Naissance d’un grand pôle métropolitain
Dix villes de l’Aisne, de la Marne et des Ardennes ont décidé de constituer autour de Reims « un pôle métropolitain » sous la forme d’un syndicat mixte. Leur but est d’animer un large bassin de vie, d’atteindre ensemble une taille critique de population, d’unir leurs efforts et coordonner leurs collaborations dans le développement économique, les innovations, la recherche, les infrastructures de transports, l’enseignement supérieur, les équipements de santé, etc.
On l’appelle “le G10”, cette association de villes et de leurs communautés de communes ou d’agglomération créée en 2009. Elle regroupe Soissons, Laon et Château-Thierry à Charleville- Mézières, Rethel, Sedan, Châlonsen- Champagne, Vitry-le-François et Epernay, avec pour centre attractif Reims et son développement économique.
Les collectivités du G10 (association pour le développement de l’espace métropolitain rémois) réunissent directement 550 000 habitants. Mais il existe entre elles d’autres collectivités du même territoire qui ne font pas encore partie du G10. Au total, si l’on embrasse ce grand bassin de vie, on peut y recenser 1,1 million d’habitants.
Le 16 novembre à Château-Thierry, lors de leur assemblée générale, les membres du G10, présidé par Franck Leroy, maire d’Epernay, ont décidé de transformer leur association en « pôle métropolitain » comme la loi de 2010 le permet.
Sept emplois sur dix sont tertiaires
En effet, les agglomérations d’au moins 150 000 habitants (c’est le cas de Reims) peuvent aujourd’hui constituer, avec les communautés de communes ou d’agglomération qui leur sont proches, des syndicats mixtes traitant de leur cohérence territoriale, notamment en ce qui concerne le développement économique. Il existe déjà huit pôles métropolitains en France tels le Sillon lorrain ou le G4 lyonnais. Voici le neuvième. « Nous avons adopté les statuts d’une structure relativement légère, a expliqué le président du G10. Ce n’est pas une intercommunalité qui va lever des impôts. C’est un outil de coopération et non une couche supplémentaire du millefeuille administratif ». Chaque collectivité du G10 adhèrera au syndicat mixte du nouveau pôle métropolitain dans les premiers mois de 2013.
« Le territoire du G10, soutient Franck Leroy, risque de perdre 50 000 à 60 000 habitants dans les vingt ans qui viennent. Seul un travail en commun doit pouvoir contrer cette perte. Voilà qui justifie la création du pôle métropolitain. »
Et Franck Leroyde de pousser plus loin le raisonnement : « Aujourd’hui, sept emplois sur dix créés en France sont de type tertiaire. Ils se créent là où il y a des concentrations de population, et si possible là où il y a des métropoles. Donc à nous de constituer une métropole multipolaire. » Les membres du G10 ont été confortés dans leur idée par des études de l’Insee et de la Datar, « identifiant très clairement qu’il existe un réseau pertinent sur le territoire de nos dix agglomérations constituant un bassin de vie vécu. Il nous faut aujourd’hui structurer ce bassin afin d’avoir enfin les moyens d’atteindre nos ambitions ».
Le G10 s’étendant sur deux régions et trois départements, que faire de ce fait des frontières administratives si prégnantes en France ? « Ce n’est pas un handicap, répond Adeline Hazan, maire de Reims, puisque nous partons du principe que c’est la réalité du bassin de vie qui l’emporte. Les habitants de Laon et de Château- Thierry, par exemple, viennent souvent à Reims le samedi. Ils ne vont pas à Amiens, mais à Reims. »
Le cas de l’hôpital de Château-Thierry
Les collectivités du nouveau pôle métropolitain autour de Reims vont travailler à leurs intérêts communs dans le développement économique, la recherche, l’enseignement, les transports, les grands équipements urbains, la culture, le tourisme. Mais aussi dans le domaine de la santé.
A Château-Thierry par exemple, la population, député-maire en tête, est vent debout contre le Schéma régional d’organisation des soins (SROS) de l’ARS de Picardie qui menace son centre hospitalier, lequel est en collaboration étroite avec les centres hospitaliers de Reims et d’Epernay. « La création du pôle métropolitain doit pousser nos instances politiques et administratives à réfléchir aux modes de vie de nos habitants », affirme Jacques Krabal, le député-maire de Château-Thierry. « La consultation citoyenne » qu’il a organisée récemment à propos du SROS « a démontré que les habitants du territoire veulent être soignés là où ils vivent », et dans ce cas, aussi bien à Château-Thierry, à Reims ou à Epernay, trois villes très proches.