Rencontre avec Jean-Marc Barki, dirigeant de la société Stikoïa
«Nous investissons beaucoup dans le développement de nouveaux produits»
Rencontre avec Jean-Marc Barki, dirigeant de la société Stikoïa à Sallaumines près de Lens, «le dernier fabricant indépendant de colles industrielles en France», qui mise sur l’innovation et une approche commerciale différenciante pour pérenniser son chiffre d’affaires.
Conseiller du commerce extérieur de la France, en parallèle de son statut d’entrepreneur, Jean-Marc Barki est aux commandes de la société Stikoïa, anciennement Sealock, depuis sa création en 1996. On lui doit, notamment, la fabrication des fameuses marionnettes des Guignols de l’info. Une histoire qui démarre quelques années plus tôt, sur un quiproquo. «Mon frère Pierre -aujourd’hui responsable de notre équipe commerciale-, qui travaillait dans la société familiale fondée par mon grand-père en 1919, s'est trompé dans la traduction d'un appel d'offres venu d'Angleterre, pensant qu'une entreprise cherchait un partenaire pour vendre du papier. En se rendant sur place, il s’est rendu compte qu’il s’agissait de vendre de la colle industrielle».
Conseil et qualité des produits
Si la rencontre est «hasardeuse» pour reprendre les mots de l’entrepreneur, le fabricant britannique de colles industrielles et la famille Barki s’associent pour fonder officiellement la filiale française de Sealock le 1er avril 1996. Jean-Marc Barki en prend la direction et le succès est rapidement au rendez-vous puisque 10 tonnes sont écoulées en 3 mois auprès de clients belges, espagnols et français, en l’occurrence l’Imprimerie Nationale. «Nous vendions des produits sans solvant, nous faisions déjà de la RSE sans le savoir, mais surtout beaucoup plus économiques -le client avait besoin de moins de colle que celles de nos concurrents pour le même résultat- et qui assurait une sécurité accrue dans le collage» précise l’entrepreneur.
«Au-delà de la qualité de nos produits, dès le démarrage de l’entreprise on se débrouillait pour que nos clients consomment le moins de colle possible, pour ne pas produire plus que nécessaire. Et nous continuons aujourd’hui de nous comporter comme une société d’engineering, plutôt que de parler de coût global, nous préférons apporter une solution qui réponde aux problématiques techniques du client. Je fais souvent le parallèle avec la vente de plats cuisinés (plus jeune, je voulais faire de la cuisine), il faut trouver le juste milieu pour que le plait ait du goût, ni trop, ni pas assez».
Pour se démarquer, innover et viser l’excellence
Implantée sur 3 500 m2 à Sallaumines, l’entreprise récemment rebaptisée Stikoïa emploie 25 salariés. Aujourd’hui indépendante, elle produit des colles liquides et thermofusibles pour les arts graphiques et la PLV, l’assemblage et l’industrie, le conditionnement et l’emballage (un secteur qui représente 30% de la consommation mondiale de colle industrielle), et l’étiquetage et l’habillage. «Nous investissons beaucoup dans le développement de nouveaux produits au sein de notre laboratoire de R&D et dans la modernisation de notre outil de production» explique Jean-Marc Barki.
«Nos produits sont jusqu’à 70% biosourcés et, en termes de RSE, nous nous sommes toujours positionnés sur des référentiels ne nous concernant pas directement, comme Ecovadis, afin de viser l’excellence et être différents des autres acteurs du marché. Stikoïa est le dernier dernier fabricant indépendant de colles industrielles en France, avec un chiffre d’affaires de 6 millions d'euros sur un marché de 15 milliards d'euros en Europe, mais nous proposons des produits qui tiennent la route !».
1,3 million d'euros d’investissements en 2 ans
Dans la continuité de sa philosophie fondatrice, l’innovation reste ainsi le moteur de la croissance de la société Stikoïa. «Nous avons investi 1,3 million d'euros aux cours des deux dernières années, et nous continuons à investir, pour développer des produits fabriqués avec toujours plus de matières naturelles. Nous menons également plusieurs projets confidentiels pour s’ouvrir sur de nouveaux marchés… mais nous n’irons pas sur des marchés qui ne sont pas les nôtres, sur les marchés dominés par les grands noms du secteur et qui se jouent avant tout sur un prix d’achat». Nous n’en saurons pas plus, pour le moment...