Migrants: deux morts dans des tentatives de traversée de la Manche, Darmanin défend sa loi à Calais

Deux migrants sont morts vendredi lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche vers l'Angleterre à bord de petites embarcations et deux sont portés disparus, le jour même d'une visite de Gérald Darmanin à...

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au commissariat de police de Calais, dans le Pas-de-Calais, le 15 décembre 2023 © Denis Charlet
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au commissariat de police de Calais, dans le Pas-de-Calais, le 15 décembre 2023 © Denis Charlet

Deux migrants sont morts vendredi lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche vers l'Angleterre à bord de petites embarcations et deux sont portés disparus, le jour même d'une visite de Gérald Darmanin à Calais pour défendre son projet de loi immigration.

Le premier migrant, un "homme de 30 à 35 ans", est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi au large de Gravelines dans le naufrage de son bateau pneumatique qui transportait 50 hommes, sept femmes et deux enfants, selon le parquet de Saint-Omer. Deux personnes sont également portées disparues dans ce naufrage. 

Le second, retrouvé inanimé sur une plage de Sangatte (Pas-de-Calais) vendredi matin après une tentative de traversée avortée, a été déclaré mort à la mi-journée, selon une source policière. Il s'agit "probablement" d'un homme de nationalité soudanaise, selon cette même source.

"Les causes exactes de la mort" ne sont pas encore connues, a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer, qui a ouvert une enquête pour "homicide involontaire". Selon cette source, "un groupe de 70 migrants est parti en mer avec un +small boat+, mais l'embarcation est revenue sur la plage" aux alentours de 7H00.

D'après le décompte de la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar), huit personnes étaient mortes en mer dans la zone depuis le début de l'année avant ces deux décès.

Un drame

"C'est évidemment un drame, on voit bien que là nous parlons de femmes, d'hommes, d'enfants, qui sont utilisés par des passeurs", a réagi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'un déplacement à Calais pour rencontrer les forces de l'ordre engagées dans la lutte contre l'immigration irrégulière, alors que seul le premier décès était connu.

Le ministre, qui a vu cette semaine l'Assemblée nationale rejeter son projet de loi sur l'immigration, a de nouveau défendu son texte, estimant que le Rassemblement national serait "le grand gagnant" d'un désaccord sur ce projet, qui doit être discuté lundi en commission mixte paritaire.

"Je crois à un accord qui se rapprocherait du texte du Sénat" durci le mois dernier par la majorité de droite, a affirmé M. Darmanin. Mais "chacun doit faire un pas".

Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté à son arrivée au commissariat de Calais pour protester contre sa politique en matière de migration, scandant "État raciste, police complice", "Darmanin dehors, Macron démission", ont constaté des journalistes de l’AFP.

Une dizaine d'associations d'aide aux migrants ont dénoncé dans un communiqué commun une visite destinée "de nouveau à la promotion de la politique répressive et harcelante contre les personnes exilées" à Calais.

Disparus

Les recherches pour retrouver les deux personnes disparues dans le naufrage au large de Gravelines ont été interrompues vendredi à la tombée de la nuit, selon le procureur de Saint-Omer Mehdi Benbouzid.

Un homme soupçonné d'être "un des deux pilotes du bateau" a été placé en garde à vue, a-t-il ajouté. 

Selon la Prémar, l'embarcation, dont l'un des boudins était "dégonflé", s'est trouvée en difficulté "à moins de huit kilomètres des côtes".

Les deux derniers décès de migrants dans la Manche remontent au 22 novembre, quand un homme et une femme sont morts dans le naufrage de leur embarcation. 

Quelques jours plus tard, un homme avait été découvert mort sur une plage du Pas-de-Calais. Des vérifications sont menées pour déterminer s'il s'agit d'une troisième victime du même naufrage.

Le 12 août, six Afghans étaient décédés dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui du 24 novembre 2021, qui avait coûté la vie à au moins 27 migrants.

Depuis les années 1990 et après la fermeture en 2002 d'un centre de la Croix-Rouge à Sangatte, des centaines d'exilés vivent dans des tentes et des abris de fortune à Calais ou Dunkerque dans l'espoir de rallier l'Angleterre.

Quelque 29.000 migrants sont parvenus à traverser la Manche sur de petites embarcations depuis le début de l'année, contre 44.000 l'an dernier à la même date, avait indiqué le 4 décembre la préfecture du Nord. 

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