Nouvelle-Calédonie: début de négociations très attendues sur l'avenir institutionnel
Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a ouvert mercredi des négociations sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie avec l'ensemble des forces politiques locales, indépendantistes comme non-indépendantistes, dans l'archipel...

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a ouvert mercredi des négociations sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie avec l'ensemble des forces politiques locales, indépendantistes comme non-indépendantistes, dans l'archipel meurtri par les émeutes de 2024.
"Après des premiers jours auprès des Calédoniens sur le terrain, une nouvelle étape s'ouvre ce (mercredi) matin avec le début des négociations sur l'avenir institutionnel. L'ensemble des formations politiques sont réunies autour d'une même table, pour la première fois depuis longtemps", a annoncé le ministère des Outre-mer dans un communiqué.
Les délégations se sont retrouvées mercredi au siège du haut-commissariat, le représentant de l'Etat sur place, à Nouméa. Tous les groupes invités ont répondu présents, y compris la délégation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), le principal groupe indépendantiste qui avait confirmé sa présence mardi soir.
Après une réunion avec l'ensemble des forces politiques indépendantistes et non-indépendantistes mercredi matin (dans la nuit à Paris), le ministre a reçu les différents mouvements en réunions bilatérales dans l'après-midi, avant une nouvelle séance plénière en soirée.
"Les discussions se sont bien passées, tout le monde a accepté de jouer le jeu", a indiqué à l'AFP le député non-indépendantiste, Nicolas Metzdorf, à l'issue de la rencontre.
Les autres formations politiques n'ont pas souhaité s'exprimer, mais un participant a confirmé à l'AFP "un début de négociations serein".
Ces trilatérales - Etat, indépendantistes et non-indépendantistes - sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie sont les premières discussions mettant autour de la table ces trois acteurs depuis de brèves discussions à l'Elysée en septembre 2023, rapidement avortées à la suite de quoi le FLNKS avait annoncé suspendre le dialogue.
Ce dernier s'était poursuivi entre loyalistes et indépendantistes mais était rompu depuis les violentes émeutes de mai 2024, qui ont fait 14 morts et plus de deux milliards d'euros de dégâts, en réaction au projet gouvernemental de dégel du corps électoral calédonien.
- Séjour prolongé -
Arrivé samedi à Nouméa, M. Valls a plaidé mardi pour la paix et le "vivre-ensemble" à la veille de l'ouverture des discussions.
Après une arrivée mouvementé, des habitants pro-Calédonie française lui reprochant une posture jugé trop conciliante avec les indépendantistes et un déni des référendums d'autodétermination de 2018, 2020 et 2021, il avait une première fois réuni toutes les délégations lundi pour expliquer sa méthode et fixer ses axes de travail.
Ceux-ci s'articulent autour du "lien avec la France", qui englobe le droit à l'autodétermination, la décolonisation et la question ultra-sensible du corps électoral, de la "gouvernance" et des compétences des institutions locales et enfin de la définition d'un "nouveau contrat social", avec l'accent mis sur la jeunesse.
Outre le FLNKS, les délégations présentes sont l'Union nationale pour l’indépendance (UNI), récemment sortie du FLNKS, le Rassemblement et des Loyalistes réunissant les principales figures non-indépendantistes, ainsi que Calédonie ensemble (CE) et l'Eveil océanien (EO) aux positions plus modérées.
Dans un communiqué, le ministère des Outre-mer a précisé que Manuel Valls a également convié "l'ensemble des maires du territoire pour un échange approfondi, afin de nourrir les discussions en cours".
"Le message porté est clair: sans compromis politique, pas d'avenir économique ; sans dialogue, pas de paix durable", ajoute le communiqué.
"La Nouvelle-Calédonie traverse un moment historique qui exige de chacun qu'il se hisse à la hauteur de ses responsabilités", affirme M. Valls, cité dans le communiqué.
Le ministre des Outre-mer a, par ailleurs, décidé de prolonger son séjour d'une journée, samedi, afin "de donner toutes les chances à la discussion", a-t-il indiqué devant la presse à l'ouverture des négociations.
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