«Nous sommes des commerçants d’utilité locale»
Un fonds de transformation qui fait son chemin, des partenariats en matière de diversification d’activité et de services, le déploiement progressif du paiement de proximité de certains impôts (qui devrait être généralisé le 1er juillet) dans leurs échoppes, mise en place d’une nouvelle dénomination de commerçants de proximité locale... Les buralistes accélèrent leur transformation. Le tout dans un contexte où le prix de certains paquets de cigarettes atteint les 10 €. Le point avec Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes.
La Gazette : Le prix de certains paquets de cigarettes vient d’atteindre les 10 €. Un nouveau coup dur pour la profession ?
Philippe Coy : Le tabac demeure notre ADN, mais le buraliste ne vend pas que du tabac ! Il est certain que cette nouvelle augmentation va faire du mal. Tout le monde sait que fumer n’est pas bon pour la santé, et nous les premiers. Il y a deux ans, nous avons d’ailleurs lancé le Mois de la vape en même temps que le Mois sans tabac, pour accompagner la politique de santé publique. Reste qu’après cette nouvelle augmentation, nous souhaitons un gel sur la fiscalité du tabac à compter de la fin de l’année. Les distorsions du marché européen sont trop importantes. J’en appelle à la nouvelle gouvernance européenne, il faut un vrai débat européen sur le sujet.
Si le tabac demeure votre ADN, depuis quelques années un important travail de diversification et de transformation de votre profession a été mis en place avec, notamment, la mise en place d’un fonds de transformation avec le soutien de l’État. Le bilan est-il positif ?
Ce fonds et cet accompagnement sont réellement opérationnels depuis un an. Au niveau national, 2 500 buralistes se sont inscrits pour bénéficier de cet accompagnement et environ 1 200 sont aujourd’hui en phase de réalisation. C’est un bon mouvement qui doit s’accentuer car il est nécessaire de bien comprendre que nous ne pouvons plus aujourd’hui vivre que de la vente du tabac. Ce modèle est terminé.
Depuis plusieurs mois, vous enchaînez les partenariats, notamment avec la SNCF pour la vente de billets. Récemment, vous avez remporté un appel d’offres du ministère de l’Économie pour le paiement de proximité de certains impôts et factures de la Direction générale des finances publiques (DGFiP). Comment cela se concrétise-t-il ?
C’est une phase de déploiement progressif. Une première vague est lancée depuis fin février dans dix départements (la Haute-Saône, le Vaucluse, le Gard, les Côtes-d’Armor, les Yvelines, l’Oise, la Marne, la Corrèze, la Corse-Sud et la Loire). Une deuxième interviendra mi-avril pour un déploiement national au 1er juillet.
«2020 sera marquée par le développement de nouveaux produits marchands»
Tous les buralistes sont-ils concernés ?
Ceux qui le souhaitent ! Il faut qu’ils soient équipés de terminaux de la Française des jeux, en lien avec les centres des Finances publiques locaux. L’usager scannera le code de sa facture, le buraliste n’ayant accès qu’à la somme. Il sera alors possible de payer des impôts (de moins de 300 €), des amendes ou encore des factures de cantines scolaires. Plus de 6 000 buralistes se sont déjà portés candidats.
Une nouvelle façon d’asseoir votre force de proximité ?
Le maillage de notre réseau le permet ! Nous avons d’ailleurs aujourd’hui une nouvelle signalétique avec ce slogan fort de «Commerçant d’utilité locale». Nous continuons à devenir de véritables drugstores pour les Français.
La diversification passe-t-elle uniquement par les services ?
Si 2019 a été marquée par le développement de plusieurs nouveaux services, cette année nous entendons mettre l’accent sur le développement de nouveaux produits marchands. Il faut que les buralistes prennent eux-mêmes des initiatives comme certains le font déjà avec le développement de produits régionaux, avec cette philosophie de circuit court. Le marché de la vape et de la cigarette électronique est déjà en marche : 90% de nos membres proposent des produits autour de la cigarette électronique à des degrés divers, mais tout le monde s’y est mis.