Micro-entrepreneurs : Le blues et la colère
Les enquêtes de conjoncture de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs et micro-entrepreneurs (Fnae) se succèdent et se ressemblent depuis la sortie du confinement. La reprise d’activité est loin d’être effective. Cette typologie d’entrepreneurs demande au gouvernement la réouverture du fonds de solidarité pour les auto-entrepreneurs exclus depuis juillet dernier.
69 % des micro-entrepreneurs de l’Hexagone ont repris leur activité mais à un niveau faible (avec un chiffre d’affaires inférieur à 50 % de sa valeur habituelle) ! Triste constat établi par la Fédération nationale des auto-entrepreneurs et micro-entrepreneurs (Fnae) dans sa cinquième enquête de conjoncture parue au début du mois d’octobre (source : sondage les auto-entrepreneurs face au coronavirus). «Si les pouvoirs publics ne réagissent pas, les défaillances d’entreprises seront très importantes sur la fin 2020 et au début de l’année 2021 », assure cette fédération. «Certes, les aides offertes au printemps ont permis de maintenir à flot de nombreuses structures, mais le redémarrage ne s’est pas fait dans les conditions espérées. Le niveau d’activité est faible ce qui ne permet pas à la grande majorité de survivre à court terme, ni même de faire face aux cotisations appelées dans les mois qui viennent», assure Grégoire Leclercq, le président de la Fnae. Histoire de faire connaître leur situation, la Fnae a réalisé une série de portraits vidéo d’auto-entrepreneurs.
Courrier à Bruno Le Maire
«Ces exemples sont révoltants. Nous avons le cas de Danielle, 60 ans, artisan depuis 20 ans qui se retrouve au RSA ou celui d’Axelle, praticienne en hypnose dont le chiffre d’affaires a fondu de 80 %. Ou encore Fanny, directrice de projets dans l’événementiel qui vit une situation évocatrice : le secteur est théoriquement aidé mais elle n’est pas éligible au fonds de solidarité.» La gangrène semble donc se propager inexorablement. Après avoir rencontrer Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des PME, la fédération vient de cosigner fin octobre, avec une trentaine de fédérations d’indépendants, un courrier adressé à Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance. En ligne de mire de leur mobilisation : la réouverture du fonds de solidarité pour les auto-entrepreneurs. «Le fonds de solidarité est devenu le privilège d’un petit nombre d’entre eux (9 % en bénéficient actuellement quand 67 % sont en dessous de la barre des 50 % du chiffre habituel et que 69 % estiment en avoir besoin.» D’après les différentes enquêtes publiées par cette fédération, l’activité apparaît tout simplement en berne et les projections pour le quatrième trimestre sont des plus sombres. À la question : quel pourcentage de votre CA habituel pensez-vous pouvoir facturer au mois d’octobre-novembre-décembre 2020 ? Ils sont 72 % à affirmer être probablement en dessous de la moitié du CA habituel. D’après la Fnae, ce sont près de 250 000 entreprises qui pourraient disparaître à court terme si le fonds de solidarité n’est pas rouvert à toutes les activités. Quelles perspectives de reprise pour ces indépendants ? «Le contexte est très inquiétant et toute la communauté des auto-entrepreneurs laisse désormais entendre sa grogne. Les pouvoirs publics sont invités à réagir avec responsabilité dans cette crise économique qui s’amorce.» Les semaines à venir seront décisives pour les quelque 800 000 auto-entrepreneurs aujourd’hui privés du fonds de solidarité.