Béatrice Cuif-Mathieu, DG de Destination Nancy : «nous avons retrouvé entre 80 et 90 % de notre activité pré-Covid.»
Du 29 juin au 1er juillet, Nancy accueille le Congrès national de l’Unimev (Union française des métiers de l’événement). L’occasion pour les professionnels de la filière de faire leur introspection après plus de deux années de crise sanitaire. Si la reprise des rencontres professionnelles et autres salons est bien palpable, les modèles se sont adaptés et l’avenir de ce secteur fonctionnant sur le long terme se prépare. Le point avec Béatrice Cuif-Mathieu, vice-présidente de l’Unimev et directrice générale de Destination Nancy.
Les Tablettes Lorraines : Depuis septembre dernier, après près de dix-huit mois de quasi-purgatoire, la reprise d’activité est plus que palpable au niveau des rencontres professionnelles et de l’événementiel en général, la tendance devrait se poursuivre ?
Béatrice Cuif-Mathieu : Tout le monde l’espère ! La crise sanitaire et ses conséquences ont été mises à profit par notre secteur. La filière a démontré son agilité et elle sait aujourd’hui accompagner ce que je qualifie d’imprévisibilité. Les différents indicateurs sont bons. Nous avons constaté un retour à l’activité pré-Covid beaucoup plus rapide que prévu. Cette année, au niveau national, il est prévu de retrouver 70 % de l’activité. Sur Nancy, nous sommes plus autour de 80 à 90 %.
Combien de congrès sont annoncés et programmés sur l’agglomération du Grand Nancy pour cette année ?
Trente-deux congrès se tiendront cette année dans la cité ducale et nous en avons déjà une quarantaine d’autres dans notre carnet de commandes. Il est bon de souligner que huit congrès ont une dimension internationale ce qui démontre l’attractivité de la place nancéienne. Plusieurs temps forts sont annoncés comme le 128e congrès national des sapeurs-pompiers, du 21 au 24 septembre. 2022 s’annonce comme une année de très forte reprise avec de nombreux événements qui n’ont pas pu se tenir jusqu’à présent. Un important salon professionnel, EnviroPro, sur les solutions environnementales, se tiendra également à l’automne à la mi-novembre Le travail effectué le Convention Bureau (bureau des congrès, interface opérationnelle entre les organisateurs d’événements et les différents partenaires et prestataires) de Destination Nancy permet, grâce à son appui et ses conseils d’accompagner les organisateurs dans cette reprise d’activité.
Et pour les années à venir ?
L’industrie des rencontres professionnelles et des congrès est un secteur qui travaille sur le long terme. Nous avons déjà des confirmations pour l’an prochain avec notamment le congrès national de la Fédération française du bâtiment. En 2024, nous accueillerons la convention internationale du Cobaty et nos prévisions courent jusqu’en 2028 avec notamment d’importants congrès dans le domaine de la santé. Nous remarquons bien qu’aujourd’hui les entreprises se projettent. L’écosystème économique en général a bien compris l’intérêt d’investir dans un événement. Ces investissements dans les événements confirment que notre industrie des rencontres professionnelles est un accélérateur de la relance des entreprises et de nos territoires.
À la fin du mois de juin, le centre de congrès Prouvé de Nancy accueille le SYT (See you there), le congrès national de l’Unimev (Union française des métiers de l’événement), l’occasion de mettre en place les pistes d’avenir pour le secteur ?
L’avenir de la filière sera naturellement au cœur du congrès de l’Unimev ! Tout le travail réalisé depuis ces dernières années, comme l’élaboration d’un Livre Blanc de la filière ou encore celui d’un Manifeste en 2020 au plus fort de la crise sanitaire, sera discuté mais ce congrès sera surtout celui des retrouvailles de l’ensemble des acteurs du secteur. Le fait que ce congrès se déroule à Nancy prouve que notre destination pèse réellement aujourd’hui dans le choix des organisateurs aussi bien au niveau local, régional, national et international.
En qualité de vice-présidente de l’Unimev, vous avez été pilote du groupe de travail pour l’élaboration du Livre Blanc de cette union en vue de la dernière élection présidentielle, quels sont aujourd’hui les grands enjeux de la filière ?
Six grands enjeux ont été mis en avant : la transformation numérique, la responsabilité environnementale, l’internationalisation, l’adaptation des sites, l’hybridation des événements et l’adaptation de l’offre des prestataires.
Destination Nancy est l’une des premières structures, avec Bordeaux, Deauville, Marseille et Rennes à avoir été labellisée «Destination innovante durable», un label mis en œuvre par le réseau France Congrès et Événements, qu’apporte réellement ce label ?
C’est une continuité dans notre démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) engagée depuis de nombreuses années. À la fin de l’année dernière, nous avons renouvelé pour trois ans notre certification Iso 20121. Cette certification nous engage à concilier management responsable et performance économique. Nous répondons ainsi aux enjeux de développement durable et à ceux de l’écoresponsabilité en faisant de l’agglomération nancéienne une destination d’innovation responsable. Cette démarche est en parfaite adéquation avec la stratégie développée par la Métropole du Grand Nancy. Dans ce domaine spécifique du développement durable, l’échelon local est, de loin, le plus pertinent pour agir vite et développer une politique structurée et engageante. Avec ce label et cette démarche, nous entraînons l’ensemble des acteurs de l’écosystème économique local.
La crise sanitaire et ses dommages collatéraux ont fait que le secteur des rencontres professionnelles a été l’un des premiers à s’arrêter et l’un des derniers à redémarrer. Les modèles se sont adaptés, à l’image d’un mix entre présentiel et distanciel (déjà présent auparavant), comment percevez-vous l’évolution de la sémantique événementielle ?
Nous sommes et nous demeurons une profession de rencontres ! L’ensemble des événements qui se déroulent aujourd’hui ou à venir ont comme dénominateur commun, celui des retrouvailles. À Nancy, l’exemple le plus criant sera sans aucun doute la Foire Expo (du 4 au 12 juin) avec un plan de foire revisité et plus dense, de nombreux événements éphémères. Après deux années d’absence, ce retour jouera énormément sur les émotions. Les exposants et les visiteurs recherchent ce retour sur l’émotion, ce REO (retour on emotion) est un indicateur phare sur la réussite (ou non) d’un événement. Quand les gens viennent sur un événement, ils veulent vivre quelque chose. Ce retour sur l’émotion est primordial, peut-être encore plus aujourd’hui. Il est au même niveau que le retour sur investissement que souhaitent les exposants ou encore celui du retour sur le temps investi. Un événement, quel qu’il soit, doit provoquer de l’émotion.
La situation géopolitique, avec en première ligne la guerre en Ukraine, laissent planer bon nombre d’incertitudes sur la quasi-totalité des pans économiques, quelles sont les inquiétudes de celui des rencontres professionnelles ?
Il est certain que les dommages collatéraux de la guerre en Ukraine, avec le prix de l’énergie, l’inflation, la pénurie de matériaux, ne vont pas être sans conséquence pour notre secteur d’activité. La question de la rentabilité est la première à se poser. Quand vous organisez ou accueillez des événements dont la commande a été signée dans une situation où les indicateurs économiques étaient plus favorables, comment répercuter aujourd’hui ces hausses et flambée de prix ? C’est la grande question.