Stéphane Rigaud, nouveau délégué général de l’Aria Hauts-de-France
«Notre ambition est de rester la première région automobile de France»
Riche d’une carrière professionnelle de près de 30 ans dans l’industrie automobile, Stéphane Rigaud a succédé à Luc Messien à la direction de l’Aria Hauts-de-France. Quel regard porte-t-il sur la mutation de la filière et l’avènement de la «vallée de la batterie» ? Entretien.
Symbole de la mutation de la filière industrielle automobile, la région voit émerger la «vallée de la batterie». Quelle est la place de l’Aria dans l’avènement de la mobilité électrique ?
Cette mutation est née en 2020 avec 3 constructeurs, ils sont désormais 5, avec à la clé la création de 13 000 emplois sur le territoire des Hauts-de-France à travers notamment l’implantation de trois gigafactories spécialisées dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques (ACC à Douvrin, Envision à Douai et Verkor à Dunkerque. Nous n’en sommes qu’aux prémices, puisque l’ouverture des usines de production de batteries s’échelonnera entre 2023 et 2027, et qu’on le veuille ou non, cette transition est lancée et est nécessaire ! Dans ce cadre, l’Aria est présente pour piloter le changement et accompagner les constructeurs, équipementiers et l’ensemble des acteurs de la filière régionale autour de deux problématiques : l’absence de volumes à ce jour et les besoins énormes en recrutement.
Les véhicules électriques ne représentent, en effet, que 2% du parc automobile mondial ! Quel regard portez-vous sur cette problématique pour nos entreprises ?
Aujourd’hui, les volumes ne sont pas là ! C’est donc compliqué pour les PME d’investir dans l’électromobilité, dans de nouveaux outils industriels, elles souffrent de ce manque de volumes et devraient trouver un retour sur investissement d’ici 2025… deux années difficiles sur lesquelles nous devons regarder comment les accompagner. Notre ambition est de rester la première région automobile de France et d’intégrer l’électromobilité sous toutes ses formes, sur les trottinettes électriques par exemple.
L’Aria doit faciliter cette mutation de la filière et redoubler d’attention face aux difficultés de nos adhérents… mais plusieurs exemples réussis de transition montrent cette capacité d’adaptation des entreprises régionales, comme la société Agla Form installée à Auxi-le-Château qui produisaient des poulies pour moteurs thermiques et s’est désormais spécialisée dans l’assemblage de vélos électriques. Je pense également à la société Delviatek, fruit d’un projet collaboratif entre Delzen et Plastitek, installées sur le Parc des industries Artois Flandres, et le Groupe Elvia PCB basé à Puiseaux. Ensemble, elles ont gagné le marché de la production des têtes de batteries sur le premier programme d’ACC.
Votre feuille de route intègre également le projet Electro’Mob, porté par 40 partenaires dont l’Aria Hauts-de-France, une réponse aux besoins en recrutement…
Ce projet, qui bénéficie d’un investissement de 25 millions d’euros dont 14,2 millions d’euros de subventions de l’Etat, vise à dispenser plus de 11 000 modules de formation aux nouvelles compétences de l’industrie automobile et former plus de 8 000 personnes à l’horizon 2030. Car les besoins en recrutement, je le rappelle 13 000 nouveaux emplois, impliquent d’investir sur le retour à l’emploi, sur la transition des salariés de la filière et sur la formation des jeunes à ces nouveaux métiers. Et c’est la première fois que des constructeurs s’associent sur un projet commun de formation !
C’est une fierté pour l’Aria de porter ce projet et un juste retour des choses face à la désindustrialisation du territoire… je suis donc content d’en faire parti et de l’intégrer dans la feuille de route de l’Aria. Ces perspectives élargissent la visibilité de l’Aria sur les nouvelles mobilités. Et n’oublions pas qu’il reste nécessaire d’accompagner les acteurs de la filière sur la partie thermique.
À suivre…
Biographie
Stéphane Rigaud démarre sa carrière professionnelle dans le groupe Trèves. Pendant près de 20 ans, il y occupera divers postes dont le dernier sera la direction de l’usine Trémois à Le Cateau. En 2001, il participe activement en tant que responsable de projet à la création du site Tanis à Cambrai et à son industrialisation. En 2011, après un passage dans le groupe Delzen, il intègre Grupo Antolin où il enchaînera diverses missions et responsabilités en Europe. En parallèle, depuis 2007, il est membre actif du conseil d’administration de l’Aria Hauts-de-France en tant que vice-président.