Mercier & Cie tente de réduire les frais liés aux enchères publiques
Société civile professionnelle (SCP) de commissaires-priseurs judiciaires et opérateur de ventes volontaires lilloise, Mercier & Cie inaugure les «ventes en duplex» et développe les enchères en ligne.
Une centaine de camions dont 90% adjugés. Chez Mercier & Cie, l’une des dernières opérations de vente aux enchères publiques s’est déroulée le 15 avril dernier sur l’un de ses sites à Vendeville. Me Daniel Thullier, patron de cette société civile professionnelle de commissaires-priseurs judiciaires était encore aux commandes avec le légendaire marteau. Le 15 avril dernier, une «vente en duplex» a été organisée dans le cadre de la liquidation judiciaire depuis une entreprise près de Douai. «Les enchères étaient prononcées à la fois sur place dans l’entreprise et à Vendeville où les lots étaient adjugés, explique Me Daniel Thullier. Ceci a permis au matériel en panne et vétuste de ne pas être déplacé et a surtout permis de bénéficier de la participation d’acheteurs qui ne seraient pas venus uniquement pour cette petite vente.» C’est la «répétition générale» d’un système de vente que cette étude lilloise compte mettre en place dès la rentrée prochaine : les ventes aux enchères publiques avec limitation des frais.
Ce sont les tribunaux de commerce qui mandatent les commissaires-priseurs judiciaires pour vendre aux enchères publiques les actifs d’une entreprise en liquidation judiciaire. L’objectif de ces ventes : rassembler suffisamment de fonds pour alimenter en priorité les caisses du régime des garanties des salaires (AGS), ensuite seulement payer les créanciers chirographaires, c’est-à-dire les fournisseurs à qui l’entreprise doit de l’argent. Si pour les dossiers importants, les frais pour parvenir à la vente (transports, publicité, gardiennage, délivrance des lots) pèsent peu sur le produit de la vente, il n’en est pas de même pour les petites ventes judiciaires. L’objectif des «ventes en duplex» est «de supprimer les frais de transport, de grouper la publicité et d’éviter les déplacements de personnels». L’économie «peut être considérable» sur les 70% des procédures collectives qui présentent un actif réalisable de moins de 2 000 €. Les officiers ministériels que sont les commissaires-priseurs se rémunèrent sur les commissions payées à hauteur de 12% et 5%, respectivement par l’acheteur et le vendeur, sur le montant de la vente. Dans les cas de dossiers impécunieux avec peu d’actifs à vendre et qui se traduisent par un «manque à gagner», généralement l’Etat indemnise le commissaire-priseur. Mais Mercier & Cie s’est fait le point d’honneur «depuis 40 ans de ne jamais rien réclamer à l’Etat, même en cas de dossiers impécunieux».
Sur la centaine de camions mis aux enchères le 15 avril dernier, seuls 20% concernaient les ventes judiciaires, le reste relevant d’opérations de ventes volontaires (OVV). En réalité, Mercier & Cie comprend trois activités : la vente de mobilier et d’objets d’art ; la vente d’automobiles ; l’expertise et l’inventaire de sociétés en difficulté. Cette dernière activité à laquelle sont liées les ventes judiciaires connaît un certain essor dans le contexte actuel de crise. C’est aussi pour limiter les frais inhérents aux ventes que l’étude a pris le virage du numérique avec le développement des ventes en ligne. Un tiers des ventes réalisées le 15 avril l’ont été sur Internet. Le marché de l’étude dépasse ainsi les frontières de l’Hexagone.