi, Rock Victorin Wamytan surnommé "Banane", est un petit cousin de Roch Wamytan, un grand chef coutumier kanak qui est aussi le président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, a indiqué ce dernier à l'AFP.

Il faisait l'objet d'un mandat de recherches en raison de sa participation supposée à une série de vols de véhicules avec usage ou menace d'une arme ces dernières semaines, selon le procureur.

Parmi ses "multiples antécédents judiciaires" relevés par la même source, "Banane" avait été condamné à de la prison ferme pour son rôle dans les émeutes de Saint-Louis en 2016. Il était sorti de détention en juillet dernier.

Malgré le déploiement de quelque 3.500 policiers et gendarmes, la sécurité est loin d'être rétablie dans la grande île, où le couvre-feu est maintenu au moins jusqu'au 15 juillet.

Les incidents continuent de s'y multiplier.

Dans la nuit de mardi à mercredi, une navette maritime, qui permet de relier le Mont-Dore Sud et Boulari à Nouméa, et ainsi de contourner les blocages de la route provinciale à hauteur de Saint-Louis, a été incendiée, a indiqué la province Sud dans un communiqué.

En outre la compagnie Aircalin, contrainte de réduire son programme de vols en raison de la crise, a été victime mardi soir d'une tentative d'intrusion dans une agence commerciale à Nouméa, selon un communiqué du transporteur, qui a annoncé une plainte.

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