Nouvelle Alliance: Renault et Nissan veulent rassurer sur leurs projets communs
Plateformes, pick-up, voitures électriques: Renault, Nissan et Mitsubishi ont énuméré mercredi les projets concrets qu'ils comptent mener main dans la main, quelques semaines après le...
Plateformes, pick-up, voitures électriques: Renault, Nissan et Mitsubishi ont énuméré mercredi les projets concrets qu'ils comptent mener main dans la main, quelques semaines après le détricotage officiel de leur Alliance.
"Excitante", "résiliente", "innovante": les quatre dirigeants de l'Alliance réunis mercredi au siège de Renault à Boulogne-Billancourt se voulaient rassurants sur le futur de leur coopération.
"Cette Alliance est plus flexible, ouverte, pleine d'opportunités et concrète que jamais", a lancé le président de l'Alliance et de Renault, Jean-Dominique Senard.
La méthode a changé: alors que les partenaires partageaient leurs brevets, chacun travaille désormais sur ses propres projets, partageant des technologies ou fabriquant des véhicules pour un autre, au cas par cas.
Ces projets sont "bien plus importants que ceux de ces dernières années", "d'une bonne taille" et bien sûr "rentables", a assuré le directeur général de Renault Luca de Meo, sans partager de chiffres. "Avec un peu de chance peut-être que les marchés le reconnaîtront un jour", a-t-il lancé.
Au cas par cas
Les trois constructeurs automobiles collaborent déjà sur de nombreux projets: 60% des véhicules qu'ils produisent partagent une plateforme (châssis) commune, comme par exemple le Renault Scénic et la Nissan Ariya. Mais ce taux devrait notamment augmenter.
Aux côtés de M. de Meo, les patrons de Nissan, Makoto Uchida, et Mitsubishi, Takao Kato, ont rappelé qu'ils comptaient sur Renault pour s'étendre en Europe, en Amérique latine, en Inde, et plus généralement dans la voiture électrique.
Les nouveaux Nissan Juke et Leaf électriques seront basés sur la plateforme CMF-EV, codéveloppée par Renault et Nissan pour leurs véhicules électriques.
La nouvelle filiale électrique de Renault, Ampère, va développer en Europe une voiture compacte électrique Nissan, qui remplacera la petite Micra, et un modèle électrique Mitsubishi.
En Inde, l'usine Renault-Nissan de Chennai va multiplier les lancements de SUV.
Plusieurs projets communs en Amérique latine doivent également permettre "d'améliorer les synergies", avec notamment un petit pick-up développé par Renault et "partagé avec Nissan", le Niagara.
L'Alliance prévoit aussi la "mutualisation" des activités électriques sur le continent, avec la commercialisation de deux petits véhicules électriques.
Alors que Nissan et Renault ont acté la fin de leur centrale d'achat commune, Nissan deviendra client de Horse, l'entité de Renault dédiée aux moteurs hybrides et thermiques, et recevra "six familles de boîtes à vitesses et moteurs" et quelque 500.000 pièces par an.
Détricotage
Renault, Nissan et Mitsubishi - dont Nissan détient 34% du capital - ont remis à plat l'alliance qui les lie depuis 1999 avec un nouvel accord, entré en vigueur début novembre.
La relation avait été compliquée par la montée surprise de l'Etat français au capital de Renault, en 2015, puis par la spectaculaire chute de Carlos Ghosn, alors patron de l'alliance, et arrêté fin 2018 au Japon pour des accusations de malversations financières.
Alors que Renault détenait auparavant 43,4% de Nissan, les deux entreprises détiennent désormais une participation croisée de 15%, signant la fin d'une longue domination du groupe français. Renault doit encore vendre les actions Nissan qu'il a transférées dans une fiducie.
"Nous sommes revenus de loin ces quatre dernières années", a lancé M. Senard. "Face à la crise, je n'ai pas mâché mes efforts pour m'assurer que la confiance et la transparence étaient revenues parmi nous, sans quoi nous n'aurions rien pu faire de grand (...) Maintenant on peut se concentrer sur l'opérationnel", a souligné M. Senard.
"Le monde évolue très vite, on ne pouvait plus continuer comme avant. L'Alliance avait besoin de partir d'un nouveau pas", a concordé M. Uchida.
Les deux constructeurs japonais ont confirmé par ailleurs de vastes investissements déjà annoncés dans la filiale électrique de Renault, Ampere: 600 millions d'euros de la part de Nissan et 200 millions pour Mitsubishi. En outre, Nissan envisage toujours d'entrer dans la filiale d'économie circulaire de Renault, "The future is neutral".
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