Municipales à Paris: les socialistes se déchirent autour de la date de leur primaire
La tension est montée d'un cran chez les socialistes parisiens, vendredi lors du choix de la date de leur primaire pour départager les deux prétendants à la succession d'Anne Hidalgo à l'Hôtel de ville en 2026, livrés à une...

La tension est montée d'un cran chez les socialistes parisiens, vendredi lors du choix de la date de leur primaire pour départager les deux prétendants à la succession d'Anne Hidalgo à l'Hôtel de ville en 2026, livrés à une guerre fratricide qui risque de laisser des traces.
Le match opposant le sénateur Rémi Féraud, dauphin adoubé par la maire sortante, au député Emmanuel Grégoire, son ancien premier adjoint désormais honni, devrait se tenir le 30 juin, dans la foulée du congrès national du PS à la mi-juin.
Le choix d'une date de primaire était très attendu par les quelque 3.000 militants socialistes de la capitale, désireux d'éviter un "pourrissement" du climat en interne renvoyant une image de division aux électeurs parisiens, à un an des municipales.
Le vote houleux du conseil fédéral du PS, dans la nuit de jeudi à vendredi, n'a pourtant fait qu'envenimer la situation. Au terme d'un scrutin serré - 61 voix contre 55 -, la direction fédérale a demandé de déroger à la circulaire du bureau national du PS fixant au 3 avril la désignation du chef de file pour les municipales dans plusieurs grandes villes. Une proposition que le parti devrait accepter.
Objectif: laisser du temps "pour permettre une dynamique de campagne en s'assurant d'une belle photo de famille le soir du vote, avec notre tête de liste désignée et l'ensemble des chefs de file d'arrondissement, prêts à mener bataille, la seule qui compte vraiment, face à la droite de Rachida Dati", plaide la patronne de la fédération, Lamia El Aaraje, dans un courrier aux militants.
Mais ce choix est vivement contesté au sein du camp d'Emmanuel Grégoire qui souhaitait garder la date du 3 avril.
"Choisir le 30 juin, c'est prendre un retard coupable dans la préparation de la campagne auprès des Parisiens", a-t-il regretté vendredi matin devant quelques journalistes.
"Voter tôt est ce qu'il y a de plus bénéfique pour le PS, parce que nos partenaires écologistes vont désigner leur candidat la semaine prochaine, et que la droite se prépare méthodiquement", fait valoir Antoine Guillou, adjoint à la maire et "pro-Grégoire".
Pour Emmanuel Grégoire, le camp adverse cherche à "gagner du temps" et "perturber" la primaire parisienne avec l'élection du patron du PS en juin, briguée par le premier secrétaire sortant Olivier Faure, qui le soutient, et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, proche d'Anne Hidalgo.
Soupçons d'irrégularités
L'ex-adjoint de l'édile fait aussi part d'une "pression" des partisans de Rémi Féraud pour qu'il jette l'éponge. "Tout ça ne suffit pas à endiguer notre dynamique de campagne", selon le député qui affiche le soutien de plus de 650 militants et une soixantaine d'élus. Son concurrent lui, met en avant celui des maires d'arrondissement dont le vote est décisif.
A ces critiques sur la date viennent s'ajouter des soupçons "d'irrégularités" émanant des pro-Grégoire sur le déroulement du scrutin.
Ces derniers accusent notamment la direction fédérale d'avoir "remplacé" au dernier moment des membres du corps électoral pour faire basculer le vote.
"C'est inacceptable, nous ne nous laisserons pas faire", a averti le candidat, qui ne fera néanmoins pas de recours.
"Lamia El Aaraje a suivi scrupuleusement les règles édictées par le PS", a-t-on répondu dans l'entourage de cette adjointe à la maire.
Des participants ont rapporté une ambiance "très dure" lors de la réunion, dégradant un peu plus le climat de guerre fratricide qu'a déclenchée Anne Hidalgo quand elle a renoncé à briguer un troisième mandat. En jetant dans la bataille deux parlementaires qui ont chacun dirigé le PS parisien et que rien n'opposait sur le plan personnel.
Ce duel risque de laisser des traces au-delà du 30 juin, au moment de la constitution des listes électorales. "Il y a un risque qu'ils s'abîment dans leurs querelles internes", redoute ainsi un responsable de gauche qui y voit "tous les ingrédients de la défaite", après 25 ans de règne socialiste.
Si elle affiche moins de divisions, la droite parisienne peine pour l'heure à se rassembler derrière Rachida Dati en raison notamment de désaccords sur la réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille qui doit être examinée à l'Assemblée nationale la semaine prochaine.
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