Depuis le port de Dunkerque
Nord Céréales : plus d’1,5 million de tonnes de céréales exportées
La moisson 2021 tardive, de moindre qualité et très humide a fait chuter les volumes d’exportation de Nord Céréales de 30%. Heureusement, 2022 s’annonce beaucoup plus prometteuse. Dans ce contexte, l’opérateur du terminal céréalier du port de Dunkerque poursuit ses investissements afin d’augmenter sa capacité de stockage et ses volumes d’importation de granulés de bois.
«L’une des campagnes les plus difficiles que nous ayons eu à gérer depuis longtemps». Ainsi Laurent Bué, président de Nord Céréales, a-t-il résumé l’année 2021 lors de l’assemblée générale le 2 décembre dernier. En cause, les absences répétées de personnel en raison de l’épidémie de COVID qui ont entraîné des manquements pour l’exploitation du site, le retard pris sur la rénovation d’outils essentiels à la bonne marche du terminal et enfin et surtout, une moisson 2021 tardive, de médiocre qualité et très humide, ce qui a eu des conséquences sur la conservation du grain. «En 2021, nous avons exporté 1,55 million de tonnes, soit 30% de moins qu’en 2022, et subi une baisse du chiffre d’affaires de 26%», a-t-il constaté, précisant que le principal marché de Nord Céréales, pour la 3ème année consécutive, était resté la Chine, avec 1,2 million de tonnes exportées.
Toutefois, la campagne 2022-2023 s’annonce très différente, avec une récolte en Hauts-de-France et Grand Est (Régions dont provient l'immense majorité des céréales -blé et orge- traitées par Nord Céréales) de 15 à 20 % supérieure et de bonne qualité, malgré un épisode important de sécheresse. «A fin novembre 2022, nous avons déjà chargé plus d’1,2 million de tonnes de céréales, ce qui est un record depuis 10 ans», s’est félicité Joël Ratel, directeur de Nord Céréales, qui voit là aussi une conséquence de la guerre qui sévit en Ukraine. «Certains pays d’Afrique, comme l’Egypte ou l’Algérie, n’ont pas voulu prendre le risque de se trouver en rupture de livraison de céréales ukrainiennes et ont donc privilégié la France comme pays importateur. Nous avons commencé à envoyer des céréales dès fin août. D’habitude, le gros de nos exportations arrive plutôt en novembre», commente le directeur.
L’autre conséquence, moins réjouissante, est la hausse des prix de l’énergie qui impacte fortement Nord Céréales, avec une facture d’électricité qui sera sans doute doublée en 2023. «Nous sommes donc d’autant plus satisfaits d’avoir entrepris un vaste chantier de rénovation de nos outils qui disposent désormais d’une technologie moins énergivore», précise-t-il.
La volonté de développer toujours plus l'import
Comme annoncé l’an dernier, Nord Céréales réalise depuis le mois de septembre un investissement de 22 millions d’euros -le plus important consenti depuis 15 ans - dans la construction d’un nouveau silo de 30 000 tonnes de capacité de stockage qui disposera de sa propre tour de chargement, capable de prendre en charge des conteneurs appelés à devenir, dans les années à venir, un moyen de transports important pour les céréales à la place du « vrac ». Il devrait entrer en fonctionnement au premier trimestre 2024 et permettra, à terme, d’augmenter la capacité de stockage du terminal céréalier de 130 000 tonnes (elle est actuellement de 330 000 tonnes) pour répondre à une augmentation de la demande.
Si l’exportation reste le principal débouché de Nord Céréales, l’importation connaît une croissance continue depuis quelques années avec 250 000 tonnes annuelles, «ce qui n’est pas neutre», insiste Laurent Bué. Celle-ci est portée quasi exclusivement par les granulés de bois vers lesquels le terminal s’est diversifié en 2018. «Et quand on voit l’engouement des Français pour ce type de chauffage, on se dit qu’on a bien fait», sourit Joël Ratel.
La consommation, en France, est actuellement de 2,5 millions de tonnes par an mais toutes les estimations montrent qu’elle va monter à 5 millions à court terme, dont 20 % seront importées. «C’est un marché que nous allons continuer de développer avec nos partenaires lithuaniens, estoniens et allemands. Nous devions aussi travailler avec la Russie mais les quatre bateaux que nous attendions en mars ont évidemment été annulés», précise Laurent Bué. Nord Céréales réfléchit d’ores et déjà à l’import d’autres produits pour développer encore ce secteur.