Aménagement

Noriap avance sur son projet de plate-forme agri-logistique à Languevoisin

C’est un projet ambitieux et structurant pour le territoire : la transformation du port fluvial de Languevoisin, près de Nesle, en plate-forme agri-logistique, située sur le futur canal Seine Nord Europe. Elle s’inscrit dans un programme plus vaste : Multiregio, qui a vocation à construire une solution logistique multimodale intégrée, innovante et participant à la transition énergétique.

La future plate-forme de Languevoisin s'inscrit dans le projet Multiregion, qui va remodeler le visage du transport fluvial avec des solutions multimodales intégrées. (c)AdobeStock
La future plate-forme de Languevoisin s'inscrit dans le projet Multiregion, qui va remodeler le visage du transport fluvial avec des solutions multimodales intégrées. (c)AdobeStock

Aux manettes de la future plate-forme de 40 hectares : le groupement Euroseine, qui regroupe Noriap et six autres coopératives agricoles* ainsi que Sénalia – leader du chargement portuaire de céréales basé à Rouen – et l’union nationale des coopératives françaises InVivo.

Le site sera spécialisé dans la logistique et le stockage de vrac et pulvérulents, une unité de méthanisation et une de production d’hydrogène devrait également y voir le jour. « C’est une plate-forme qui se veut innovante et complémentaire de nos activités et permettra d’accueillir des bateaux nouvelle génération, avec un rayonnement régional », affirme Romain Tempez, responsable du service Infrastructures, investissement & maintenance chez Noriap.

Amplifier les flux dans une logique de décarbonation

L’actuel silo de Languevoisin est un outil majeur de la coopérative Noriap : c’est son plus important site en termes de stockage (une capacité de 100 000 tonnes de stockage céréales et oléoprotagineux), avec un accès direct sur le canal du Nord. La nouvelle plate-forme agri-logistique, dont le projet est aujourd'hui estimé à 30/ 35 millions d’euros est soutenu financièrement et techniquement par l’Europe depuis 2021, va permettre de connecter l’infrastructure existante au canal Seine Nord Europe, pour amplifier et diversifier les flux. Mise en service prévue : 2024.

Elle a vocation à devenir un atout de taille pour la compétitivité du territoire et des filières agricoles, en gérant notamment 1 à 2 millions de tonnes de pondéreux par an (estimation), en augmentant et en améliorant la logistique fluviale des céréales et produits agro-industriels et le bilan carbone de la chaîne logistique.

Une étape supplémentaire a récemment été franchie avec la signature d’un protocole d’accord entre la communauté de communes de l’Est de la Somme et Euroseine pour garantir la compatibilité, les optimisations et les synergies entre Languevoisin et le port intérieur de Nesle, situés à trois kilomètres de distance. « Cette synergie est importante, nous avons la certitude que les deux sites sont complémentaires, pour accueillir les entreprises selon leur typologie et activité », note Romain Tempez.

Vue non contractuelle de la future plate-forme.

« Le canal Seine Nord Europe représente une formidable opportunité industrielle et logistique, notamment sur le site de Languevoisin. Et va permettre de participer à la décarbonation de notre économie, de favoriser la compétitivité de nos entreprises et de contribuer à la réindustrialisation de notre territoire », rappelait le président d’Amiens Métropole Alain Gest lors d’une présentation du projet.

Les ambitions d’EuroSeine sont multiples : bénéficier d’outils performants de stockage, conservation, travail et expédition des céréales, développer des offres de logistique intégrées dans un réseau multimodal, être un acteur fort de la période de construction du canal Seine Nord Europe, contribuer au programme fonctionnel de la transition écologique et énergétique et développer vers une dimension internationale les ports de Languevoisin et Nesle.

Multiregio, une approche systémique et innovante de la logistique

Pour les mener à bien, l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) Multiregio, une des phases clés du projet [ndlr, le lancement de l’avant-projet auprès de l’Union européenne aura lieu en juillet prochain], a été lancé en mars dernier pour ordonner et structurer le projet de la plate-forme agri-logistique.

Objectif de ce projet qui se chiffre pour le moment à plus de 17 millions d’euros et entre cette année dans sa phase de concrétisation : construire une solution logistique multimodale intégrée (traction fluviale, passage portuaire pré et post acheminements) dans une démarche de mutualisation et de développement de cale flexible multilots. Les filières concernées : la construction, l’agriculture, le recyclage, la chimie, le bois, le commerce et la distribution (notamment urbaine)…

« Il s’agit d’une approche systémique et innovante de la logistique au service de la transition énergétique, qui va favoriser le report modal sur la voie d’eau. Il faut aussi que nous travaillons sur le report mental, pour faire accepter ce changement de modèle, nous avons aujourd’hui besoin des entreprises pour avancer sur ce projet collectif », souligne Romain Tempez.

« Nous étions tous déjà persuadés il y a une dizaine d’années que le besoin fluvial serait primordial, et que la décarbonation passera plus facilement par l’intermodal, d’où la signature en 2012 déjà, entre Voies navigables de France et les 17 filières céréalières et oléoprotaégineuses, d’un accord-cadre pour le développement de ce transport fluvial », rappelle Bruno Bouvat-Martin, vice-président d’Axereal, une des plus grandes coopératives françaises participant au programme Multiregio, qui permettra aussi grâce à ses 20 unités fluviales de développer les hubs fluviaux et de rapatrier en France la construction de fret fluvial.

*Ceresia, Agora, Natup, Vivescia, Nord Céréales et Sanaterra.