Mort de Nahel: la tension monte avec la nuit dans la métropole lilloise sous haute surveillance
Une mairie de quartier incendiée, une autre caillassée, des pillages et dégradations: dans la métropole lilloise, un jeu du chat et de la souris s'est enclenché dans la nuit de jeudi à vendredi entre de...
Une mairie de quartier incendiée, une autre caillassée, des pillages et dégradations: dans la métropole lilloise, un jeu du chat et de la souris s'est enclenché dans la nuit de jeudi à vendredi entre de petits groupes dispersés et un important dispositif policier.
Dans le quartier populaire lillois de Wazemmes, des pompiers finissent après minuit d'éteindre un incendie qui a endommagé le rez-de-chaussée de la mairie de quartier.
La façade est noircie, la police verrouille les lieux, constatent des journalistes de l'AFP.
"Brûler une mairie, c'est inutile", juge devant le bâtiment Sofiane, 22 ans, chauffeur de bus, tandis que retentissent au loin des tirs de feux d'artifice.
"Le flic qui a fait ça n'avait pas à le faire", pointe-t-il au sujet du policier qui a tiré sur Nahel à Nanterre, "mais s'en prendre à des lieux publics, ça sert à quoi, ça n'a rien à voir".
"C'est inadmissible", cela "touche la population" s'indigne Brice Lauret, conseiller de quartier accouru sur place. "Je peux comprendre la colère mais pas la violence", ajoute-t-il.
Dans un autre quartier populaire, à Fives, la mairie de quartier a été caillassée, ses vitres sont brisées, selon la mairie de Lille.
Et il y a "beaucoup de pillages" de boutiques et supermarchés, déplore-t-on. Le fait de "petits groupes très mobiles, composés de très jeunes" individus, qui frappent "partout".
Pas de cadeau
La métropole est pourtant quadrillée par d'importantes forces de police, dont des unités du Raid déployées "en assistance" selon la préfecture, et survolée par un hélicoptère de la gendarmerie et des drones policiers, après les violences qui ont marqué la nuit précédente.
Après minuit, la tension monte aussi à Roubaix, une des communes de l'agglomération, parmi les plus pauvres de France. La police y bloque l'accès au théâtre du Colisée, dont de nombreuses vitres ont été brisées.
A côté du bâtiment, des débris de barricades continuent de se consumer. Le ciel est traversé de tirs d'artifice.
Les premiers incidents ont démarré dans la métropole vers 21H, dans le secteur de l'hôtel de police de Lille, où la préfecture avait interdit tout attroupement, après un appel à rassemblement sur les réseaux sociaux.
Mobiles et dispersés, des petits groupes de jeunes y ont mis le feu à des poubelles et voitures, et dégradé des vitrines sur une grande artère. Certains ont cassé les vitres d'un supermarché, pour en ressortir avec des bouteilles de sodas.
A bord d'un quad et d'un véhicule blindé, des policiers du RAID sont intervenus à plusieurs reprises pour les repousser, braquant des lanceurs en leur direction.
"Ils ne font pas de cadeau, aujourd'hui ils tirent" commente un passant, qui comme toutes les autres personnes interrogées par l'AFP refuse de s'identifier.
Mort injustifiée
La préfecture a annoncé six interpellations sur le secteur, sur un total de 24 recensé en début de soirée par une source policière sur l'ensemble de l'agglomération.
Ces premiers fauteurs de troubles ont bravé une interdiction de tout attroupement dans le secteur à partir de 18H00 décrétée par la préfecture après les violences ayant secoué la métropole lilloise dans la nuit de mercredi à jeudi et un appel à rassemblement combatif sur les réseaux sociaux.
"Les policiers, ils se sentent tout permis, ils ont tué une jeune innocent, ils doivent arrêter" commente un autre passant de 16 ans.
"La mort de Nahel c'est trop grave, c'est injustifié" juge à proximité un jeune homme d'une vingtaine d'années, "mais la réaction est mauvaise, dégrader les services publics ça sert à rien" d'autant que "c'est notre argent qui va réparer tout ca".
C'est dans la métropole lilloise que le ministère de l'Intérieur, Gerald Darmanin, avait choisi de se rendre à la mi-journée, notamment à Mons-en-Baroeul, dont la mairie avait été ravagée par les flammes dans la nuit de mercredi à jeudi.
Le ministre s'était aussi rendu à Tourcoing, dont il a été longtemps maire, et où l'école d'un quartier défavorisé a été incendiée.
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