Mort de Nahel: nuit d'incendies et de dégradations dans la métropole lilloise
Eteindre le feu allumé par la colère après la mort de Nahel: toute la nuit, les pompiers ont couru d'un incendie à l'autre à Roubaix et dans le reste de la métropole lilloise, débordés par la rage de petits groupes...
Eteindre le feu allumé par la colère après la mort de Nahel: toute la nuit, les pompiers ont couru d'un incendie à l'autre à Roubaix et dans le reste de la métropole lilloise, débordés par la rage de petits groupes mobiles et dispersés qui ont multiplié les dégradations.
A Roubaix, l'hôtel B&B près de la gare, dans le quartier défavorisé de l'Alma, prend feu après minuit, jetant dans la rue sa dizaine de résidents. Selon un riverain, les flammes sont parties d'un commerce incendié en bas. La police boucle les lieux, quelques voisins viennent aux nouvelles.
Les équipes s'activent pour éteindre le brasier, mais déjà un autre s'allume à proximité, dans un grand immeuble abritant des bureaux, selon des riverains. Des pompiers arrivent en courant, leurs camions sillonnent la ville, parmi les plus pauvres de France.
Le ciel, où flottent des nuages de fumée, s'illumine de tirs de feux d'artifice. Un hélicoptère de la gendarmerie survole la scène.
"En deux jours, ils ont fait ce que les Gilets Jaunes ont fait en deux ans", commente un passant, qui comme toutes les personnes interrogées par l'AFP refuse de donner son nom.
Un peu plus loin, un témoin raconte avoir vu un groupe d'une cinquantaine de personnes mettre le feu à une agence d'une société de courtage en produits financiers.
Ca sert à quoi ?
Un centre social de la ville a aussi été incendié, selon le Roubaisien Amine Elbahi, candidat LR malheureux aux dernières législatives. Et le théâtre du Colisée n'a pas été épargné, avec de nombreuses vitres brisées.
A Lille, la mairie du quartier populaire de Wazemmes a également été la proie de flammes qui ont endommagé le rez-de-chaussée et noirci la façade.
"Brûler une mairie, c'est inutile", juge devant le bâtiment Sofiane, 22 ans, chauffeur de bus. "Le flic qui a fait ça n'avait pas à le faire", pointe-t-il au sujet du policier qui a tiré sur Nahel à Nanterre, "mais s'en prendre à des lieux publics, ça sert à quoi?".
"C'est inadmissible", s'indigne Brice Lauret, conseiller de quartier accouru sur place. "Je peux comprendre la colère mais pas la violence", ajoute-t-il.
Une école élémentaire a été "très endommagée" par les flammes dans le quartier de Moulins, et deux autres établissements scolaires "visés par des tirs de mortiers d'artifice", déplore la mairie. Dans un autre quartier populaire, à Fives, la mairie a été caillassée, ses vitres brisées.
Il y a eu "beaucoup de pillages" de boutiques et supermarchés, déplore-t-on encore à la Ville. Le fait de "petits groupes très mobiles, composés de très jeunes" individus, qui frappent "partout".
D'importantes forces de police avaient pourtant été déployées dans la métropole, dont des unités du Raid, tandis que la préfecture a autorisé l'usage de drones par la police, après les violences qui ont marqué la nuit précédente.
On va les choquer
Les premiers incidents ont démarré vers 21H, dans le secteur de l'hôtel de police de Lille, où la préfecture avait interdit tout attroupement, après un appel à rassemblement sur les réseaux sociaux.
Mobiles et dispersés, des petits groupes de jeunes y ont mis le feu à des poubelles et voitures, et dégradé des vitrines sur une grande artère. Certains ont cassé les vitres d'un supermarché, pour en ressortir avec des bouteilles de sodas.
A bord d'un quad et d'un véhicule blindé, des policiers du RAID sont intervenus à plusieurs reprises pour les repousser, braquant des lanceurs en leur direction.
"Les policiers, ils se sentent tout permis, ils ont tué un jeune innocent, ils doivent arrêter" commente un passant de 16 ans.
"La mort de Nahel c'est trop grave, c'est injustifié" juge à proximité un jeune homme d'une vingtaine d'années, "mais la réaction est mauvaise, dégrader les services publics ça sert à rien".
La préfecture a annoncé six interpellations dans le secteur, sur un total de 24 recensées en début de soirée par une source policière sur toute l'agglomération.
Elle avait interdit tout attroupement dans le secteur en réaction à un appel à rassemblement sur les réseaux sociaux.
"Ramenez mortier, cagoules etc, Y 'aura du monde (...) on va les choquer", mentionnait cet appel relayé sur Twitter dans l'après-midi.
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