Nouvelle-Calédonie: Manuel Valls de retour à Nouméa pour tenter d'amorcer des négociations
Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, revient samedi en Nouvelle-Calédonie, à peine un mois après son précédent déplacement, pour tenter de débloquer les négociations toujours au point mort sur l'avenir institutionnel de ce...

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, revient samedi en Nouvelle-Calédonie, à peine un mois après son précédent déplacement, pour tenter de débloquer les négociations toujours au point mort sur l'avenir institutionnel de ce territoire meurtri par les émeutes de 2024.
Fin février, son passage avait permis, pour la première fois depuis 2021, de réunir à la même table indépendantistes et loyalistes autour d'un calendrier et d'une méthode jugée constructive par tous les acteurs.
Depuis, les discussions ont continué et des "ateliers techniques" ont été organisés autour de six thématiques, dont la citoyenneté calédonienne, les compétences régaliennes, la gouvernance ou encore la décolonisation.
"Tout est fragile", a toutefois reconnu mardi Manuel Valls devant la délégation aux Outre-mer de l'Assemblée nationale. Le ministre entend néanmoins "entamer de véritables négociations politiques" lors de cette nouvelle visite de quatre jours, principalement dédiée à des rencontres avec les délégations locales.
À la différence de son précédent déplacement marqué par de nombreuses visites de terrain, M. Valls restera cette fois essentiellement à Nouméa. Il échangera toutefois dimanche soir avec la société civile calédonienne et visitera un lycée lundi matin.
Les discussions doivent débuter dès samedi après-midi et se prolonger jusqu'au 1er avril.
Cadre méthodologique clair
Mais malgré des progrès salués, les négociations peinent encore à débuter et le chemin reste long avant un accord.
Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), principale alliance indépendantiste désormais dirigée par Christian Tein – détenu en métropole pour son rôle présumé dans les émeutes de 2024 – exige "l'établissement d'un cadre méthodologique clair" avant de s'engager dans d'éventuelles négociations.
Ce cadre devra définir, poursuit le FLNKS dans un communiqué publié vendredi, "le format, le calendrier, la méthode et l'ordre du jour" de négociations qui ne débuteront pas avant l'aboutissement de discussions sur ce que le Front appelle des "éléments incontournables".
Ceux-ci concernent notamment la présence à la table des négociations de Christian Tein, qui devrait donc être sorti de prison, mais aussi la supervision des discussions par les Nations unies.
Autant de conditions rejetées par une partie significative des loyalistes. Ces derniers attendent désormais de "passer de la parole aux actes", a indiqué à l'AFP un conseiller des Loyalistes, principal parti non-indépendantiste, sous couvert d'anonymat.
"Nous sortons d'une semaine de discussions autour d'ateliers thématiques, on ne peut pas aller beaucoup plus loin (...). Les Calédoniens attendent que l'on ouvre les discussions", a-t-il précisé.
Le territoire français du Pacifique sud traverse une crise profonde depuis les émeutes de 2024, qui ont fait 14 morts et provoqué plus de deux milliards d'euros de dégâts. Le nickel, ressource vitale de l'archipel, est en pleine tourmente et les finances des collectivités sont exsangues.
Pour Philippe Dunoyer, élu du parti non-indépendantiste modéré Calédonie ensemble, "l'enjeu n'est pas uniquement politique, il est peut-être davantage économique, social et sanitaire".
"Si nous ne parvenons pas à un compromis, la Calédonie s'enfoncera inexorablement", alerte-t-il alors que se profilent également les élections provinciales, cruciales sur l'archipel et prévues fin novembre après avoir déjà été décalées d'un an.
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