Missions du FMI: Bessent a "soulevé des points importants", estime la directrice générale du FMI
Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a "soulevé des points importants" en appelant le FMI à se recentrer sur ses missions, a affirmé jeudi la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, qui...

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a "soulevé des points importants" en appelant le FMI à se recentrer sur ses missions, a affirmé jeudi la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, qui "espère pouvoir en discuter prochainement avec lui".
"Les Etats-Unis sont notre principal actionnaire, nous prenons bien sûr avec beaucoup de considération sa parole, et j'ai beaucoup apprécié la volonté du ministre de maintenir les engagements américains et son rôle", a ajouté Mme Georgieva, au cours d'une conférence de presse au siège du Fonds monétaire international (FMI).
La veille, lors d'un événement en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale (BM) qui se tiennent jusqu'à vendredi, M. Bessent avait appelé les deux institutions à "se concentrer sur les besoins" des Etats membres.
"La stabilité et la croissance doivent être les points cardinaux du succès du FMI", a souligné M. Bessent, estimant que l'institution "emploie une part disproportionnée de son temps et de ses ressources à travailler sur le réchauffement climatique, le genre ou les questions sociales", des sujets "qui ne sont pas les missions du FMI".
Egalement présent à Washington, le ministre français de l'Economie et des Finances, Eric Lombard, a souligné pour sa part, auprès de l'AFP, que "la lutte contre le changement climatique reste une priorité et qu'évidemment nous sommes dans une société inclusive".
Le FMI et la BM "mettent en place des politique qui, très probablement, vont se poursuivre", dans la mesure où les risques ne vont pas disparaître "c'est très fortement porté par la France et par l'Union européenne".
Leur vision sur le climat et les égalités hommes-femmes n'est pas la nôtre", a-t-il insisté.
Nous sommes une petite institution
"Nous avons 191 Etats membres, avec différents types de risques et que nous devons aider à être plus résistants face aux chocs", a répondu jeudi Mme Georgieva.
"Dans le cas, par exemple, des pays caribéens, frappés de manière régulière par des événements climatiques extrêmes, c'est une préoccupation pour eux. Et s'ils nous demandent comment être plus résistants face à ces chocs, une fois de plus, d'un point de vue financier", l'institution doit être en mesure de les aider, a détaillé la directrice générale du Fonds.
Si elle se dit "d'accord" avec M. Bessent, Mme Georgieva a également rappelé que "c'est un monde complexe, avec sans arrêt des défis gigantesques. Et nous sommes une petite institution, notre budget, en valeur réelle, n'a pas bougé depuis 20 ans".
Interrogée en particulier sur le Fonds pour la soutenabilité et la résilience, l'instrument employé par le FMI pour prêter à plus long terme aux Etats afin de les aider à financer des politiques d'adaptation et de réduction des risques liés au réchauffement climatique, Mme Georgieva a assuré qu'il ne représentait "qu'une petite part" de l'ensemble des engagements du Fonds.
"Nous ne sommes pas des experts du climat", a-t-elle souligné, "mais nous devons aider nos membres touchés par des événements climatiques à s'assurer que cela n'entraînera pas de choc de la balance des paiements et réduire les dommages sur l'économie".
"Nous ne faisons que ce que les Etats membres nous disent de faire", a insisté la patronne du Fonds.
Revenant par ailleurs sur les conséquences de la hausse des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump, Mme Georgieva a souligné que "ce qui inquiète le plus nos membres, c'est l'incertitude" qui en découle, avec des décisions qui peuvent évoluer parfois le jour même.
"Je dois insister: l'incertitude est mauvaise pour les affaires. Le plus tôt ce nuage qui gronde au-dessus de nouveau disparait, le mieux ce sera pour les perspectives de croissance et pour l'économie mondiale", a déclaré Kristalina Georgieva.
L'impact des droits de douane et de l'indécision américaine est cependant variable d'une région à l'autre, comme l'a souligné le rapport sur l'économie mondiale (WEO) actualisé mardi, qui a pointé une exposition plus marquée du Canada et du Mexique mais aussi des pays asiatiques que de l'Europe.
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