Moins de nouveaux internes dans les hôpitaux: les raisons d'une baisse

Plusieurs représentants hospitaliers et une pétition en ligne alertent sur le faible nombre d'internes qui intègreront cet automne...

Plusieurs représentants hospitaliers et une pétition en ligne alertent sur le faible nombre d'internes qui intègreront cet automne les hôpitaux français
Un médecin du service des Urgences de l'hôpital Beaujon de l'Assistance Public des Hôpitaux de Paris (APHP) pose  le 21 Octobre 2008 à Clichy. AFP PHOTO MARTIN BUREAU © Martin BUREAU
Plusieurs représentants hospitaliers et une pétition en ligne alertent sur le faible nombre d'internes qui intègreront cet automne les hôpitaux français Un médecin du service des Urgences de l'hôpital Beaujon de l'Assistance Public des Hôpitaux de Paris (APHP) pose le 21 Octobre 2008 à Clichy. AFP PHOTO MARTIN BUREAU © Martin BUREAU

Plusieurs représentants hospitaliers et une pétition en ligne alertent sur le faible nombre d'internes qui intègreront cet automne les hôpitaux français. 

Pourquoi le nombre de postes diminue-t-il en 2024 par rapport à l'an passé ? Et quelles seront les conséquences pour le système de santé ?

- Qui sont les internes ?

Les internes sont des étudiants de troisième cycle de médecine (à partir de la septième année, jusqu'à la douzième). Ils exercent à plein temps à l'hôpital ou en ambulatoire, sous la responsabilité d'un médecin senior.

Pour accéder à l'internat, les étudiants passent un concours en sixième année. Le classement y joue un rôle déterminant car il leur permet de choisir, en fonction du rang obtenu, la future spécialité et la ville dans laquelle ils effectueront l'internat.

Le nombre de postes ouverts dépend du nombre d'étudiants qui concourent et des besoins de santé des territoires.

- 1.500 en moins cette année ?

Selon le Journal officiel, 7.974 postes ont été ouverts pour la nouvelle promotion d'internes qui commencera à exercer en novembre, contre 9.484 l'année dernière, soit 1.510 de moins (-16%).

Mais le manque d’internes "sera plutôt d'un millier", analyse Lucas Poittevin, président de l'Association nationale des étudiants en médecine (Anemf).

Une réforme du concours --visant à mieux évaluer les compétences pratiques et le parcours-- est entrée en vigueur cette année et "deux cohortes d'étudiants" cohabitaient: ceux concernés par les nouvelles modalités d’examen et 662 autres étudiants "affiliés à l'ancien système", redoublants après avoir échoué en 2023. 

Ces derniers seront affectés via "une procédure distincte".

- Pourquoi ?

Le gouvernement "n'a pas fait le choix de diminuer" le nombre de postes, a expliqué mardi dans Ouest-France le ministre délégué à la Santé démissionnaire, Frédéric Valletoux. Ce nombre a baissé proportionnellement au nombre d'étudiants inscrits au concours.

Raison de ce décrochage: la fameuse réforme, qui introduit pour la première fois une note éliminatoire à l'écrit, et une épreuve orale.

Une partie de la promotion (7% contre 3% habituellement selon la Conférence des doyens de médecine) a stratégiquement décidé de redoubler sa cinquième année, pour ne pas essuyer les plâtres du nouveau concours. 

Selon le gouvernement, environ 2% des candidats ont échoué aux épreuves. Un chiffre similaire aux autres années. 

- Que dit la pétition ?

Une pétition en ligne lancée par Hélène Hérubel, étudiante parisienne, et signée par près de 20.000 personnes, dénonce une "profonde injustice" pour la promotion 2024.

Ces étudiants, qui rêvent d'une spécialité depuis des années (chirurgie, cardiologie, ORL...), estiment avoir été insuffisamment préparés aux nouvelles modalités, modifiées au milieu de leur cursus, et demandent au gouvernement de rouvrir des postes dans les spécialités très prisées.

Le nombre de postes a été réduit "sans prendre en compte" leurs souhaits d'orientation, diminuant par exemple "de moitié" les postes en chirurgie plastique, déplorent-ils. 

Ainsi Hélène Hérubel, arrivée "autour du rang 3.000" au concours, espérait avoir une chance de devenir ORL puisqu'en 2023, "le dernier étudiant pris se situait à 3.300". Mais d'après les premières simulations, elle "aurait du cette année arriver dans les 2.400 premiers". 

- Quelles conséquences ?

Selon plusieurs syndicats, les internes représentent 40% de l'effectif médical hospitalier et leur diminution risque encore d'alourdir la charge de travail et les gardes des praticiens en poste.

Les professionnels "se demandent comment ils vont faire tourner leurs services" alors que "les internes travaillent 59H/semaine en moyenne", explique à l'AFP Guillaume Bailly, président de l'Intersyndicale nationale des internes (Isni).

"Cette baisse peut inquiéter mais ce n’est pas un effondrement", ce chiffre "va normalement se rétablir" dès l'an prochain, avec l'arrivée des redoublants, a estimé mardi sur France Inter Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF). 

Pour pallier le manque, le gouvernement envisage de recourir temporairement à des médecins étrangers.

- Quelles solutions ?

"Plutôt que chercher des remplaçants pour combler les trous, on demande à ce que les étudiants soient prioritaires", défend Hélène Hérubel.

Mais rouvrir des postes dans certaines spécialités prisées risquerait de priver d'autres spécialités d'internes, observe Lucas Poittevin (Anemf). L'exécutif cherche à "préserver une sorte d'équilibre" entre spécialités et territoires, ajoute-t-il, plaidant pour revoir "plusieurs points de la réforme".

La procédure dématérialisée d'affectation des postes débute vendredi.

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