Nouvelle boîte de vitesses à l’horizon 2017
Depuis 1980, l’usine fabrique des boîtes de vitesse pour le groupe. Une nouvelle, la MB6, a été annoncée en 2014. Une décision qui a rassuré 2 200 personnes. Et, depuis, l’entreprise mobilise et s’optimise.
Fin mai, le vaste site PSA Peugeot Citroën du Valenciennois (90 hectares dont 20 couverts dans le parc d’activités de l’Aérodrome à Trith-Saint-Léger), a célébré les 35 ans de sa création. Ce que l’on appelle aussi “l’usine mécanique de Valenciennes” est l’un des deux constructeurs du groupe spécialisés dans la fabrication des boîtes de vitesses. Depuis 1980, celle du Nord en a produit 38 millions.
Huit directeurs. A l’heure des discours, Frédéric Piskorski, directeur du site depuis le 1er avril de cette année, a expliqué que pour le groupe PSA, le Nord-Pas-de-Calais était sa première région de France en termes de production. Et le site nordiste, l’une des plus grandes usines de fabrication en Europe, dans son domaine. Il a précisé, en donnant leurs noms, que sept directeurs, avant lui, s’étaient succédé. Trois d’entre eux étaient présents à cet anniversaire : Robert Camus (1991-1998) ; Frédéric Przybylski (2009-2013) et Luc Samsoen (2013-2015). L’actuel directeur, diplômé de l’école des mines de Douai, est entré dans le groupe en 1990. Son poste précédent était celui de directeur de l’autre usine de boîtes de vitesse du groupe à Metz.
Banque d’organes. “L’usine, a-t-il dit, a été créée en 1980, sous le nom de SMAN, pour Société mécanique automobile du Nord. La naissance de notre site est l’une des concrétisations de la stratégie industrielle de PSA Peugeot Citroën visant à mettre en place une ‘banque d’organes communs’, en particulier pour les moteurs et boîtes de vitesses… Valenciennes a donc été choisie pour fabriquer des boîtes de vitesses, une activité qu’elle partage avec le site de Metz. Nous avons démarré l’activité avec la boîte BA7/5, une ‘boîte école’ qui était produite à Mulhouse et qui nous a permis d’apprendre notre métier…“
Aujourd’hui, le site du Valenciennois produit 6 150 boîtes par jour réparties dans trois grandes familles : la 5 vitesses manuelle BE (depuis novembre 1981) ; la boîte automatique AL4 (lancée en 1997) dont 80 % de la production vers le marché chinois ; la boîte 6 vitesses mécaniques compacte (démarrage en 2006) fabriquée en deux variantes.
Nouvelle boîte en 2017. Frédéric Piskorski a rappelé que le 25 février 2014, le personnel avait appris que la direction générale de PSA avait donné son accord pour une nouvelle fabrication et choisi Valenciennes. En jeu : la nouvelle boîte 6 vitesses manuelle MB6, “compacte”. Le directeur en a précisé les qualités : “un niveau d’agrément de passage de vitesses parmi les meilleurs de la concurrence“, “un prix optimisé“. Elle devrait voir le jour à la mi-2017 et serait produite à 500 000 exemplaires par an. Elle équipera d’abord les Peugeot 208, 2008 et 308…
L’annonce de cette nouvelle boîte a rassuré l’usine, le personnel (environ 2 200 salariés) et le territoire. Le directeur a bien fait comprendre à son auditoire que le lancement de cette “MB6” s’accompagnait, en interne, d’une stratégie interne extrêmement rigoureuse…
“Frugalité ingénieuse“. Devant les élus, le directeur a insisté sur ces marchés “plus tendus“, une concurrence “de plus en plus agressive“, ce qui oblige les équipes du projet MB6 à faire preuve de “frugalité ingénieuse“, un terme feutré qui veut dire : investissements industriels limités, redimensionnement de l’usine (cession de terrains inoccupés, usine rendue plus compacte…), optimisation des moyens de production existants, réutilisation de composants de la boîte BE, développement de la formation, du tutorat et réduction des coûts.
Pôle régional depuis janvier. Patrice Le Guyader, directeur du Pôle industriel régional nord (de PSA) a dit quelques mots. Il a notamment expliqué que pour des raisons de compétitivité et de synergie dans la stratégie européenne, les sites de la Française de Mécanique à Douvrin (moteurs essence et diesel), de PSA dans le Valenciennois (boîtes manuelles et automatiques) et de SevelNord à Lieu-Saint-Amand (véhicules utilitaires légers) avaient été regroupés. Ils représentent plus de 7 300 salariés.
L’éloge de l’industrie et des usines
Après les discours, les invités à la cérémonie ont découvert l’espace spécialement aménagé en prévision des portes ouvertes du samedi suivant, organisées à l’intention des salariés et de leurs familles. Sur le thème du futur, de l’optimisme et de la fierté, témoignages à l’appui, on y observait un concept-car, diverses animations ainsi que des éléments de la future boîte de vitesse. Juste avant, les interventions politiques avaient, en dehors des propos de circonstances, mis l’accent sur la place prise par l’automobile dans la région, en termes d’emplois et d’activités, à l’image du ferroviaire. Des élus, notamment les plus anciens, ont exprimé, avec des mots fermes, leurs souvenirs personnels, d’il y a 35 ans, et leur soutien à l’industrie.
Olivier Henno, vice-président (insertion) du Conseil départemental, a relevé les côtés “impitoyables” et “implacables” de l’économie, en insistant sur la part prise par l’automobile “dans les familles du Nord“.
Daniel Percheron, président du Conseil Régional, a estimé que le temps des certitudes “n’était plus” et que la France avait confié son destin à une Europe engagée dans un “libre échange absurde“, une Europe qui ne devrait songer à “consulter les peuples“. Dans cette “jungle mondiale“, il a affirmé que PSA et les usines restaient des valeurs sûres…
Alain Bocquet, député-maire de Saint-Amand-les-Eaux, lui en emboîté le pas en remettant dans les mémoires «19 000 emplois perdus en cinq ans dans le Valenciennois” et le fait que l’automobile avait pris le relais des industries disparues. Il a jugé sévèrement l’histoire économique récente : “On a failli tourner le dos à l’industrie… On a cultivé dans les têtes cette idée de ‘turbine tertiaire’, ça a laissé des traces“. Le député-maire de Saint-Amand-les-Eaux, tout en condamnant une “erreur stratégique“, a salué, à l’inverse, le “patriotisme économique” de PSA. Il a estimé que l’industrie restait la “colonne vertébrale” de l’économie, qu’il fallait se battre “bec et ongles” pour la défendre et en redonner le goût aux jeunes. En illustration de ses propos, il a fait allusion au salon Made in Hainaut qui se déroulait au même moment à Wallers-Arenberg.