Carole Chrisment, présidente de la CPME de Meurthe-et-Moselle «Nos entreprises sont entrées en mutation»

Quel modèle pour les TPE et PME aujourd’hui ? Bien malin, celui qui peut le dire tant les incertitudes, incompréhensions, bouleversements des mentalités, des comportements sont légion au point d’y perdre son latin (du moins pour celles et ceux qui auraient déjà réussi à le trouver). L’écosystème entrepreneurial n’échappe pas à la règle, il est même en première ligne. «Rien ne sera plus comme avant, c’est un changement de société totale qui s’opère. Nos entreprises sont entrées en mutation», assure Carole Chrisment, la présidente de la CPME de Meurthe-et-Moselle et trésorière de la CPME Grand Est. En juillet dernier, la CPME nationale mentionnait dans une enquête réalisée auprès de ses adhérents que 94 % des chefs d’entreprise qui cherchent à recruter rencontrent des difficultés. «Notre tissu local n’échappe pas à cette nouvelle donne. Les salariés ne veulent plus travailler comme avant», assure Carole Chrisment. Élue fin mars à la tête de la confédération départementale, celle qui y adhère depuis 1995, y a été chargée de communication, trésorière ou encore secrétaire générale, a un maître-mot à la bouche : RSE. Non pas pour le fameux acronyme (Responsabilité sociétale de l’entreprise) employé à tout va et mis à peu près à toutes les sauces marketing managériales, mais comme «Redonnons du sens à l’entreprise», comme l’a rebaptisé celle qui est la première femme à assurer la présidence de la CPME de Meurthe-et-Moselle. Femme politique à une époque, présidente du collectif des crèches associatives du Grand Est, fondatrice et coordinatrice de structures petite enfance avec une quarantaine de salariés, le pedigree de Carole Chrisment lui permet d’afficher une expérience certaine et une vision déterminée de l’évolution d’un syndicat patronal départemental et de l’écosystème qui l’entoure, que cela plaise ou non !

Penser collectif

Déjà dans son discours à l’occasion de l’assemblée générale du 28 mars dernier, elle assurait que «l’union dans l’action, l’union dans la solidarité» étaient vitaux. «Il est essentiel de penser collectif et non individuel», citant pour l’occasion Antoine de Saint-Exupéry : «la pierre n’a point d’espoir que d’être autre chose que pierre mais de collaborer, elle s’assemble et devient temple.» Des paroles et des actes ! Depuis son arrivée à la tête de la présidence meurthe-et-mosellane, elle a institué avec son équipe des Matinales RSE. Le premier mardi de chaque mois, la RSE est déclinée sous différents angles. «L’objectif est d’ouvrir l’esprit des chefs d’entreprise pour leur permettre d’avoir une boîte à outils en matière de RSE. Chaque entreprise est différente et la mise en œuvre de la RSE est propre à chacune.» Du pratico-pratique mis à disposition des adhérents (250 au compteur aujourd’hui en Meurthe-et-Moselle) ! Tout comme les rencontres «le Temps d’un café» où la présidente et son équipe «vont à la rencontre des adhérents pour renforcer la proximité et l’ancrage local», ou encore des visites mensuelles chez un adhérent version «Un mois, un adhérent». Une proximité et une présence active auprès des différents politiques locaux et départementaux. «Nous sommes une force de propositions auprès des politiques des territoires. Notre expérience du terrain entrepreneurial nous permet de faire remonter les réelles attentes et besoins par rapport aux différents projets envisagés. Avec l’univers politique, nous travaillons en toute co-construction», explique celle qui a visité pendant l’été Mathieu Klein, le maire de Nancy et président de la Métropole du Grand Nancy ou encore Chaynesse Khirouni, la présidente du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Du terrain, de l’écoute, de l’action, il va en falloir par les temps qui courent...