«Nous lançons une commission spécifique à la prévention des difficultés des entreprises.»

Des défaillances d’entreprises en hausse, une visibilité conjoncturelle quasi nulle, comment les experts-comptables accompagnent aujourd’hui leurs clients face à ce climat houleux et quelles sont les actions envisagées de l’Ordre des experts-comptables ?

Dans le contexte économique tendu que nous connaissons tous, l’accompagnement des difficultés des entreprises se doit aujourd’hui d’être renforcé ! Notre Ordre régional, sous l’impulsion du national, vient de mettre en place une commission spécifique à ces difficultés.

Quel est l’objectif de cette commission ?

Les différents acteurs de l’écosystème entrepreneurial et économique sont aujourd’hui actifs sur ce sujet de la prévention des difficultés. Tous les acteurs à l’image des tribunaux de commerce, l’association Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë), les administrateurs judiciaires, les avocats, les différents syndicats et fédérations professionnelles et naturellement les instances étatiques développent des actions mais elles ne sont pas forcément coordonnées. L’expert-comptable a un rôle clé pour anticiper et gérer ces difficultés. Il nous faut nous coordonner pour mieux communiquer sur le sujet.

Bon nombre de chefs d’entreprise ont du mal à faire connaître leurs difficultés, comment y remédier ?

L’expert-comptable est le médecin généraliste de l’entrepreneur, nous nous devons de lui faire prendre conscience qu’il est indispensable d’anticiper ses difficultés. C’est le plus compliqué ! Certains de nos confrères experts-comptables doivent également prendre en compte aujourd’hui que cela demeure une de leurs prérogatives. La nouvelle commission prévention des difficultés va d’ailleurs mettre en œuvre des formations sur le sujet.

Vous venez de prendre la présidence de l’Ordre des experts-comptables Grand Est, quelles sont les ambitions de votre mandat ?
C’est d’accompagner nos confrères dans les différents défis à venir. Avec la profession, nous nous engageons dans une dynamique de transformation et d’innovation. Ensemble, il nous faut construire un Ordre plus innovant, plus solidaire et que notre profession retrouve sa représentativité auprès des partenaires institutionnels publics et privés afin de valoriser la profession et promouvoir nos savoir-faire.

En parlant d’innovation, comment appréhendez-vous l’Intelligence artificielle. Bon nombre affirment que l’IA va tout simplement détruire plusieurs métiers au sein de vos cabinets ?
L’IA et la data sont déjà présentes dans nos métiers et les professionnels se les approprient progressivement. Des formations sont aujourd’hui présentes au sein de la profession pour maîtriser cette technologie. Certaines parties de nos métiers, notamment la saisie, ont déjà évolués. L’IA nous fait gagner du temps. Personnellement, je pense qu’elle ne va pas détruire des métiers mais au contraire en créer de nouveaux et faire évoluer encore plus notre profession vers le conseil. C’est un atout certain en termes d’attractivité des jeunes vers notre profession. Ils ne veulent plus faire de la saisie aujourd’hui mais analyser la donnée pour se focaliser sur le réel conseil à l’entreprise. Il faut aujourd’hui continuer à promouvoir notre profession et adapter les programmes de formation alignés sur nos besoins actuels.