Entretien
« Nous sommes en demande d'apprentis », Stéphane Figueroa, président de la Fédération des professionnels de la piscine…
Avec une demande qui a explosé, +11% en 2020, la filière des piscines et spas fortement enracinée en France, fait partie des secteurs qui ont tiré parti de la crise actuelle, des confinements. Et ce n'est pas terminé. Les entreprises cherchent à embaucher. Trois questions à Stéphane Figueroa, président de la FPP, Fédération des professionnels de la piscine et du spa.
Comment le secteur des piscines traverse-t-il la crise ?
En 2020, nous avons dépassé les 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit 11% de plus que l'année précédente. En 25 ans, je n'ai jamais vu cela, même l'année de la canicule, pourtant exceptionnelle. Avec le confinement, en mars, le temps était beau et les personnes qui disposent d'une piscine ont voulu en profiter.
Ensuite, la demande de construction a explosé : nous n'avons même pas pu répondre à toutes les commandes de piscines enterrées. Certains consommateurs ont dû se contenter d'un modèle hors sol. Le marché du spa, encore marginal, s'est aussi beaucoup développé. Et l'export, qui constitue environ 25% du chiffre d'affaires, n'a pas souffert non plus de la pandémie. L'avantage du secteur est que nous travaillons très peu avec des produits asiatiques. La plupart sont fabriqués en Europe, voire en France, comme les couvertures de sécurité.
L'an dernier, nous avons réussi à faire face à la demande en nous réorganisant, par exemple, en travaillant en août, alors que nous sommes traditionnellement fermés, et en recrutant. Simplement, les délais se sont rallongés.
Comment expliquez-vous cet engouement pour les piscines en France ?
Avec la pandémie, la tendance s'est renforcée : les Français souhaitent à présent pouvoir se détendre, profiter de leur jardin en restant en famille. Et, au delà de la question des confinements, il est aussi possible qu'ils anticipent qu'il ne sera peut-être plus aussi simple de partir en vacances qu'avant. Mais les Français sont traditionnellement attachés à avoir une piscine, même s'ils disposent d'un petit terrain en milieu urbain.
La France est le deuxième marché dans le monde, et le premier marché en Europe. Lorsque l'on vend 60 000 bassins en France, on en vend 20 000 en Espagne ! Cet attachement aux piscines participe d'une volonté de se retrouver en famille. Mais les Français sont également sensibles à la dimension d'investissement immobilier : la piscine donne de la valeur à leur bien.
La demande concerne l'ensemble du territoire. Dans le Sud-est, par exemple, c'est un marché mature, d'entretien. Mais des régions comme les Pays de la Loire ou le Grand-Est s'équipent. Aujourd'hui, on peut avoir une piscine chauffée, on peut la couvrir, mettre une couverture thermique...
Quelles sont les perspectives, en termes de demande et de structuration du secteur ?
Dans le court terme, la demande des mois de décembre et janvier est telle que ceux qui n'ont pas réservé leur piscine auront du mal à en avoir une pour l'été prochain ! À plus long terme, le marché de la construction n'est pas saturé.
De plus, il existe aussi un marché de la rénovation : toutes les piscines qui ont été construites il y a 20 ans vont devoir être remises en beauté. Aujourd'hui, la FPP représente 1 300 entreprises, soit 50 000 emplois directs et indirects. Et la piscine offre de belles perspectives à de nombreuses professions, techniciens, commerciaux...
Mais ce métier en soi est peu connu, on n'y vient pas spontanément. Aujourd'hui, nous voulons communiquer pour attirer des jeunes. Nous sommes en demande d'apprentis : dans des écoles qui forment au brevet professionnel métiers de la piscine, comme à Perpignan ou à Béziers, les effectifs ne sont pas au complet.