Industrie
Michelin-Golbey en mode Zen...
Zen pour Zéro émission nette de CO2. L’usine Michelin de Golbey vient d’investir3,5 M€ pour la mise en place de nouvelles installations d’apport énergétique pour son process de fabrication de renforts métalliques à destination des pneumatiques du groupe. Cette mise au vert énergétique entre dans une stratégie globale de transformation en vue d’une performance optimale.
![© Johann Marin-Thiery. «Le projet Zen n’est qu’une partie de notre recherche de performance durable», assure Matthieu Couffin, directeur du site de Golbey de Michelin depuis décembre dernier.](/thumbs/1368×1026/articles/2025/01/Michelin-4.jpg)
Elles sont là, alignées en mode veille prêtes à démarrer pour répondre aux besoins en énergie entrant dans le process de production. Ces trois chaudières à condensation eau chaude de 650 kW chacune sont l’un des maillons du projet Zen réalisé par le constructeur de pneumatique Michelin sur son site de Golbey. Zen, pour Zéro émission nette de CO2. Une étape déterminante entrant dans le programme général de transformation lancé en 2021.
Nom de code : Mouv’Ugo. «L’usine se transforme pour mieux performer», assure Matthieu Couffin, le nouveau directeur du site vosgien de Michelin depuis la mi-décembre. «Une performance durable, pour les personnes, pour la planète et pour notre développement économique.» Lancé par son prédécesseur, Bertrand de Solages, ce plan vise à positionner l’usine vosgienne en cohérence avec la stratégie européenne de son secteur d’activité et lui donner une mission claire, dans la durée au niveau des performances requises. «Tout s’est opéré avec une implication forte des collaborateurs. Douze groupes de travail ont été mis en place où cent vingt personnes volontaires ont participé pour élaborer une véritable feuille de route en matière de sécurité, d’engagement, d’organisation du travail ou encore de la place de la digitalisation dans notre activité.» Zen s’affiche comme le volet «performances dites durables pour la planète», comme l’assure Mathieu Couffin.
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© Johann Marin-Thiery. La pompe à chaleur process de marque Trane, développée dans le cadre du projet Zen, affiche une puissance de 635 kW.
«Notre site a besoin de source d’énergie pour la production d’eau chaude pour notre process de fabrication de renforts métalliques pour les pneumatiques du groupe. Il a également besoin d’une source d’énergie pour le chauffage de nos locaux et de nos ateliers en hiver.»
Adieu vapeur ou presque
L’usine de Golbey produit 65 000 tonnes par an de renforts métalliques via un process précis. «Notre mission est de réduire un fil métallique de 5,5 mm à différents diamètres, dont le plus petit est de 12/100 mm. En gros, vous passez d’un fil d’un diamètre de la taille d’un crayon à un fil de l’épaisseur d’un cheveu.»
Ces renforts métalliques sont des éléments majeurs dans la composition d’un pneumatique. Ils représentent dix pour cent du poids d’un pneu. «Vous prenez l’exemple d’un pneu de poids lourd, il contient environ 44 km de câble.» L’apport énergétique pour mener à bien le process de production était auparavant réalisé par deux chaudières vapeur de 7 bar alimentées en gaz naturel et installées depuis les origines de l’usine vosgienne en 1968. «Au tout début, le fuel lourd était même utilisé», assure Christophe Leplat, animateur performance Énergie et Eau de l’usine de Golbey. Changement radical aujourd’hui, quelques décennies après !
À l’instar de la
quasi-totalité des industriels, la recherche de l’amélioration de
son efficacité énergétique et de son empreinte carbone, entraîne
Michelin à mettre en place de nouveaux modes de production d’énergie
sur ses sites de production. À Golbey, pour devenir un site Zéro
émission nette de CO2, la stratégie adoptée s’articule autour de
trois axes.
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© Michelin-Golbey. L’ensemble des ateliers est aujourd’hui chauffé d’une manière totalement décarbonée.
«Nous avons fait le choix de la récupération de chaleur fatale, de remplacer le gaz naturel par de l’électricité verte et d’arrêter la vapeur sur le site comme fluide caloporteur», explique Christophe Leplat.
Phase d’optimisation en vue
À côté des trois chaudières à condensation eau chaude, viennent s’ajouter deux pompes à chaleur. Une, d’une puissance de 635 kW pour assurer la fourniture d’énergie pour la partie process et une deuxième de 1 500 kW pour la production de chaleur pour les bâtiments et ateliers. Trois réchauffeurs électriques sont également présents pour permettre d’atteindre une certaine température entrant dans le process que les pompes à chaleur ne peuvent fournir. Une chaudière vapeur électrique de 120 kW vient d’ajouter à ce parc machine énergétique.
Elle était nécessaire pour permettre d’alimenter une de nos machines de lavage fonctionnant encore à la vapeur.» Le tout additionné à un automatisme de régulation et supervision. 3,5 M€ d’investissement et seize mois de travaux plus tard, les nouvelles installations énergétiques du site vosgien tournent.
«Tout au long de cette année, nous allons collecter des données et voir l’efficience des installations pour ensuite entrer dans une phase d’optimisation», confie l’animateur performance Énergie et Eau de l’usine de Golbey devant l’une des imposantes pompes à chaleur.
«Avec la mise en place du programme Zen, nous pouvons dire que nous avons atteint nos objectifs en améliorant notre efficacité énergétique et notre empreinte environnementale de l’ordre de 5 %», assure Matthieu Couffin.
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© Johann Marin-Thiery. Le projet ZEN a nécessité un investissement de 3,5 M€.
«Toute l’électricité du site est couverte par des certificats de garantie d’origine renouvelable et depuis septembre dernier, un contrat de fourniture de biométhane est établi avec notre fournisseur de gaz.»
Un passage au vert qui se veut réussi mais surtout contrôlé et validé, notamment par le groupe Michelin via sa direction EEECO2 et une étude externe réalisée par le groupe d’ingénierie Artelia, histoire de ne pas être catalogué de greenwashing. Les prochaines étapes dans cette quête continue d’amélioration environnementale.
«Une de nos nouvelles priorités est de réduire notre consommation d’eau importante dans notre process. L’ambition est de la diminuer de moitié. Un autre chantier sera celui de parvenir à se fournir et à consommer un maximum d’acier recyclé pour la réalisation de nos renforts métalliques.» La transformation continue sur le site vosgien.
Matthieu Couffin, le performeur
Performance
durable pour les personnes, la planète et le développement
économique ! C’est le triptyque de Matthieu Couffin, le nouveau
directeur du site de Golbey de Michelin. Produit pur jus du groupe de
pneumatique, il le rejoint à sa sortie d’études en 2007 en tant
que responsable d’îlot au Puy-en Velay. Quatre ans plus tard, il
devient responsable d’exploitation MBB et démarre un nouveau
procédé sur l’usine du Puy. En 2013, il rejoint le site de
Gravanches en qualité d’Advisor Progrès.
En 2023, il
devient responsable amélioration de la performance industrielle à
Clermont-Ferrand. En décembre dernier, il prend la direction du site
de Golbey.