Militants SOS Racisme agressés: prison ferme sous bracelet pour l'ex-dirigeant des "Zouaves"
L'ex-dirigeant du groupuscule d'ultradroite les "Zouaves Paris" Marc de Cacqueray-Valmenier a été condamné jeudi à Bobigny à neuf mois de prison ferme aménageables en détention à domicile sous bracelet, pour violences contre des militants de SOS...
L'ex-dirigeant du groupuscule d'ultradroite les "Zouaves Paris" Marc de Cacqueray-Valmenier a été condamné jeudi à Bobigny à neuf mois de prison ferme aménageables en détention à domicile sous bracelet, pour violences contre des militants de SOS Racisme lors d'un meeting d'Eric Zemmour en 2021.
Le tribunal correctionnel de Bobigny a retenu que les "Zouaves Paris" avaient agi comme "un service d'ordre officieux" de la réunion publique de promotion du président du parti Reconquête!, alors candidat d'extrême droite à la présidentielle de 2022.
Ayant visionné l'ensemble des vidéos, il a constaté que les membres du groupe avaient été remerciés, à la fin du meeting, pour "avoir fait le job" et qu'ils étaient partis en scandant "tout le monde déteste les antifas".
Marc de Cacqueray-Valmenier, 26 ans, avait admis sa présence au meeting, tout en affirmant n'avoir pas participé aux violences.
"Malgré vos dénégations, les faits (sont) établis", lui a déclaré le président Jean-Baptiste Acchiardi. Le condamné a dix jours pour faire appel. Ses avocats n'ont souhaité faire aucune déclaration.
Le tribunal a appuyé sa décision sur l'"identification initiale par les services de renseignement" de Marc de Cacqueray-Valmenier parmi les agresseurs, ainsi que sur sa "reconnaissance formelle" par plusieurs victimes.
Le président a glissé que le prévenu avait "ôté à plusieurs reprises le cache cou" qui dissimulait son visage.
Le 5 décembre 2021, lors du premier meeting de campagne d'Éric Zemmour à Villepinte (Seine-Saint-Denis), douze militants de SOS Racisme étaient montés sur des chaises pour exhiber sur leur tee-shirt chacun une lettre de la phrase "non au racisme", également scandée. Ils avaient alors été agressés à coups de poing, de pied ou de mobilier jeté sur eux.
Dans la foulée, le gouvernement avait annoncé en janvier 2022 la dissolution des "Zouaves Paris", groupe informel apparu en 2017, accusé d'être à l'origine de nombreux "agissements violents" ou de diffuser "régulièrement des images reprenant les symboles de l'idéologie nazie".
Interdiction de détenir une arme
Conformément aux réquisitions, Marc de Cacqueray-Valmenier a été condamné à 18 mois d'emprisonnement dont neuf avec sursis probatoire pendant deux ans. Pour la partie ferme de neuf mois, il pourra solliciter un aménagement en détention à domicile sous surveillance électronique.
Un deuxième prévenu pour violence en réunion, un apprenti âgé de 18 ans au moment des faits, a été condamné à neuf mois d'emprisonnement avec sursis.
Il leur est interdit de détenir une arme pendant cinq ans.
Le tribunal a estimé que le "mobile politique des violences" était corroboré par de nombreux éléments.
"C'est une affaire importante car il s'agit de violence politique. Les paroles de haine mènent à des actes de violence", a ensuite insisté auprès de l'AFP l'avocat des parties civiles Sacha Ghozlan.
Le président de l'association, Dominique Sopo, s'est dit "satisfait", tout en soulignant que le banc des prévenus avait été "assez vide" alors que le déferlement de violences était le fait de dizaines d'agresseurs. Pour lui, "l'enquête n’a pas été à la hauteur, car de nombreux visages filmés par les nombreuses caméras étaient parfaitement identifiables".
"Ca nous inquiète que des gens comme ça soient encore dans la rue", a commenté Sacha, 21 ans, qui avait eu "une côte fêlée, une épaule luxée". Lucie, 29 ans, qui avait reçu "une chaise sur la tête et de nombreux coups de ceinture", a conclu: "J'espère qu'il ne va plus recommencer ce genre de choses".
Marc de Cacqueray-Valmenier avait été condamné, en janvier 2022 à Paris, à un an de prison ferme aménagée en détention à domicile sous bracelet électronique pour violence en réunion sans incapacité, lors d'une expédition dans un bar de la mouvance antifasciste à Paris.
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