Maurice Karotsch, président de la Capeb Grand Est : «nos entreprises sont en pleine mutation»
Un plan de relance fléché sur la rénovation énergétique jugé comme une bonne entrée en matière mais qui ne doit pas occulter d’autres leviers à actionner, à l’image d’un retour de la TVA à 5,5 %, pour une reprise efficace. Une gestion quotidienne de la crise de la Covid-19 où la solidarité entre les artisans s’est renforcée et une participation active dans les prises de décisions étatiques et régionales. Maurice Karotsch, réélu fin septembre à la tête de la Capeb Grand Est, voit dans la conjoncture actuelle le nécessaire accompagnement de ses troupes dans les mutations aujourd’hui en marche.
Les Tablettes Lorraines : Vous venez d’être réélu à la présidence de la Capeb Grand Est dans un climat plus que délicat. L’enjeu est-il de taille ?
Maurice Karotsch : J’ai terminé mon premier mandat au plus fort de la crise sanitaire que nous connaissons. Avec les dix Capeb départementales, nous la gérons au plus près. C’est une période très forte avec une solidarité exemplaire entre les artisans. Il faut les accompagner, les épauler, répondre à leur situation de détresse, leur fournir les bonnes informations pour la reprise des chantiers. Cela nous conforte dans notre rôle de syndicalisme de solutions. Des solutions que nous nous devons d’apporter car aujourd’hui nos métiers sont en pleine adaptation et mutation.
Comment se porte l’activité aujourd’hui ?
L’activité est présente car nos artisans travaillent grâce à des commandes prises avant le confinement mais il nous faut des perspectives dans les mois à venir au niveau de nos carnets de commandes. Dès la reprise d’activité, la Capeb Grand Est et nationale ont joué leur rôle auprès des politiques pour les inciter à mettre en œuvre une relance rapide.
Le plan de relance de l’État lancé le mois dernier, avec un fléchage fort sur la rénovation énergétique, est-ce déjà un élément de réponse ?
C’est une bonne entrée en matière même si nous l’attendions plus tôt. Centré pour le bâtiment le plan de relance vers la rénovation énergétique est un signe fort pour nos entreprises artisanales. Ce secteur correspond au développement et aux évolutions de nos métiers. Pour que cela soit réellement efficace, il est indispensable que ces marchés soient réellement accessibles aux artisans. Il faut réellement simplifier l’accès au label RGE (Reconnu garant de l’environnement) pour nos artisans.
C’est-à-dire ?
Ce label est nécessaire pour réaliser les travaux de rénovation énergétique, notamment dans les règles de l’art. Les règles de son obtention ont été renforcées en particulier pour lutter contre la fraude aux travaux. Notre président national, Jean-Christophe Repon, propose une simplification de l’obtention de ce label par ce que nous appelons l’audit «Au coup par coup». Avoir des audits systématiques, c’est lourd pour un artisan et cela peut tout simplement le décourager. Les choses avancent dans le bon sens avec les pouvoirs publics.
Quelles sont les autres leviers, selon vous, à enclencher dans votre secteur aujourd’hui pour aboutir à une réelle reprise sereine de l’activité ?
Nous militons depuis longtemps pour un retour de la TVA à 5,5 % pour les travaux ! Cela permettra notamment de redonner de la confiance aux ménages pour qu’ils engagent, de nouveau, des travaux dans leur lieu d’habitation. Un autre point est la nécessité de favoriser le travail des artisans de proximité avec des collaborateurs locaux, nous en revenons à la problématique des travailleurs détachés sur laquelle la Capeb a toujours été fortement mobilisée.
Label RGE : pour une simplification d’accès
RGE pour Reconnu garant de l’environnement ! Un label indispensable pour les professionnels du bâtiment pour obtenir un marché dans le secteur phare aujourd’hui de la rénovation énergétique. Son contrôle a été renforcé pour lutter contre la fraude. Reste que pour les artisans et les TPE, son obtention est parfois freinée par une complexité et une certaine lourdeur administrative. La Capeb, via son présidence national Jean-Christophe Repon, demande une simplification de son accès pour ses troupes. L’audit dit : «Au coup par coup» devrait être lancé avec les pouvoirs publics. L’artisan réalise un chantier qui est contrôlé, s’il est dans les critères de sérieux de réalisation et s’il effectue par la suite d’autres chantiers, le label peut être attribué ou réattribué.