Agroalimentaire
« Nous ne pouvons absorber cette augmentation des prix seuls », Olivier Mercier, président du Syndicat français des sir…
Comme les autres secteurs, le sirop souffre des hausses vertigineuses de ses coûts. Les Français sont-ils prêts à assumer une augmentation du prix de leur deuxième boisson non alcoolisée favorite ? Le syndicat qui représente ces professionnels invite en tout cas les acheteurs de la grande distribution à la compréhension.
Picardie La Gazette : Que représente l'activité des producteurs de sirop en France ?
Olivier Mercier : Notre syndicat représente 17 entreprises, pour l'essentiel des PME artisanales, mais aussi de plus grandes entreprises. Elles regroupent 850 salariés et réalisent un chiffre d'affaires de 420 millions d'euros. Nos sirops sont vendus à 80% environ sur le marché français, le reste étant exporté dans le monde entier.
En effet, notre savoir-faire, unique, est reconnu : le sirop est un produit protégé par un décret. Et il fait partie du patrimoine français. Certaines de nos entreprises transmettent ce savoir-faire depuis plus de trois siècles... Le sirop est aussi ancré dans la consommation des Français : sept sur dix en boivent. Et le marché national, qui, au global, n'a pas été trop impacté par la pandémie, reste stable. Le sirop est la deuxième boisson non alcoolisée la plus consommée en France, ce qui représente 1,5 milliard de litres de boisson diluée par an.
Combien le secteur est-il impacté par les hausses de prix actuelles ?
La situation est alarmante, au point qu'elle menace de remettre en cause les investissements que sont en train de réaliser les entreprises dans les domaines de la RSE et du développement durable. Par exemple, employer des arômes naturels exige de la recherche, une adaptation des modes de production...
Or, aujourd'hui, nous faisons effectivement face à une augmentation généralisée de nos coûts, qu'il s'agisse des contenus et des contenants. Pour ces derniers, par exemple, les hausses sont à deux chiffres : le prix du bidon acier ou alu a augmenté de 50% en moyenne, celui de la bouteille PET, de 25%... C'est aussi le cas du sucre et des fruits qui composent nos sirops. En particulier, en raison des fortes gelées du printemps qui ont touché l'Europe entière, les prix des fruits se sont envolés. Par exemple, le cassis a augmenté de 134%, et l'assemblage de fruits qui composent la grenadine, de 176%.
Comment répercuter cette augmentation ? Le consommateur est-il prêt à payer plus ?
Aujourd'hui, nous alertons les pouvoirs publics, et surtout, nos clients, qu'il s'agisse de la grande distribution ou des grossistes qui fournissent bars et restaurants : nous ne pouvons absorber cette augmentation des prix seuls.
Afin que nos industries perdurent, nous leur demandons d'absorber ou de répercuter ces hausses. Le consommateur final est-il disposé à supporter une augmentation du prix ? Il sera seul juge. Toutefois, avec un bidon qui coûte 2,3 euros en grande distribution, nos produits sont très économiques, d'autant qu'il ne s'agit pas d'un achat du quotidien, mais qui advient à des échéances assez espacées.
Dans tous les cas, nous avons besoin de la compréhension de nos clients. Aucune négociation n'est jamais simple et dans celles en cours avec la grande distribution, cela reste un bras de fer. Mais nous constatons une écoute active de leur part ; cela avance dans le bon sens. Il nous reste quelques jours pour trouver un équilibre.