Militants de SOS Racisme agressés: prison ferme requise contre l'ex-dirigeant des "Zouaves Paris" d'ultradroite
Neuf mois de prison ferme sous bracelet électronique ont été requis vendredi à Bobigny contre Marc de Cacqueray, ancien leader présumé du groupuscule d'ultradroite dissous les "Zouaves Paris", au procès d'un bref "déchaînement de violences" subis par des militants de...
Neuf mois de prison ferme sous bracelet électronique ont été requis vendredi à Bobigny contre Marc de Cacqueray, ancien leader présumé du groupuscule d'ultradroite dissous les "Zouaves Paris", au procès d'un bref "déchaînement de violences" subis par des militants de SOS-Racisme lors d'un meeting d'Eric Zemmour en 2021.
Le tribunal correctionnel rendra son jugement le 16 janvier.
Déjà condamné à plusieurs reprises pour violence, l'homme de 26 ans comparaissait libre sous contrôle judiciaire, pour violences en réunion, aux côtés d'un jeune homme de 21 ans. Tous deux ont admis leur présence au meeting mais assuré n'avoir pas participé aux violences.
La procureure a requis contre Marc de Cacqueray-Valmenier 18 mois d'emprisonnement, dont neuf mois de prison ferme aménageable sous bracelet électronique et neuf mois avec sursis probatoire pendant deux ans. Elle a notamment demandé une obligation de soins psychologiques pour réfléchir aux passages à l'acte violents.
Même si cela n'a duré qu'une à deux minutes, "on a une intensité des coups portés très grande", a déclaré Marie-Alix Thiébaut, évoquant un "déferlement de violence".
Les cheveux tondus sur la nuque et la barbe très courte, cintré dans une veste Barbour, M. de Cacqueray-Valmenier s'est présenté à la barre comme diplômé d'école de commerce mais actuellement titulaire d'un CDI dans "l'entretien de propriétés et la sécurité".
Il a admis avoir été employé "en Bretagne" mais avoir dû cesser son travail sur ce site du fait d'une "médiatisation" - des articles avaient affirmé qu'il était employé comme gardien de l'île privée de Vincent Bolloré.
Quand le président Jean-Baptiste Acchiardi le présente comme "une figure reconnue dans la mouvance d'extrême droite", le prévenu répond: "bien malgré moi mais je le reconnais". Il conteste toutefois avoir jamais été le leader du groupuscule ultranationaliste les "Zouaves Paris", "fréquenté que de manière anecdotique", sans "rôle moteur".
Le gouvernement a dissous en janvier 2022 ce groupe informel accusé d'être à l'origine de nombreux "agissements violents", de "propager un discours ouvertement raciste" et de diffuser "régulièrement des images reprenant les symboles de l'idéologie nazie".
Pluie de coups
De jeunes plaignants ont décrit "la pluie de coups" soudains reçus le 5 décembre 2021, à Villepinte, lors du premier meeting de campagne du candidat à la présidentielle Éric Zemmour.
Une douzaine de militants de SOS Racisme étaient montés sur des chaises pour exhiber chacun une lettre de la phrase "Non au racisme", également scandée. Ils avaient alors été agressés à coups de poing, de pied ou de mobilier jeté sur eux par des dizaines de personnes.
Une militante de SOS Racisme, qui s'est vue reconnaître six jours d'ITT suite aux violences, a expliqué, émue, qu'ils voulaient "porter le message +non au racisme+ là même où le racisme se vit". "J'ai juste eu le temps de crier une fois +non au racisme+" que le militant - noir - à mes côtés s'est "direct fait attraper et lyncher", a-t-elle affirmé.
Plusieurs plaignants ont identifié M. de Cacqueray-Valmenier comme un des agresseurs dont le bas du visage était dissimulé par un cache-cou noir remonté, ce qui a été vivement contesté par son conseil, Me Clément Diakonoff, plaidant la relaxe.
"Vu le contexte et le nombre de personnes, il n'y a aucune parole, aucun élément fiable qui permette objectivement dans votre dossier d'identifier mon client", a renchéri son autre avocat, Me Cyrille Dutheil de la Rochère.
Marc de Cacqueray-Valmenier conteste même avoir été avec des gens appartenant aux Zouaves Paris pendant ce meeting.
"Il y avait 13.000 personnes et comme écrirait Albert Camus, j'étais parmi eux mais j'étais pourtant seul", ironise-t-il. Il assure être victime de sa mauvaise réputation de néonazi et d'une masse de "fake news", depuis la "surmédiatisation" de son profil en 2019.
Il avait notamment été condamné, en janvier 2022 à Paris, à un an de prison ferme aménagée en détention à domicile sous bracelet électronique, pour violence en réunion sans incapacité, lors d'une expédition dans un bar de la mouvance antifasciste à Paris.
La procureure a requis une "peine d'avertissement" de 10 mois de prison avec sursis simple, à l'encontre du second prévenu, un apprenti, âgé de 18 ans au moment des faits.
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